Une société civile internationale visionnaire

18.7.2022
Article politique
Du 5 au 15 juillet, la communauté internationale s'est réunie à New York pour le Forum politique de haut niveau sur le développement durable. Nous faisons le point.

Le Forum politique de haut niveau sur le développement durable (FPHN) s'est achevé vendredi dernier. Les États membres de l'ONU se sont réunis du 5 au 15 juillet sur le thème « Building back better from the coronavirus disease (COVID-19) while advancing the full implementation of the 2030 Agenda for Sustainable Development ». Le contexte est plus qu'évident : avec les répercussions mondiales de la pandémie et de la guerre en Ukraine, la réalisation des objectifs de développement durable (ODD) s'est éloignée. La Suisse a présenté son rapport national, et donc l'état de la mise en œuvre de l'Agenda.

Des mots clairs du secrétaire général de l'ONU

Les multiples crises auxquelles la communauté internationale doit actuellement faire face sont également omniprésentes au FPHN : guerres, crises sanitaires, crise climatique, crise de la faim, crise de la biodiversité, inégalités croissantes et mise en danger de la marge de manœuvre de la société civile. Dans son discours d'ouverture, le secrétaire général de l'ONU António Guterres a donc appelé les États à agir rapidement et de manière ciblée. Il a notamment appelé à un accès équitable aux vaccins, thérapies et tests anti-covid, par une meilleure collaboration et un partage des licences entre les pays et les entreprises pharmaceutiques. Il a également fait référence à la gestion des crises alimentaire, énergétique et financière. António Guterres a parlé de la mobilisation de tous les droits de tirage spéciaux et du soutien total du Nord à la suspension de la dette (Debt Suspension Initiative). Il a clairement adressé ses propos aux pays riches : « The global financial system is failing the developing world. Although, since it was not developed to protect developing countries, perhaps its more accurate to say, the system is working as intended. So, we need reform. We need a system that works for the vulnerable, not just the powerful».

Des propos non moins clairs de la société civile mondiale

Les visions et les exigences de la société civile internationale sont tout aussi claires. Celle-ci a demandé des changements rapides et systémiques qui permettent de mettre en œuvre l'Agenda 2030 de manière exhaustive. Notamment : réaliser l'équité mondiale en matière de vaccination ; ne pas laisser les grands groupes monopoliser les semences, ce qui met en péril les moyens de subsistance d'innombrables personnes ; empêcher les flux financiers illicites du Nord ; coopérer au niveau international pour élargir la marge de manœuvre financière des pays pauvres ; réduire la surconsommation et l'empreinte matérielle des pays riches, qui se fait au détriment des pays pauvres ; et garantir l'égalité des chances et l'égalité des droits pour tous.

Et que fait la Suisse ?

Dans la présentation officielle du rapport national, la Suisse reconnaît que les transformations nécessaires à la mise en œuvre exhaustive de l'Agenda 2030 n'ont pas encore eu lieu. Mais elles sont possibles car, selon elle, les entreprises suisses considèrent la durabilité comme un modèle commercial et non comme une charge supplémentaire. – On oublie toutefois que le comportement de consommation et de production suisse n'est pas le seul à devoir être transformé. Même après la présentation du rapport national, les questions financières, commerciales et fiscales centrales restent les points aveugles de la Suisse lorsqu'il s'agit de mettre en œuvre l'Agenda 2030. La société civile suisse a tout de même été invitée à collaborer au prochain plan d'action de la Stratégie pour le développement durable.

Déclaration finale non contraignante

Dans son discours d'ouverture, António Guterres a clairement affirmé que les connaissances, la technologie et les ressources financières sont disponibles pour inverser les tendances qui nous ont initialement fait dévier de notre trajectoire. Mais qu'en est-il de la volonté politique ?

Une déclaration ministérielle a été adoptée le 15 juillet à l'issue des négociations du HLPF. Cette déclaration peut être lue comme un document exhaustif par lequel les États soulignent une nouvelle fois leur engagement en faveur de la mise en œuvre globale de l'Agenda 2030. Les prises de position après l'adoption de la déclaration ministérielle ont toutefois mis en évidence les nombreux désaccords fondamentaux qui ont marqué les négociations.

Par exemple, de nombreux États ont tenu à préciser qu'ils ne reconnaissaient pas la diversité des sexes dans la lutte contre la discrimination et qu'ils continueraient à faire uniquement la distinction entre « homme » et « femme ». Une autre préoccupation était que le droit à l'avortement ne devait pas être considéré comme une composante de la santé reproductive. Et pour finir, il a été réaffirmé que cette déclaration, tout comme l'Agenda 2030, n'était pas contraignante. « Leaving no one behind » – le principe directeur de l'Agenda 2030 – peut apparemment être interprété de différentes manières.