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Le magazine d'Alliance Sud analyse et commente la politique étrangère et de développement de la Suisse. « global » paraît quatre fois par an et l'abonnement est gratuit.
Article, Global
09.10.2017, Responsabilité des entreprises
Les associations économiques s’opposent à l’introduction d’une responsabilité civile pour violations des droits de l’homme et de l’environnement par les entreprises, en mettant en exergue les bienfaits du Point de contact national de la Suisse.
Quand les humains sount tout petits face aux machines. Photo : Dans la mine de cuivre de Mopani, propriété de Glencore, en Zambie, 4000 tonnes de minerai de cuivre sont extraites chaque jour du sous-sol.
© Meinrad Schade
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Medienmitteilung
20.08.2019, Coopération internationale, Agenda 2030
Alliance Sud critique les plans de réorientation de la coopération internationale (CI) 2021-24 du DFAE et du DEFR. Les objectifs de la coopération internationale devraient être résolument alignés sur l'Agenda 2030 des Nations Unies.
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Communiqué
06.05.2020, Agenda 2030
Plus de 25 organisations de la société civile suisse, dont Alliance Sud, appellent la Suisse officielle à s'engager au niveau international pour lutter contre la pandémie de Covid 19 et ses conséquences, en particulier dans les pays les plus pauvres.
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Communiqué par Plateform Agenda 2030
24.01.2024, Agenda 2030
Le Conseil fédéral a adopté aujourd’hui son plan d’action 2024-2027 dans le cadre de la Stratégie de développement durable 2030. Il constate d’emblée que l’application de cette stratégie est trop lente. Mais au lieu de mesures concrètes pour accélérer les réalisations nécessaires, le plan d’action se perd dans de nouveaux travaux de fond. Pour la Plateforme de la société civile Agenda 2030, c’est évident : nous en savons assez pour agir !
Les rapports du Conseil fédéral se répètent ces dernières années: la biodiversité se dégrade en Suisse, la pauvreté augmente à nouveau, notre consommation des ressources dépasse les limites planétaires.
Publié ce jour, le rapport intermédiaire sur la mise en œuvre de la Stratégie pour le développement durable 2030 confirme ces constats encore une fois. Son contenu est clair : beaucoup d’objectifs établis ne seront pas atteints dans les six ans prévus. Le rapport souligne le besoin d’agir pour réduire la pauvreté et les inégalités, encourager l’économie circulaire, renforcer la politique climatique et restaurer la biodiversité en particulier. Il relève des mesures qui ne sont toujours pas prises. Ainsi, il serait possible de prolonger la durée d’usage des produits grâce à l’écoconception et à la réparabilité. Le rapport mentionne les effets négatifs des subventions qui nuisent à la biodiversité et confirme le besoin de réduire l’énergie consommée dans les secteurs de la construction et de la mobilité.
La déception guette pourtant celles et ceux qui s’attendent à voir ces options figurer au plan d’action 2024-2027, aussi adopté ce jour et qui doit accélérer dans les quatre ans l’application de la Stratégie de développement durable 2030. « L’administration sait exactement où il faut agir. Mais il manque au Conseil fédéral la volonté politique de prendre des mesures efficaces dans ces domaines », précise Pierre Zwahlen, président de la Plateforme Agenda 2030.
En revanche, le plan d’action aborde un point faible du rapport intermédiaire, qui concerne nos biens importés. « Le rapport du Conseil fédéral se focalise trop sur notre empreinte écologique en Suisse. Or, notre empreinte à l’étranger est déjà plus importante que celle en Suisse », explique Eva Schmassmann, directrice de la Plateforme. Une mesure judicieuse du plan d’action entend étudier les effets de notre consommation ou de notre alimentation à l’étranger – et faire des propositions pour diminuer les retombées négatives là où celle-ci est produite. Par ailleurs, la Plateforme soutient la création d’un réseau pour la participation sociale, culturelle et politique, qui favorise la cohésion sociale et des processus participatifs.
La Plateforme Agenda 2030, qui regroupe plus de 50 organisations de la société civile, est satisfaite que le rapport intermédiaire intègre des publications externes à la Confédération dans son analyse. Pour réaliser le plan d’action, la Plateforme souligne à son tour la nécessaire collaboration avec les cantons, les communes et la société civile. La durabilité est un défi qui implique l’ensemble de la société et que les actrices et acteurs ne sauraient relever seuls.
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Perspective Sud
12.12.2023, Autres thèmes
La lenteur caractérise le processus d'indemnisation des victimes du « Genocost » en République Démocratique du Congo, qui se compte selon certaines estimations officielles en dizaine de millions de morts.
Une personne déplacée attend sur un site d’enregistrement pour les personnes déplacées
fuyant le conflit dans la province du Kasaï, en 2017 à Gungu.
© John Wessels / AFP
par Caleb Kazadi, correspondant de Justice Info à Kinshasa (RDC).
Après trois décennies de violences, le nombre de victimes sur l’étendue de l’immense République Démocratique du Congo est aussi massif que difficilement quantifiable. Certaines estimations officielles évoquent jusqu’à 10 millions de morts causés par ce « Genocost », c’est-à-dire les crimes commis par appât du gain. Plusieurs dizaines de milliers de femmes ont été victimes de violences sexuelles à différentes périodes du conflit, et ce dans de nombreuses régions de la RDC touchées. En 2020, le conseil des ministres présidé par le Président de la RDC M. Tshisekedi, a souligné l’importance de soutenir le processus et les mécanismes de la justice transitionnelle en vue d’établir les responsabilités, de rendre la justice et de permettre la réconciliation. Trois ans plus tard, les victimes attendent toujours un début de réparations.
Mimie Witenkate, une des membres fondatrices de la Plateforme d’action des jeunes Congolais (CAYP, Congolese Action Youth Platform) appelle le gouvernement à veiller à l’application des recommandations du Rapport Mapping, une enquête menée par l’Onu qui a documenté les violences perpétrées en RDC entre 1993 et 2003. Ses conclusions ont mis notamment en cause trois pays voisins : le Burundi, le Rwanda et l’Ouganda. Engagée dans la Journée Commémorative du Génocide Congolais, cette activiste souligne qu’« on ne sait pas réparer sans justice. Par rapport aux femmes qui ont été violées, on va leur donner une petite monnaie, et après ? Lorsqu’à quelques mètres, il y a les mêmes personnes qui les ont brûlées, qui ont brûlé les membres de leurs familles, que peut-il se passer ? ».
Quelques avancées peuvent toutefois être soulignées. Premièrement, en décembre 2022, le pays s’est doté d’une nouvelle loi portant sur la protection et la réparation des victimes de violences sexuelles liées aux conflits, crimes contre la paix et la sécurité de l'humanité. Cette loi doit permettre de « réprimer les violences et protéger plus que jamais nos populations contre la résurgence de telles atrocités », assure la Première Dame, Denise Nyakeru Tshisekedi, marraine du texte.
Ensuite, la RDC s’est équipée de deux établissements publics chargés des réparations des victimes de crimes graves. Il s’agit du Fonds spécial de réparation de l’indemnisation aux victimes des activités illicites de l’Ouganda en République démocratique du Congo, le FRIVAO, et du Fonds national des réparations des victimes des violences sexuelles liées aux conflits et des victimes des crimes contre la paix et la sécurité de l’humanité, le FONAREV. Le FRIVAO, créé en mai 2023, s’occupe des victimes de la guerre de six jours à Kisangani, au nord-est de la RDC, en 2000, où les forces ougandaises étaient engagées. Le second s’intéresse aux victimes d’autres crimes graves commis depuis 1993.
Le cas du FRIVAO est un exemple éloquent de la lenteur qui caractérise ce processus d’indemnisation des victimes. En septembre 2022, l’Ouganda s’est acquitté du premier versement des réparations pour les dommages causés à son voisin congolais, soit 65 millions de dollars, conformément à l’arrêt de la Cour internationale de justice sur le différend qui opposait les deux pays. Près d’un an plus tard, rien n’a été déboursé. Alors qu’il est censé être basé à Kisangani, le FRIVAO se contente pour l’heure d’un bureau de relais dans les locaux du palais de justice de Kinshasa.
L’établissement FRIVAO ne dispose pas de fonds dédiés à son fonctionnement. Or, la totalité de l’argent ougandais est destiné exclusivement aux victimes, il ne serait donc pas possible d’affecter un centime à autre chose, explique une source proche du dossier. Le compte rendu du conseil des ministres du 18 août dernier indique cependant que « l’affectation du premier paiement de 65 millions USD effectué par l’Ouganda en septembre 2022 », qui était « logé dans le compte transitoire venait d’être actionné ». L’élaboration d’un plan stratégique de justice transitionnelle est en cours. Ce document devrait servir de boussole à toute action de justice transitionnelle, explique Joseph Khasa, conseiller du Ministre des droits humains en charge des questions de justice transitionnelle.
Le Fonds national des réparations des victimes des violences sexuelles FONAREV fait face, lui, à un problème différent de financement. Un montant initial de 100 millions de dollars avait été proposé pour cet établissement public mais il n’est pas effectif. D’après la loi créant le FONAREV, son financement doit provenir notamment de la redevance minière ou de contributions extérieures – bailleurs de fonds, organisations internationales et philanthropiques. Mais le Fonds ne communique aucune information sur ces apports extérieurs, ni sur son budget en général. Mi-août, le gouvernement a néanmoins promulgué un décret précisant les modalités de recouvrement et de répartition de la redevance minière. Le texte confirme la part de 11% allouée au FONAREV. Cela pourrait représenter une somme remarquable, puisque cette redevance minière génère plusieurs centaines de millions de dollars de revenus chaque année.
Justice Info est un média de la Fondation Hirondelle qui couvre l’actualité des initiatives de justice dans les pays confrontés aux violences les plus graves : crimes contre l’humanité, crimes de guerre, génocides etc. Multiforme et en constante évolution, la justice transitionnelle constitue un moment essentiel pour qu’un peuple puisse se reconstruire. « Pour être rendue, la justice doit aussi être vue », tel est le leitmotiv de la rédaction en chef de Justice Info, composée de journalistes spécialisés jouissant d’une crédibilité incontestable sur la scène internationale. Le rôle de Justice Info est de rendre accessibles et compréhensibles tous ces processus. Il s’agit de démocratiser cette justice transitionnelle, de la rendre populaire dans sa lecture au sens large du terme, et de permettre ainsi qu’un dialogue se crée entre ses acteurs et ses bénéficiaires naturels.
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Derrière les gros titres
12.12.2023, Autres thèmes
Lorsqu’en août dernier Bernardo Arévalo remporte les élections présidentielles au Guatemala, c’est la sensation et une énorme surprise. Arévalo porte l'espoir des opprimés, des pauvres et des indigènes. Mais cet espoir est de courte durée.
© Karin Wenger
par Karin Wenger
Nous avons du mal à nous habituer aux armes. Même dans le chantier naval de la localité de Rio Dulce, où nous préparons depuis début août notre voilier pour le Pacifique, elles sont omniprésentes. Les riches, qui abritent ici leurs vedettes et arrivent en hélicoptère le week-end pour des virées sur le lac, portent leurs pistolets dans des holsters par-dessus leur maillot de bain. Leurs armes les accompagnent même lorsqu'ils montent sur leurs scooters des mers. Une fois, une fusillade a éclaté dans la petite cité. Et lors d'une fête populaire agrémentée d’un rodéo et tenue en l'honneur d'un saint, les hommes promènent leurs armes comme les femmes leurs sacs à main.
Quel est ce pays où la violence s'affiche avec autant de naturel ? Un pays au passé violent. Pourtant, l'histoire du Guatemala aurait pu être bien différente, car 1945 a marqué le début d'un bref printemps démocratique. Juan José Arévalo a été élu président lors des premières élections libres du pays. Il promit des réformes agraires, davantage de justice sociale et la fin des structures semi-féodales. Il allait en outre faire du Guatemala une nation indépendante. De facto, le pays était alors une colonie américaine sous le contrôle de la United Fruit Company. Celle-ci possédait notamment d'immenses terres sur lesquelles elle cultivait des bananes. Le pays était une « république bananière » au sens propre du terme et devait le rester. Le gouvernement d'Arévalo a certes pu déjouer plusieurs tentatives de coup d'État, mais le 18 juin 1954, une petite armée en exil épaulée par la CIA a renversé le successeur d'Arévalo. Juan José Arévalo s'est alors enfui en exil. Au Guatemala, les dictatures militaires se sont ensuite succédé. Les États-Unis s’en sont bien accommodés et ont assisté à l'assassinat ou à la disparition de près de 250 000 Guatémaltèques, pour la plupart des indigènes, pendant la guerre civile de 1960 à 1996.
La guerre civile a beau être terminée depuis longtemps, le Guatemala est aujourd’hui encore l'un des pays où le nombre d'assassinats politiques est le plus élevé. Les indigènes, les défenseurs des droits humains, les activistes environnementaux et les journalistes continuent de craindre pour leur vie s'ils profèrent des critiques. Carlos Ernesto Choc, un journaliste indigène maya q'eqchi de 41 ans, ressent cette répression dans sa propre chair depuis qu'il a révélé un scandale environnemental au lac Izabal en 2017. À l'époque, le lac s’était teinté de rouge, pollué par les eaux usées de la mine de nickel Fénix. Elle appartient à une filiale du groupe Solway, enregistrée à Zoug. Lorsque les pêcheurs ont commencé à protester contre les exploitants de la mine, le gouvernement a dépêché la police sur place. Carlos Ernesto Choc était présent lorsque des policiers ont tué Carlos Maaz, un pêcheur prenant part aux manifestations. Il a publié ses photos et relaté toute l'histoire. Depuis, il est harcelé par la police et criminalisé par le gouvernement, qui le submerge de plaintes pour diffamation. Il a vécu dans la clandestinité pendant plus d'un an pour prévenir son arrestation. Nous nous rencontrons à Rio Dulce, près de son village natal d’El Estor, au bord du lac Izabal. « Pendant la dictature militaire, ils ont instillé la peur en nous. Ils nous ont dit, à nous les indigènes, que nous étions des sauvages et qu'en fait nous n’existions pas. L’élite corrompue de notre pays ne s'attendait pas à ce que nous survivions et nous nous défendions contre l'injustice, l'oppression et le pillage qu’elle faisait de la nature. »
Le Guatemala compte près de 17 millions d'habitants. Plus de la moitié d'entre eux vivent dans la pauvreté et les indigènes sont aujourd'hui encore traités comme des citoyennes et des citoyens de seconde zone. La corruption est si répandue que le Guatemala a récemment reculé à la 150e place sur 180 dans l'indice de corruption de Transparency International. Il n'est donc pas étonnant qu’on dise des puissants du pays, qui tirent les ficelles de la politique, de l'économie, de la justice, de la police et de l'armée depuis des décennies, qu’ils composent « le pacte des corrompus ».
Lorsque Bernardo Arévalo remporte le second tour de l'élection présidentielle en août dernier, ce sont les membres de ce pacte qui se mettent particulièrement en colère, car ils doivent désormais craindre pour leurs prérogatives. Âgé de 64 ans, Bernardo Arévalo est le fils du premier président démocratiquement élu et promet, comme son père jadis, de lutter contre la corruption et d'instaurer la justice sociale. Alors que les Américains combattaient Juan José Arévalo voilà quatre-vingts ans, ils accueillent aujourd’hui son fils à bras ouverts dans l’espoir qu’il créera des emplois et mettra ainsi fin au flux de migrants prenant le chemin des États-Unis. En politique, tout tourne toujours autour de ses propres intérêts. L'élite guatémaltèque voit les siens menacés aujourd’hui et a donc tenté, appareil judiciaire en renfort, d'annuler la victoire d'Arévalo pour l’empêcher de prendre ses fonctions en janvier 2024. Mais la pression de l'étranger et des villages est forte, et l'establishment politique n'a donc réussi, jusqu'ici, qu'à suspendre le parti d'Arévalo, le Movimiento Semilla (le mouvement des semences), avec l'aide du ministère public. Arévalo parle d'un coup d'État « au ralenti ». Il sait à quel point la population est en colère à ce sujet.
Depuis le début du mois d'octobre, les indigènes, les travailleuses et les travailleurs, les responsables syndicaux et celles et ceux qui se sentent dépossédés de leur voix érigent des barrages routiers dans tout le pays. Ils exigent le départ des procureurs corrompus, afin que leurs espoirs d'obtenir plus de droits et de justice ne soient pas étouffés dans l'œuf. Le principal pont d'accès à Rio Dulce est également bloqué. « Nous en avons assez d'être pauvres », chante l’un des manifestants sur le pont. « À bas les corrompus », peut-on lire en gros caractères sur une affiche. Après quelques jours, il n'y a plus de fruits, de légumes, de farine ou de sucre dans les supermarchés et sur les étals des marchés. Les distributeurs de billets sont vides, les stations-service sont à court de carburant. Les prix des denrées alimentaires prennent l’ascenseur. Le 16 octobre, le premier manifestant est abattu, ce qui ne semble étonner personne. Comme si tout le monde s'était habitué depuis longtemps à la violence.
Le journaliste indigène Carlos Ernesto Choc ne se focalise pas sur la violence, mais sur l'espoir : « C'est un moment historique. Pour la première fois, nous, les différents groupes indigènes, les métis, les activistes et les syndicats, sommes unis contre le gouvernement. Nous en avons tous assez de son système corrompu et discriminatoire ». C'est pourquoi de nombreux barrages routiers restent en place pendant des semaines et les gens continuent à manifester. « C'est uniquement de cette manière qu'ils pourront enfin nous écouter, ne plus dire que nous n'existons pas et que nos voix comptent pour beurre. Ils ne peuvent plus nous ignorer ».
© Karin Wenger
De 2009 à 2022, basée à New Delhi et Bangkok, Karin Wenger a été correspondante de la radio SRF pour l'Asie du Sud et du Sud-Est. Au printemps 2022, elle a publié trois livres sur son séjour en Asie. Depuis août 2022, elle navigue avec son partenaire dans les Caraïbes et rédige des commentaires sur des conflits et des événements oubliés dans le Sud global. Plus d'informations sur www.karinwenger.ch ou www.sailingmabul.com ou sur son podcast «BoatCast Mabul».
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Medienmitteilung der Koalition für Konzernverantwortung
16.06.2021, Responsabilité des entreprises
En quelques semaines, des milliers de personnes ont accepté de continuer à soutenir financièrement le travail politique de l’association afin d’instaurer une loi contraignante en Suisse sur la responsabilité des multinationales. De plus en plus d’États européens obligent leurs multinationales à respecter les droits humains – comme l’Allemagne et la Norvège la semaine dernière : la Suisse doit maintenant leur emboîter le pas.
Mine de Glencore en Colombie
© Association pour des multinationales responsables
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Communiqué
01.07.2021, Responsabilité des entreprises
40 organisations prennent position sur l’ordonnance relative au contre-projet indirect à l’initiative pour des multinationales responsables. Elles critiquent d’une même voix l’inefficacité de la proposition du Conseil fédéral.
© Initiative pour des multinationales responsables
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Communiqué
20.08.2022, Responsabilité des entreprises
Alors que les pays voisins et l’UE sont en train d’adopter des lois efficaces pour y remédier, la Suisse risque de devenir le seul pays sans responsabilité des multinationales.
© Coalition pour des multinationales responsables
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Derrières les gros titres
02.10.2023, Autres thèmes
Cuba traverse la pire crise économique depuis l'effondrement de l'Union soviétique. Pourtant, nombre de Cubaines et de Cubains ne rendent pas l'embargo américain ou la pandémie responsables de cette situation, mais leur propre gouvernement.
© Karin Wenger
par Karin Wenger
Aux aurores, début mai, nous restons stupéfaits lorsque nous approchons de Cuba : des hommes dérivent dans de gros pneus de camion à travers la baie dans laquelle se mire Santiago de Cuba. Ils tiennent une ligne de pêche dans une main et une petite pagaie dans l'autre. « Pour nous, les Cubains, il n'y a plus de carburant depuis des semaines. Les pêcheurs sont empêchés de prendre la mer, les routes sont désertes et nous n'avons presque pas de gaz pour cuisiner », explique Norbert, l’opérateur du port de la marina publique Marlin, après que nous avons amarré notre voilier à la jetée en piètre état. Jusqu'ici, Cuba recevait du carburant du Venezuela ; comme ce pays est lui-même au bord de la faillite économique, il n'en expédie plus, d’où une pénurie aiguë de carburant depuis la mi-avril. Mais à Cuba, il n'y a pas que le carburant qui manque, comme nous le constaterons bientôt : dans la marina, les portes de la petite épicerie sont closes et l'eau ne coule pas dans les douches et les toilettes ; le marché local de Santiago de Cuba ne propose qu'un peu de chou, quelques tomates, aubergines et papayes et un cochon décharné qu’un homme souhaite vendre. Le peu que l'on peut acheter est cher de surcroît, car à la pénurie s'ajoute une inflation croissante.
Cuba traverse la pire crise économique depuis l'effondrement de l'Union soviétique au début des années 90. L'embargo économique des États-Unis, en vigueur depuis 1960, soit deux ans après l'arrivée de Fidel Castro au pouvoir, en est une raison. La pandémie en est une autre. Les substantiels revenus du tourisme font défaut depuis lors et même après la fin de la pandémie, peu de touristes sont revenus sur l'île des Caraïbes. Mais les raisons sont d'ordre interne également.
« Si vous voulez changer de l'argent, n'allez pas à la banque, mais chez Pochito », nous conseille Norbert, l’opérateur du port. C'est ainsi que, peu après, nous allons faire l’expérience directe de l'inflation. Pochito est un jeune Cubain qui est aussi en mesure de procurer une voiture ou une carte SIM et de changer de l'argent à un meilleur taux. En mai, le taux de change officiel à la banque, à Cuba, était de 120 pesos cubains pour un dollar américain, alors qu'au marché noir, le taux varie entre 140 et 200 pesos. Les Cubains n'ayant pas le droit de monter à bord d'un bateau étranger, Pochito attend ses clients à l'extérieur de la marina. Il nous propose 160 pesos pour un dollar, ce qui fait 80 000 pesos pour les 500 dollars que nous voulons changer. Un ami de Pochito doit s’occuper des modalités pratiques dans la ville voisine, l’affaire d’une demi-heure, le temps de bavarder. Pochito raconte que sa sœur a épousé un plaisancier grec qui est également passé par Santiago de Cuba avec son bateau. Le Grec était certes beaucoup plus âgé que sa sœur, mais au moins, elle a ainsi quitté Cuba. Partir est finalement le vœu de chacune et chacun, car qui voudrait vivre dans un pays où il n'y a rien à acheter et aucun espoir d'un avenir meilleur ? Un des amis de Pochito vit désormais à Miami. Il l'appelle sans attendre. L'ami en question apparaît sous la forme d'une image brouillée sur un téléphone portable et raconte comment il s'est d'abord rendu au Nicaragua, l'un des rares pays dans lesquels les Cubains peuvent entrer sans visa. Là, il aurait engagé un passeur qu'il aurait payé 9 000 dollars dans l'espoir qu'il l'emmène jusqu'aux États-Unis. Mais au Mexique, il a été capturé par un gang qui ne l'a laissé partir qu'après avoir extorqué encore plus d'argent à lui et à ses proches. Il est maintenant à Miami, travaille dans le bâtiment et rembourse ses dettes.
Les vingt minutes sont écoulées sans que le changeur de devises ne réapparaisse. Il nous fait bientôt savoir qu’il doit d'abord compter l'argent et que cela prend du temps. La mère de Pochito et l'un de ses amis, un pêcheur, se joignent à nous. Vu la pénurie de diesel, le pêcheur ne va pour l’heure pas en mer. « Il y a quelques semaines, un habitant du village a voulu fuir sur une petite embarcation qu'il avait lui-même construite. On ne l'a plus jamais revu. La mer l'a probablement englouti, comme tant d'autres », lâche-t-il. Lui-même avoue qu’il ne ferait jamais une telle folie, car il sait à quel point la mer peut être cruelle. La mère de Pochito lève le poing et s’emporte : « Les gens souffrent de la faim ici parce que nous ne pouvons même plus nous offrir du riz ou des œufs ! » Chaque Cubaine et chaque Cubain reçoit certes tous les mois un quota de produits alimentaires de base à prix réduit comme l'huile, le riz, le sucre ou la farine, mais il n’y en a jamais suffisamment. Un demi-litre d'huile alimentaire par mois et par personne pour 50 pesos doit faire l’affaire ; celles et ceux qui ont besoin de plus doivent l'acheter au prix fort dans les magasins ou à quelqu'un qui vend son huile sur le bord de la route. Cela coûte alors 1 000 pesos.
Il n'y a pratiquement pas de légumes et de fruits à acheter, et ce même si les sols de l'île sont riches et les pluies abondantes. Comment est-ce possible ? En fait, il manque des engrais, des outils et un système de distribution qui fonctionne. Tant de fruits et de légumes pourrissent encore dans les fermes parce que les agriculteurs ne peuvent pas livrer leur récolte à temps aux acheteurs ou parce que le transporteur n’a pas les caisses adaptées ou les pièces de rechange nécessaires pour le camion. Alors pourquoi prendre encore la peine de cultiver ? Alors que les marchés ne proposent guère de fruits ou de légumes, les étagères des Panamericana, les magasins du gouvernement, débordent de rhum et de boîtes de conserve ; on y trouve même un aspirateur Kärcher ou un four à micro-ondes. Dans ces magasins, on ne peut toutefois payer que par carte de crédit ou en dollars, la plupart des Cubains n'ayant ni l'un ni l'autre.
Pour la situation économique difficile dans laquelle se trouvent tant de Cubaines et de Cubains aujourd'hui, Pochito, sa mère et leur ami pêcheur ne rendent pas l'embargo américain ou la pandémie responsables, mais leur propre gouvernement. « Il est horriblement mauvais. Ce sont des voleurs. Pour eux et leurs enfants, ils ont tout. Ils les envoient dans de bonnes écoles, dans les meilleurs hôpitaux, et nous alors ? », peste la mère dont le mari malade est décédé voilà un an parce que l'hôpital n’avait pas les médicaments, les seringues et le matériel chirurgical nécessaires. Pochito sort son téléphone portable et montre une vidéo. On y voit d'abord des manifestants qui scandent des slogans contre le gouvernement, puis apparaît un policier qui tire à bout portant dans le ventre d'un protestataire. La vidéo a été tournée lors d'une des manifestations qui ont eu lieu à Cuba il y a deux ans. Il s'agissait des plus grandes émeutes depuis des décennies et la colère visait le gouvernement incapable de procurer suffisamment de nourriture et de médicaments. Mais ce dernier n'a pas réagi par des réformes politiques et économiques radicales, mais par la répression. Plus d'un millier de manifestants ont alors été arrêtés — et condamnés pour certains à des dizaines d'années de prison. « Ils nous haïssent et nous les haïssons », confirme le pêcheur.
Le fait qu'aujourd'hui, malgré la répression, de nombreux Cubains et Cubaines fulminent aussi ouvertement contre leur gouvernement et que des manifestations de moindre ampleur se produisent régulièrement montre toute l’étendue de la frustration et à quel point la situation laisse toujours à désirer. L'économie socialiste planifiée a échoué, mais la vieille garde encore au pouvoir ne semble pas vouloir l'admettre, même après la mort de Fidel. C'est le peuple qui en paie le prix. Malgré cela, la Suisse prévoit de mettre fin à sa longue coopération bilatérale au développement à Cuba. En 2020, le Parlement suisse a en effet décidé de réorienter peu à peu les fonds bilatéraux destinés à l'Amérique latine vers les régions d'Afrique du Nord, du Moyen-Orient et d'Afrique subsaharienne d'ici 2024. Quand on voit la crise profonde et la détresse de la population à Cuba, on peut se demander si le moment est bien choisi.
Enfin, au bout de deux heures, le changeur de devises revient avec les pesos et je comprends tout de suite pourquoi le comptage de l'argent a pris autant de temps. Comme il n'a pas pu dénicher de grosses coupures, il nous remet les 80 000 pesos en billets de 50, un gros tas emballé dans un vieux caleçon. Avec les pesos, nous achetons du diesel pour nous et pour Pochito, le pêcheur et Norbert. Car si les Cubains n'ont pas droit au carburant, les touristes étrangers en obtiennent autant qu'ils en désirent. Le prix varie selon que l'on paie en pesos ou en dollars. Si l'on règle en pesos, 100 litres coûtent l'équivalent de 18 dollars, si l'on paie en dollars, chaque litre coûte un dollar. Cuba n’en est pas à une ineptie près.
© Karin Wenger
Karin Wenger war von 2009 bis 2022 Süd- und Südostasien-Korrespondentin von Radio SRF mit Sitz in Neu Delhi und Bangkok. Im Frühling 2022 hat sie drei Bücher über ihre Zeit in Asien veröffentlicht. Seit August 2022 segelt sie mit ihrem Partner durch die Karibik und schreibt über vergessene Themen und Weltgegenden. Mehr Informationen finden Sie unter www.karinwenger.ch oder www.sailingmabul.com
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