Après tout le battage effectué à l'occasion de la conférence sur l'Ukraine à Lugano, les diplomates suisses se taperont sans doute mutuellement dans le dos - même si les grands noms de la politique internationale ont finalement fait défaut. Rien d'étonnant à cela, puisque le ministre suisse des Affaires étrangères a lui aussi séché la conférence internationale sur la crise alimentaire à Berlin. Malgré tout, la "Déclaration de Lugano" a au moins atteint un objectif et fixé les conditions politiques pour la reconstruction démocratique en Ukraine, dans laquelle la société civile internationale et locale jouera un rôle central.
La fin de la guerre semble toutefois encore lointaine et d'ici là, la reconstruction ne pourra pas être entamée de manière globale et durable. Il faut continuer à atténuer autant que possible les conséquences dramatiques, en Ukraine comme à l'échelle mondiale. Et il y a aussi beaucoup à faire en Suisse, car sa place financière et son négoce de matières premières rendent souvent possible la conduite de la guerre et la corruption ailleurs. Justement aussi à Lugano, ce que Ignazio Cassis a brillamment occulté ces deux derniers jours.
La population veut plus de coopération internationale
La population suisse a fait preuve d'une grande solidarité envers l'Ukraine : jusqu'à présent, elle a mis à disposition près de 300 millions de francs suisses sous forme de dons aux organisations d'aide. La Suisse officielle a certes annoncé à Lugano qu'elle doublerait la coopération bilatérale pour la porter à 100 millions ; on ne comprend toutefois pas l'intention de prélever cet argent du budget actuel de la coopération internationale.
Le Parlement suisse veut consacrer deux milliards supplémentaires par an à sa propre armée à partir de 2030 ; mais pour une politique de paix globale dans le monde entier, comme le souhaite une majorité de la population, les politiques ne sont pas prêts à mettre la main à la poche. Même si le soutien à la reconstruction et à la population civile en Ukraine est important - 50 "petits millions" supplémentaires ne sont certainement pas suffisants -, il est essentiel que cet argent soit alloué en plus et ne se fasse pas au détriment des tâches tout aussi urgentes dans d'autres pays.
Un agenda trop chargé pour l'Agenda 2030 ?
Le Forum politique de haut niveau sur la mise en œuvre des Objectifs de développement durable (Agenda 2030) débute aujourd'hui à New York. Malheureusement, le président de la Confédération ne sera pas présent à cet événement important, car des choses apparemment plus importantes l'attendent. Espérons qu'il en profitera pour réfléchir à une politique de paix globale pour la Suisse et qu'il profitera de quelques jours d'été dans sa commune de résidence de Collina d'Oro, où le prix Nobel de littérature Hermann Hesse a également vécu et écrit peu après la Première Guerre mondiale :