Communiqué

COP30: bilan mitigé à Belém

22.11.2025, Justice climatique

La COP30 s'est achevée aujourd'hui à Belém sur un bilan mitigé, après d'âpres négociations visant à faire progresser la justice sociale et à assurer une transition équitable vers l'abandon des énergies fossiles. La Suisse s'est engagée en faveur d'objectifs ambitieux, mais elle est elle-même à la traîne en matière de protection du climat sur son territoire et de financement de la lutte contre le changement climatique à l'étranger.

Delia Berner
Delia Berner

Experte en politique climatique internationale

+41 31 390 93 42 delia.berner@alliancesud.ch
COP30: bilan mitigé à Belém

© Alliance Sud

En ce qui concerne la sortie des énergies fossiles, le résultat est décevant ; il reflète la situation internationale difficile avec le renforcement des défenseurs de ces énergies. Le déficit de financement considérable dans les pays du Sud reste un obstacle majeur à la conclusion d'accords sur des plans de sortie plus ambitieux. Ce déficit est lié à l'injustice résultant du fait que les 10 % les plus riches de la population mondiale sont responsables de 48 % des émissions, tandis que la moitié la plus pauvre n'émet que 12 % de celles-ci, mais est la plus touchée par la crise climatique.

Grâce notamment au travail acharné de nombreux pays du Sud et de la société civile, la COP30 a toutefois réussi à adopter un mécanisme de « transition juste » visant à garantir la justice sociale dans les mesures de protection du climat. Il s'agit là d'un élément important pour rendre ces mesures socialement justes et équitables dans les années à venir. Ce mécanisme vise à soutenir les travailleurs et travailleuses, les communautés et les pays dans leurs efforts, par exemple en améliorant la coopération internationale et le partage des connaissances.

Delia Berner, experte en politique climatique internationale chez Alliance Sud, déclare :

  • « Il ne suffit pas de s'engager une fois par an à la COP en faveur de la sortie des énergies fossiles. Le Conseil fédéral doit donner la priorité à la protection du climat tout au long de l'année : dans le cadre de la décarbonisation de la Suisse, mais aussi dans les nombreux contacts diplomatiques avec les grands émetteurs. »
  • « L'accord prévoit clairement de tripler le soutien apporté aux pays du Sud pour leur adaptation au changement climatique. Pour cela, la Suisse doit mobiliser davantage de fonds publics – elle devrait de toute urgence réserver les montants correspondants provenant des recettes du système d'échange de quotas d'émission. »

Bettina Dürr, experte climat chez Action de Carême et observatrice sur place, déclare :

  • « La COP30 n'a pas réussi à concrétiser la mise en œuvre de l'objectif de financement climatique de Bakou, à savoir 300 milliards de dollars par an d'ici 2035. Les pays industrialisés n'ont pas de plan pour augmenter le financement international de la lutte contre le changement climatique, alors qu'ils en ont la responsabilité en vertu de l'accord de Paris. »
  • « La Suisse affiche certes de grandes ambitions en matière de protection du climat, mais elle occulte chaque année le fait que cela nécessite également des moyens financiers. Le Conseil fédéral s'est rendu à Belém sans avoir pris de décision sur la manière dont l'objectif financier de Bakou devait être mis en œuvre en Suisse. Nous demandons que la Suisse contribue à hauteur d'au moins 1 % aux 300 milliards de dollars par an. ».

David Knecht, expert climat et énergie chez Action de Carême et observateur sur place, déclare :

  • « Les mesures de protection du climat doivent être centrées sur les personnes. La COP30 nous rapproche de cet objectif grâce au mécanisme de transition juste. Nous devons nous en réjouir ! Dans le même temps, la communauté internationale n'a pas réussi à combler le fossé flagrant entre l'objectif de l'accord de Paris et les ambitions climatiques des États. La COP30 ne fournit pas de plan global sur la manière dont les États peuvent accélérer la mise en œuvre de mesures de protection du climat socialement équitables et financées. C'est du temps perdu. »
  • La Suisse doit désormais redoubler d'efforts pour faire avancer la mise en œuvre au niveau national afin de pouvoir envoyer des signaux positifs lors des prochaines négociations. Cela signifie également qu’elle ne doit pas compter sur les compensations à l'étranger pour réduire ses émissions nationales. Nous devons de toute urgence exploiter le potentiel de réduction au niveau national afin de faire progresser la protection du climat.

Pour plus d’informations :

Alliance Sud, Delia Berner, Experte en politique climatique internationale, tél. +41 77 432 57 46 (par WhatsApp), delia.berner@alliancesud.ch

Marco Fähndrich, Responsable médias Alliance Sud, tél. 079 374 59 73, marco.faehndrich@allliancesud.ch

Action de Carême, Bettina Dürr, Responsable du programme justice climatique, tél. +41 79 745 43 53 (par Signal ou WhatsApp), duerr@fastenaktion.ch

Action de Carême, David Knecht, Responsable du programme justice climatique, tél. +41 76 436 59 86 (par Signal ou WhatsApp), knecht@fastenaktion.ch