Communiqué de presse d'Alliance Sud du 11.9.2015
Le Conseil fédéral veut financer avec l’aide au développement les contributions futures de la Suisse à la Banque asiatique d’investissement dans les infrastructures (AIIB), initiée par la Chine. Alliance Sud critique vertement cette décision. Cela signifie qu’une fois de plus des mesures visant à promouvoir les exportations se font sur le dos de la coopération bilatérale au développement et de l’aide humanitaire, dont la qualité n’est plus à prouver.
Fin août, le Conseil fédéral a mené une consultation éclair sur l’adhésion à la nouvelle AIIB. Aujourd’hui, il a déjà adopté le message définitif sur cet objet. Malgré les réserves de nombreuses organisations de développement et environnementales, il entend toujours financer ses contributions annuelles de quelque 27 millions de francs avec le budget de la coopération au développement et de l’aide humanitaire.
Alliance Sud, l’organisation de politique de développement des œuvres d’entraide suisses, considère cette décision comme totalement erronée. « Le Conseil fédéral veut adhérer au nouvel institut financier asiatique afin de créer des débouchés à l’étranger pour les entreprises suisses et de renforcer les relations diplomatiques avec la Chine », explique son directeur Mark Herkenrath. Cela n’a à priori rien à voir avec la coopération au développement.
Alliance Sud a défendu dans la procédure de consultation un financement des contributions à l’AIIB via la loi fédérale sur la promotion des exportations. Le Conseil fédéral semble en revanche s’être mis dans la tête d’affaiblir la coopération au développement et l’aide humanitaire. D’un côté, il veut déjà en 2016 – mais probablement aussi dans les années suivantes – opérer des coupes massives dans les budgets de la coopération internationale. De l’autre, il entend financer toujours plus d’activités aux effets très incertains en matière de développement.
Dans le cas de l’AIIB, on ne sait pas encore quelles directives sociales et environnementales seront instituées pour veiller à ce que les projets prévus d’infrastructure ne conduisent pas à des déplacements forcés de population ni à des dégradations écologiques. Cela n’empêche pas le Conseil fédéral de proposer un financement sur le dos des programmes bilatéraux de développement et de l’aide d’urgence, qui ont fait leurs preuves par exemple dans les crises touchant des réfugiés. Le Parlement doit rapidement corriger cette décision.