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Communiqué
La coopération internationale, une fois de plus instrumentalisée par la politique financière
08.12.2025, Financement du développement
Le Conseil national a approuvé hier soir des coupes budgétaires importantes dans le financement des organisations multilatérales et de la coopération au développement, ce qui aura de graves conséquences pour les populations les plus démunies de la planète. Ce faisant, le Con-seil national privilégie des considérations budgétaires à court terme au détriment du mandat constitutionnel de lutte contre la pauvreté et la misère dans le monde.
Le Palais fédéral dans un brouillard diffus pendant la session d'hiver des Chambres fédérales. © Keystone / Peter Schneider
Au moment même où débutaient les débats budgétaires du Conseil national, la Fondation Gates publiait un rapport de recherche prévoyant une hausse de la mortalité infantile à partir de 2025. Ce renversement de tendance est une conséquence directe du retrait de nombreux pays donateurs de la coopération internationale (CI) – en particulier dans le secteur de la santé. Et c’est précisément là que le Conseil national serre la bride : selon la décision budgétaire d'aujourd'hui, 30,5 millions de francs devraient être retirés en 2026 du budget de la coopération bilatérale au développement de la DDC et 28,2 millions de celui des organisations multilatérales. Cela s'ajoute aux 431 millions de francs que le Parlement avait déjà réduits l'an dernier pour la période 2025-2028.
Par cette décision, la Suisse contribue davantage à l'affaiblissement des organisations multilatérales et de la Genève internationale. Elle rejoint ainsi le cercle des pays donateurs qui financent le réarmement militaire au détriment de la CI. Le fait qu'aucun argument de fond n'ait été abordé lors du débat est particulièrement choquant – signe évident que la coopération internationale suisse est de plus en plus instrumentalisée par des considérations budgétaires à court terme.
« La Suisse doit s'engager dans la lutte mondiale contre la pauvreté et la misère, et en faveur d’un multilatéralisme fort. Il est par conséquent impératif d’empêcher toute nouvelle réduction de la coopération internationale », déclare Andreas Missbach, directeur d'Alliance Sud, le centre de compétences pour la coopération internationale et la politique de développement.
Il appartient désormais au Conseil des États de s’en tenir à sa version du budget afin de stopper le démantèlement de la coopération internationale.
Pour de plus amples informations :
Andreas Missbach, directeur d’Alliance Sud, tél. 079 847 86 48, andreas.missbach@alliancesud.ch
Communiqué
Le Soudan a besoin d'aide, et ce dès maintenant
26.11.2025, Financement du développement
Aujourd'hui, la Délégation des finances des Chambres fédérales a débloqué la moitié du crédit supplémentaire de 50 millions de francs demandé par le Conseil fédéral pour l'aide au Soudan. Alors que la population soudanaise a un besoin urgent d'aide, la seconde moitié de la contribution risque d'être affectée à la réduction de la dette de la Confédération.
Au Soudan, des millions de personnes déplacées à l'intérieur du pays vivent dans la famine, la maladie et les combats incessants. Une femme et ses deux enfants marchent dans une rue jonchée de débris dans le quartier de Shuhada (marché de l'or) de la ville soudanaise d'Omdurman. © Simon Townsley/Panos Pictures
Après que le Conseil fédéral a décidé la semaine dernière de débloquer 50 millions de francs pour la population soudanaise victime de la guerre, la Délégation des finances des Chambres fédérales a réduit aujourd'hui à 25 millions le montant pouvant être débloqué immédiatement. Les 25 millions restants doivent donc d'abord être approuvés par les deux commissions financières et les deux Chambres fédérales ; s'ils ne le font pas, les fonds seront automatiquement affectés à la réduction de la dette.
Le Soudan est actuellement le théâtre de l'une des plus grandes catastrophes humanitaires de l'histoire récente. La population locale manque de tout : nourriture, eau et soins médicaux de base. Les coupes budgétaires dans la coopération au développement, notamment chez USAID, qui fournissait auparavant plus de 40 % de l'aide humanitaire, ont encore aggravé la situation des habitants.
Les pays voisins, qui ont accueilli plus de 4 millions de réfugiés soudanais, sont également débordés. L'Égypte à elle seule en accueille plus de 1,5 million, dont beaucoup sont affamés, blessés et profondément traumatisés. « La situation des réfugiés soudanais en Égypte est catastrophique », déclare Kristina Lanz, qui s'est récemment rendue dans ce pays dans le cadre d'un voyage organisé par la Commission consultative pour la coopération internationale. « Beaucoup de personnes survivent avec un seul repas par jour, la plupart des enfants souffrent de malnutrition aiguë. En raison des coupes budgétaires, le UNHCR a dû fermer deux des trois centres d'enregistrement des réfugiés dans le pays et supprimer des programmes d'aide financière vitaux. Actuellement, l'organisation dispose encore de 4 dollars par mois et par réfugié. »
Alors que la population souffre, le commerce de l'or soudanais est en plein essor et contribue au financement des deux parties belligérantes. L'or soudanais aboutit aussi bien en Égypte que dans les Émirats arabes unis, deux pays d'où la Suisse importe de l'or. Les importations d'or en provenance d'Égypte ont même plus que doublé depuis le début de la guerre. Il est plus que probable que l'or soudanais aboutisse également en Suisse. Entretemps, la Confédération annonce des recettes supplémentaires de plusieurs centaines de millions de francs, grâce au commerce des matières premières à Genève. Une raison de plus pour débloquer rapidement des fonds en faveur de la population soudanaise.
Pour plus d'informations :
Kristina Lanz, Experte en coopération internationale chez Alliance Sud, tél. 076 295 47 46, kristina.lanz@alliancesud.ch
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Communiqué
COP30: bilan mitigé à Belém
22.11.2025, Justice climatique
La COP30 s'est achevée aujourd'hui à Belém sur un bilan mitigé, après d'âpres négociations visant à faire progresser la justice sociale et à assurer une transition équitable vers l'abandon des énergies fossiles. La Suisse s'est engagée en faveur d'objectifs ambitieux, mais elle est elle-même à la traîne en matière de protection du climat sur son territoire et de financement de la lutte contre le changement climatique à l'étranger.
© Alliance Sud
En ce qui concerne la sortie des énergies fossiles, le résultat est décevant ; il reflète la situation internationale difficile avec le renforcement des défenseurs de ces énergies. Le déficit de financement considérable dans les pays du Sud reste un obstacle majeur à la conclusion d'accords sur des plans de sortie plus ambitieux. Ce déficit est lié à l'injustice résultant du fait que les 10 % les plus riches de la population mondiale sont responsables de 48 % des émissions, tandis que la moitié la plus pauvre n'émet que 12 % de celles-ci, mais est la plus touchée par la crise climatique.
Grâce notamment au travail acharné de nombreux pays du Sud et de la société civile, la COP30 a toutefois réussi à adopter un mécanisme de « transition juste » visant à garantir la justice sociale dans les mesures de protection du climat. Il s'agit là d'un élément important pour rendre ces mesures socialement justes et équitables dans les années à venir. Ce mécanisme vise à soutenir les travailleurs et travailleuses, les communautés et les pays dans leurs efforts, par exemple en améliorant la coopération internationale et le partage des connaissances.
Delia Berner, experte en politique climatique internationale chez Alliance Sud, déclare :
- « Il ne suffit pas de s'engager une fois par an à la COP en faveur de la sortie des énergies fossiles. Le Conseil fédéral doit donner la priorité à la protection du climat tout au long de l'année : dans le cadre de la décarbonisation de la Suisse, mais aussi dans les nombreux contacts diplomatiques avec les grands émetteurs. »
- « L'accord prévoit clairement de tripler le soutien apporté aux pays du Sud pour leur adaptation au changement climatique. Pour cela, la Suisse doit mobiliser davantage de fonds publics – elle devrait de toute urgence réserver les montants correspondants provenant des recettes du système d'échange de quotas d'émission. »
Bettina Dürr, experte climat chez Action de Carême et observatrice sur place, déclare :
- « La COP30 n'a pas réussi à concrétiser la mise en œuvre de l'objectif de financement climatique de Bakou, à savoir 300 milliards de dollars par an d'ici 2035. Les pays industrialisés n'ont pas de plan pour augmenter le financement international de la lutte contre le changement climatique, alors qu'ils en ont la responsabilité en vertu de l'accord de Paris. »
- « La Suisse affiche certes de grandes ambitions en matière de protection du climat, mais elle occulte chaque année le fait que cela nécessite également des moyens financiers. Le Conseil fédéral s'est rendu à Belém sans avoir pris de décision sur la manière dont l'objectif financier de Bakou devait être mis en œuvre en Suisse. Nous demandons que la Suisse contribue à hauteur d'au moins 1 % aux 300 milliards de dollars par an. ».
David Knecht, expert climat et énergie chez Action de Carême et observateur sur place, déclare :
- « Les mesures de protection du climat doivent être centrées sur les personnes. La COP30 nous rapproche de cet objectif grâce au mécanisme de transition juste. Nous devons nous en réjouir ! Dans le même temps, la communauté internationale n'a pas réussi à combler le fossé flagrant entre l'objectif de l'accord de Paris et les ambitions climatiques des États. La COP30 ne fournit pas de plan global sur la manière dont les États peuvent accélérer la mise en œuvre de mesures de protection du climat socialement équitables et financées. C'est du temps perdu. »
- La Suisse doit désormais redoubler d'efforts pour faire avancer la mise en œuvre au niveau national afin de pouvoir envoyer des signaux positifs lors des prochaines négociations. Cela signifie également qu’elle ne doit pas compter sur les compensations à l'étranger pour réduire ses émissions nationales. Nous devons de toute urgence exploiter le potentiel de réduction au niveau national afin de faire progresser la protection du climat.
Pour plus d’informations :
Alliance Sud, Delia Berner, Experte en politique climatique internationale, tél. +41 77 432 57 46 (par WhatsApp), delia.berner@alliancesud.ch
Marco Fähndrich, Responsable médias Alliance Sud, tél. 079 374 59 73, marco.faehndrich@allliancesud.ch
Action de Carême, Bettina Dürr, Responsable du programme justice climatique, tél. +41 79 745 43 53 (par Signal ou WhatsApp), duerr@fastenaktion.ch
Action de Carême, David Knecht, Responsable du programme justice climatique, tél. +41 76 436 59 86 (par Signal ou WhatsApp), knecht@fastenaktion.ch
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Communiqué
La politique fiscale mondiale se joue désormais en Afrique
10.11.2025, Finances et fiscalité
Les négociations les plus cruciales en matière de politique fiscale se déroulent actuellement dans le Sud global, une première dans l'histoire du multilatéralisme : en parallèle à la Conférence de l’ONU sur les changements climatiques à Belém, au Brésil, des négociations sur le contenu de la nouvelle convention fiscale de l’ONU se tiendront ces dix prochains jours à Nairobi, au Kenya.
Des automobilistes passent devant le bidonville de Kibera avec en arrière-plan la silhouette du quartier Upper Hill à Nairobi.
© REUTERS/Thomas Mukoya
Les négociations de Nairobi marquent un tournant historique dans le multilatéralisme fiscal : pour plaire à leur principal ennemi, Donald Trump, les Etats membres de l’UE édulcorent encore davantage les règles de l'OCDE, déjà très timides, dans le système fiscal international. Sous la pression économique et géopolitique du gouvernement américain d'extrême droite, ils sacrifient ainsi leurs propres acquis en matière de politique fiscale, obtenus sous l'égide de l'OCDE ces 15 dernières années. À l'inverse, les pays du Sud global, sous la houlette des pays africains, font avancer la convention fiscale de l’ONU. Parce que les États-Unis, sous la présidence de Trump, ont adopté une ligne hypernationaliste et que l'UE capitule devant lui, la convention de l’ONU représente le dernier espoir pour le multilatéralisme fiscal.
L'alternative serait un retour aux règles fiscales internationales fondées uniquement sur des relations bilatérales. Cela instaurerait une loi du plus fort sans contrôle, au profit des multinationales et du fisc des grandes puissances économiques comme les États-Unis ou la Chine, ainsi que des petits États riches pratiquant le dumping fiscal comme l'Irlande ou la Suisse. Cette dernière suit logiquement avec bienveillance la poursuite de l’édulcoration des règles de l'OCDE et plaide pour une convention aussi faible que possible à l'ONU.
C'est irresponsable dans la perspective de la conférence sur le climat de Belém aussi : si l'on veut lutter efficacement contre l'aggravation de la crise climatique, il faut trouver de nouvelles sources de financement climatique international, au-delà des mécanismes établis. Au niveau mondial, celles-ci ne peuvent être accessibles de manière équitable que par le biais d'un système fiscal international fondé sur des règles négociées dans le cadre de l'ONU.
Dominik Gross, expert en politique fiscale internationale chez Alliance Sud, suit les négociations sur place avec une centaine de représentant.e.s de la société civile et déclare : « Avec sa politique de dumping fiscal, la Suisse se nuit à elle-même. Comparée au reste du monde, elle a déjà subi un réchauffement deux fois plus important, et sans contre-mesures massives et rapides, cette situation va perdurer. La population suisse a donc un intérêt légitime à ce que tous les pays disposent des ressources nécessaires pour construire une économie décarbonée. »
Concrètement, les différents articles de la convention sont au programme de Nairobi cette semaine : un objectif clé du groupe africain et des ONG est la redistribution des recettes fiscales des pays sièges des multinationales vers les pays de production et de vente. En outre, un article de la convention est nécessaire pour accroître la transparence fiscale afin de rendre visibles les transferts de bénéfices des sociétés multinationales et les avoirs offshore des riches particuliers. La semaine prochaine, les négociations porteront également sur un protocole relatif aux procédures de prévention et de règlement des différends. Elles doivent renforcer les intérêts des pays du Sud.
Pour tout complément d’information :
Dominik Gross, expert en politique fiscale chez Alliance Sud, dominik.gross@alliancesud.ch, tél. +41 078 838 40 79
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COP30 : la Suisse doit accélérer la protection du climat au lieu de la déléguer à l'étranger
06.11.2025, Justice climatique
La Conférence des Nations Unies sur les changements climatiques (COP30) s’ouvre le 10 novembre à Belém. Les nouveaux plans climatiques de la communauté internationale montrent que, dix ans après la signature de l'accord de Paris, les efforts mondiaux de protection du climat et le soutien financier aux pays les plus pauvres restent insuffisants. La Suisse doit elle aussi faire beaucoup plus à l'intérieur de ses frontières pour accélérer une transition énergétique juste et socialement responsable.
Conférence à proximité de la catastrophe : dans les environs de la COP30, les forêts tropicales, les territoires autochtones et les localités côtières souffrent depuis longtemps de la crise climatique. Affiche publicitaire pour la conférence à Belém, au Brésil. © Keystone/AP Photo/Jorge Saenz
Les données scientifiques sont sans équivoque : nous ne sommes pas sur la bonne voie. Même les objectifs climatiques nationaux récemment soumis sont insuffisants pour limiter le réchauffement global à 1,5°C. « La Conférence de l'ONU sur le climat au Brésil doit donc envoyer un signal clair : la communauté internationale est prête à changer de cap. Cela exige une sortie rapide et la plus équitable possible des énergies fossiles », affirme Andreas Missbach, directeur d'Alliance Sud.
Il faut abandonner rapidement les énergies fossiles pour freiner le réchauffement climatique et éviter des conséquences et des dommages encore plus graves. La transition énergétique doit être juste, car c'est la seule façon de garantir sa durabilité. « Elle exige l’implication des partenaires sociaux pour fermer les centrales à charbon, tout comme elle exige des partenariats avec les communautés autochtones pour protéger les forêts tropicales », explique Andreas Missbach. « Elle requiert aussi un système économique et financier plus équitable afin que davantage de pays puissent investir dans les infrastructures nécessaires ». L’expression « just transition » s'est imposée en anglais pour désigner cette transition.
Revendications d’Alliance Sud
- La Suisse doit œuvrer à l’adoption d’un plan pour accélérer l’action climatique lors de la COP30. Elle doit inciter tous les pays à renforcer les plans climatiques qu’ils ont soumis cette année afin que les efforts planétaires soient suffisants.
- La Suisse doit se fixer des objectifs plus ambitieux et prendre les mesures nécessaires pour les atteindre.
- La Suisse doit plaider pour une clarification des modalités de réalisation des objectifs de financement convenus lors de la COP29. Pour parvenir à sa juste part du financement international dans le domaine du climat, la Suisse doit contribuer à hauteur de trois milliards de dollars par an d'ici 2030.
- Lors de la COP30, la Suisse doit également s'engager en faveur d'un solide Mécanisme d’action de Belém (Belém Action Mechanism) afin de garantir que les plans et mesures climatiques soient justes et socialement responsables.
Le commerce du CO2 n’est pas la solution
Dans une nouvelle analyse, Alliance Sud et Action de Carême montrent que la compensation carbone à l’étranger pratiquée par la Suisse ne contribue pas à une meilleure protection du climat, alors même que cela constitue une condition pour le commerce du CO2 dans le cadre de l'accord de Paris. « La politique suisse veut faire des économies et externalise une partie importante de ses réductions d’émissions au lieu d’utiliser l'article 6 pour renforcer la protection du climat et promouvoir des projets technologiquement transformateurs », explique David Knecht, responsable du programme Justice climatique chez Action de Carême et co-coordinateur du groupe de travail « Ambition » auprès du Climate Action Network International. La politique et la société sont influencées par le lobby pétrolier qui utilise les fonds des compagnies pétrolières internationales pour freiner la transition énergétique en Suisse. Notre pays fait ainsi fi du sens et de l’objectif des mécanismes du marché de Paris.
--> Note : Delia Berner, experte en politique climatique internationale chez Alliance Sud, est membre de la délégation suisse officielle de négociation en tant que représentante de la société civile. Elle sera à Belém dès le 10 novembre.
Pour tout complément d’information :
Alliance Sud, Marco Fähndrich, responsable des médias,
tél. 079 374 59 73, marco.faehndrich@alliancesud.ch
Action de Carême, Bettina Dürr, experte en justice climatique,
tél. +41 79 745 43 53 (via Signal, WhatsApp ou Threema), duerr@fastenaktion.ch
--> Bettina Dürr suit les négociations sur le bilan mondial, la transition juste et le financement climatique sur place à Belém dès le 7 novembre.
Action de Carême, David Knecht, expert en justice climatique,
tél. +41 76 436 59 86 (via Signal ou WhatsApp), knecht@fastenaktion.ch
--> David Knecht suit les négociations sur l'atténuation, les CDN et les mécanismes de compensation des émissions de CO2 sur place à Belém dès le 7 novembre.
Qu’attendent nos membres de la COP30 ?
Sonja Tschirren, experte du climat chez SWISSAID
« Lors de la COP30, où les systèmes alimentaires sont au cœur des débats, il est essentiel de ne pas ignorer les populations rurales du Sud global. Elles ont besoin d’un financement climatique adéquat de la Suisse et d’un soutien pour compenser les pertes et les préjudices. C'est la seule façon de réussir la transition vers des systèmes de production agroécologiques adaptés au changement climatique. Les multinationales opérant localement doivent aussi être mises à contribution ; les marchés volontaires du carbone ne résoudront pas le problème ».
Bettina Dürr, responsable du programme Justice climatique auprès de l’Action de Carême et membre du comité de l'Alliance climatique
« Lors de la COP28 à Dubaï, les pays se sont engagés à opérer une transition énergétique pour abandonner les énergies fossiles. Or, les plans climatiques récemment soumis montrent que la sortie des énergies fossiles n'est pas encore suffisamment clairement définie. La Suisse devrait se fixer une date butoir pour la mise en œuvre de la décision de Dubaï. »
Christina Aebischer, experte du climat chez Helvetas
« Nous attendons du gouvernement suisse qu'il utilise tous les moyens à sa disposition et qu’il plaide avec conviction pour le respect de l'accord de Paris et contre l'affaiblissement de la coopération multilatérale. Il y a d'innombrables Blatten sur la planète. Notre solidarité avec les personnes qui perdent tout à cause du changement climatique et de la recrudescence des risques naturels, et qui doivent s'adapter à une nouvelle réalité, ne doit pas s'arrêter aux frontières nationales. »
Sarah Steinegger, responsable du service Politique de développement
et climat chez Caritas Suisse
« En tant que l'un des pays les plus riches, la Suisse ne peut plus se décharger de sa responsabilité climatique sur les pays pauvres et les générations futures – elle doit agir maintenant. »
Johannes Wendland, conseiller en justice climatique chez EPER
« Dans les négociations sur le financement climatique, il ne s’agit pas de générosité – mais de responsabilité. Les coûts de la crise climatique doivent être supportés par les gros pollueurs, et non par les personnes qui ont le moins contribué au problème. »
Klaus Thieme, responsable des programmes internationaux chez Solidar Suisse
« Dans le Sud global, la crise climatique exacerbe la pauvreté et la précarité. Les travailleuses et travailleurs pauvres sont particulièrement touchés par les inondations, la destruction de leurs moyens de subsistance et la précarité de l’emploi. Nous avons besoin d'emplois d’avenir, durables et décents, offrant de réelles perspectives. La Suisse doit apporter sa juste contribution afin que la protection du climat ne crée pas de nouvelles inégalités. »
Júlia Garcia, Coordination nationale Brésil, terre des hommes suisse
« La jeunesse joue un rôle central dans le développement de solutions face à la crise climatique. Cela inclut les jeunes autochtones, car ils sont les gardien·ne·s des forêts détruites par le Nord global. La voix de ces jeunes doit être entendue et intégrée dans les négociations. »
Maritz Fegert, responsable de programme Policy & Advocacy chez Biovision
« La COP30 à Belém représente une occasion importante de renforcer l’agroécologie, une approche qui a le potentiel de transformer en profondeur les systèmes alimentaires et l’agriculture. Grâce à des changements politiques adéquats, les systèmes alimentaires, actuellement responsables d'une part considérable de gaz à effet de serre, pourraient apporter des solutions efficaces pour l’atténuation du changement climatique et l’adaptation à ces conséquences. »
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Communiqué
Avenergy sabote la transition énergétique en usant de méthodes douteuses
28.10.2025, Justice climatique
La Suisse souhaite atteindre ses objectifs climatiques principalement à l'étranger — une stratégie de délocalisation catastrophique. Si l'on en est arrivé là, c'est surtout à cause du lobby pétrolier Avenergy Suisse. Une nouvelle enquête d'Alliance Sud révèle ses méthodes douteuses pour influencer la politique et la société.
Même la dernière raffinerie de pétrole de Suisse, située à Crissier, a présenté son « avenir vert » aux médias. © Markus A. Jegerlehner / Keystone
La Suisse a fixé dans la loi son objectif de zéro émission nette d'ici 2050. Elle en attend autant de la communauté internationale, comme elle le réaffirmera en novembre lors de la conférence sur le climat au Brésil (COP30). La Confédération mise néanmoins toujours davantage sur des certificats de compensation à l'étranger, acceptant ainsi que les émissions devront par la suite être réduites plus rapidement en Suisse.
Que la transition énergétique soit à ce point externalisée et retardée s’explique par une raison simple : Avenergy Suisse influence la politique climatique helvétique depuis des années par divers canaux et mesures et, depuis peu, à nouveau en tant que membre d'economiesuisse. L'auteure de l’enquête, Delia Berner, experte en politique climatique internationale chez Alliance Sud, est choquée par les méthodes diverses et opaques du lobby pétrolier, qui vont des campagnes d'image aux dons politiques et qui coûtent beaucoup d’argent. Avenergy Suisse a ainsi réussi à convaincre une majorité au Parlement de considérer l'achat de certificats à l'étranger comme équivalent aux réductions nationales, alors même que la littérature scientifique sur les marchés de compensation carbone souligne depuis des décennies que les certificats de CO2 ne peuvent pas être directement comptabilisés comme des réductions d'émissions, car ils sont très sujets aux erreurs.
« L'implication du lobby pétrolier dans le marché de la compensation contribue à maintenir les émissions nationales à un niveau bien trop élevé et la population suisse dépendante des combustibles et carburants fossiles », affirme Delia Berner. « Parallèlement, la branche, par l’intermédiaire de la fondation de compensation KliK, se targue de contribuer aux solutions mondiales contre la crise climatique. » Ce ne sera clairement pas le cas tant que la Suisse ne réduira pas ses propres émissions de CO2 au niveau national, comme le prévoit la loi sur la protection du climat.
Pour tout complément d’information :
Delia Berner, experte en politique climatique internationale chez Alliance Sud, 077 432 57 46, delia.berner@alliancesud.ch
Marco Fähndrich, responsable de la communication chez Alliance Sud, 079 374 59 73, marco.faehndrich@alliancesud.ch
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Programme d’allègement budgétaire : des contraintes inutiles
19.09.2025, Finances et fiscalité
Le projet « Programme d’allègement budgétaire 2027 » adopté aujourd'hui par le Conseil fédéral prévoit des coupes transversales. Tout cela n'est pourtant pas nécessaire : la situation financière de la Suisse n'est pas tendue, comme le montre une nouvelle analyse d'Alliance Sud. Le budget fédéral est uniquement étranglé par le frein à l'endettement, un frein extrêmement rigide.
Quand l'austérité dogmatique bloque l'avenir : le frein à l'endettement suisse empêche également les investissements urgents là où les besoins sont les plus grands. Place de la Nation à N'Djamena, au Tchad.
© Sven Torfinn / Panos Pictures
Qu'il s'agisse de l'éducation, des médias ou des tâches sociales, les mesures de réduction fédérales ne sont pas sans conséquences dans tous les domaines. Souvent, elles entraîneront même une hausse des dépenses à l'avenir, par exemple dans la protection du climat. Dans la coopération internationale, les conséquences sont particulièrement dramatiques pour les populations du Sud global. En raison des coupes déjà prévues dans la planification financière, les fonds disponibles en Afrique subsaharienne fondront de 35 % d'ici 2028. Et ce, alors que le retrait des États-Unis pourrait entraîner la mort de plus de 14 millions de personnes supplémentaires ces cinq prochaines années.
Ce n’est pas une fatalité : la Suisse a un taux d'endettement historiquement bas de 17,2 % du PIB (selon la définition de Maastricht utilisée par la Banque nationale, il n’est même que de 13,7 %). Les coûts de la pandémie de coronavirus n’ont entraîné qu’une légère hausse, et depuis, le taux d’endettement recule à nouveau. Lorsque le frein à l'endettement a été introduit en 2003, il devait ralentir l'augmentation de la dette. C'est ce que prévoit l'article constitutionnel adopté par le peuple et c'est ainsi que le Conseil fédéral l'avait prévu. Or, le Parlement en a fait un mécanisme de réduction automatique (voir l'analyse d'Alliance Sud).
Les calculs effectués sur mandat d'Alliance Sud montrent qu’une simple augmentation du taux d'endettement à 20 % d'ici 2035 permettrait de dégager 9,9 milliards de francs supplémentaires chaque année. Si l'on revenait à la situation qui prévalait lors de l'introduction du frein à l'endettement en 2003 (24,9 %, selon la définition de Maastricht), cela représenterait même 15,3 milliards par an.
« Largement de quoi couvrir les coûts supplémentaires liés à la guerre et aux crises, sans compromettre l'avenir par l'austérité », commente Andreas Missbach, directeur d'Alliance Sud, le centre de compétences pour la coopération internationale et la politique de développement. Il ajoute : « L'absolutisme du frein à l'endettement est souvent justifié par le fait qu’il crée une marge de manœuvre pour les crises futures. La crise la plus dangereuse pour la Suisse serait probablement un effondrement d'UBS – le Conseil fédéral entend-il économiser pour cela ? » Mais là aussi, selon les calculs d'Alliance Sud, un vent de panique n’est pas de mise. Même en cas d'augmentation du taux d'endettement au niveau de 2003, la Suisse pourrait encore se permettre un sauvetage exorbitant du nouveau géant UBS (300 milliards de francs), même si une pandémie sévissait au même moment (80 milliards). Et ce, sans dépasser le taux d'endettement de 60 % des critères de Maastricht de l'UE. »
Analyse de la dette publique suisse et du frein à l'endettement :
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Andreas Missbach, directeur d’Alliance Sud
tél. 031 390 93 30, andreas.missbach@alliancesud.ch
Dominik Gross, expert en politique fiscale et financière d’Alliance Sud
tél. 078 838 40 79, dominik.gross@allliancesud.ch
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Le Conseil fédéral veut compenser davantage de CO2 à l'étranger après 2030
12.09.2025, Justice climatique
Avec sa décision d’aujourd'hui sur la politique climatique après 2030, le Conseil fédéral prévoit de réduire si peu les émissions de CO2 sur le territoire national que la quantité absolue de certificats de compensation de CO2 à l’étranger devra continuer d'augmenter pour atteindre les objectifs fixés par la loi. Le Conseil fédéral fait en outre fi du financement international dans le domaine du climat et d'autres leviers pour la protection du climat à l’échelle planétaire.
Aucune mesure dans le domaine du transport aérien, un levier national puissant pour réduire les émissions. Au lieu de cela, le Conseil fédéral continue de miser sur les compensations à l'étranger. © Keystone / Christian Merz
La communication du Conseil fédéral sur la décision prise aujourd'hui concernant la manière dont la Suisse doit atteindre ses objectifs climatiques d'ici 2040 est trompeuse. Le Conseil fédéral parle d’augmenter la part des mesures prises en Suisse, mais omet de dire que la compensation du CO2 dans le Sud global continue de gagner en importance en tant qu’instrument de la politique climatique suisse. L'extension des mesures prises dans le pays semble de prime abord une bonne chose, car elle est nécessaire de toute urgence. Cependant, formulée sous forme de « part », elle n’implique pas de facto une diminution de la compensation à l'étranger, bien au contraire. En chiffres absolus, cette formulation permet au Conseil fédéral d’accroître la compensation à l'étranger de 9 millions de tonnes d’éq.-CO2 en 2030 jusqu’à 13 millions de tonnes d’éq.-CO2 en 2040 pour atteindre l’objectif de réduction. Cela signifierait qu'en 2040, la Suisse émettrait sur son territoire jusqu'à deux fois plus d'émissions que ne le permet son objectif de réduction (voir graphique) — une erreur de planification désastreuse.
« Le Conseil fédéral prévoit de facto d'étendre la compensation de CO2 dans le Sud global au lieu d'accélérer enfin la décarbonation de notre pays. C'est irresponsable, car pour atteindre l'objectif mon¬dial de zéro émission nette en 2050, des pays comme la Suisse doivent montrer la voie en matière de réduction des émissions. « Ce n'est qu'ainsi qu'il restera une marge de manœuvre pour les émissions croissantes de CO2 des pays pauvres, sans que la crise climatique ne s'emballe complètement », explique Delia Berner, experte en politique climatique internationale chez Alliance Sud, le centre de compétence pour la coopération internationale et la politique de développement.
En vigueur depuis début 2025, la loi sur le CO2 et son ordonnance prévoient que deux tiers de l'objectif de réduction des émissions de 50 % doivent être réalisés en Suisse jusqu’en 2030. La part de la compensation du CO2 à l'étranger s'élève donc à un tiers, soit à près de 9 millions de tonnes d’éq.-CO2 en 2030. Lorsque le Conseil fédéral annonce son intention de réduire la part de la compensation à l'étranger d'ici 2040, cela signifie seulement que celle-ci ne pourra plus dépasser un tiers (ou un peu moins) en 2040. Avec un objectif de réduction de 75 % d'ici 2040, cela correspond à un maximum de 13 millions de tonnes d’éq.-CO2 qui seraient compensées à l'étranger. Conformément au plan du Conseil fédéral, les besoins en compensation de CO2 à l'étranger continueront donc de croître jusqu'en 2040.
Alliance Sud et des instituts de recherche ont montré à maintes reprises pourquoi la Suisse fait fausse route en compensant ses émissions de CO2 à l'étranger :
- Une étude de l’EPFZ, qui a analysé plus de 2 000 projets de compensation existants, est arrivée à la conclusion que seuls 12 % des certificats négociés entraînent une réduction effective des émis-sions. Il est donc très improbable, et en tout cas impossible à prouver de manière irréfutable, que la Suisse puisse compenser ses propres émissions grâce à des projets de compensation.
- L’approche helvétique, qui consiste à acheter des certificats bon marché à l’étranger plutôt que de réduire ses émissions au plan national, est blâmée sur la scène internationale. Les premiers projets de compensation bilatéraux de la Suisse, qu'elle souhaite prendre en compte dans son objectif de réduction pour 2030, sont déjà critiqués. En effet, ils enfreignent les droits des travailleuses et des travailleurs, surestiment les réductions d'émissions prévues, et suscitent des doutes quant à leur caractère additionnel ou à leur faisabilité.
- L'engagement de réduire les émissions suisses à zéro net n’est pas abandonné. Si la Suisse se donne le temps de réduire ses émissions nationales de 50 % d'ici 2040 (voir graphique), elle en aura réduit 50 % en 50 ans et devra ensuite réduire les autres 50 % en seulement 10 ans.
Aucun effort pour la politique climatique mondiale
Même s’il est évident que la limitation du réchauffement climatique à 1,5 °C nécessite des efforts considérables à l’échelle mondiale pour réduire les émissions de CO2, le Conseil fédéral ne montre aucune motivation en ce sens. La décision prise aujourd'hui ne prévoit aucun levier permettant à la Suisse de réduire davantage les émissions planétaires, que ce soit via la place financière suisse, le transport aérien ou les émissions importées.
Le Conseil fédéral ne dit rien non plus sur le financement international dans le domaine du climat, alors que celui-ci est scientifiquement justifié, comme l'ont récemment souligné plus de 100 scientifiques suisses. Alliance Sud demande que la Suisse contribue dès 2030 à hauteur de 1 % au nouvel objectif international de 300 milliards de dollars décidé pour la protection du climat et l'adaptation au changement climatique dans les pays pauvres. « Les recettes du système d'échange de quotas d'émission devraient également être utilisées pour augmenter le financement international dans le domaine du climat », conclut Delia Berner.
Pour tout complément d’information :
Alliance Sud, Delia Berner, experte en politique climatique internationale, tél. 077 432 57 46, delia.berner@alliancesud.ch
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Communiqué
La lutte mondiale contre la pauvreté prend de nouveau du plomb dans l’aile
21.08.2025, Financement du développement
Le Département des finances a présenté aujourd'hui le budget 2026 et le plan financier pour les années suivantes. La Confédération affûte à nouveau ses couteaux dans le domaine de la coopération internationale (CI), même par rapport au programme de réduction 2027 – 2028. Les victimes sont à nouveau les plus démunis de cette planète, qui se voient privés de ressources vitales. Il est particulièrement choquant que des entreprises suisses profitent à la place des maigres moyens de la CI.
Une femme au Burkina Faso travaille dans le cadre d'un projet suisse.
© KEYSTONE/Alexandra Wey
Ce n'est qu'en janvier que le Conseil fédéral avait mis en consultation son vaste programme d’austérité pour les années 2027 et 2028 (présenté sous couvert d’un « programme d’allégement »). Dans le message correspondant, il était question de coupes de 274 millions de francs dans la CI pour ces deux années. Aujourd'hui, 48 millions sont encore supprimés et les coupes seront également renforcées de 31,5 millions dans le budget 2026, soit 80 millions de moins au total.
Les coupes les plus drastiques concernent la coopération bilatérale au développement, en Afrique subsaharienne surtout. 27 millions seront transférés de cette ligne budgétaire au Secrétariat d'État à l'économie (SECO). Et ce, non pas pour y renforcer la coopération économique, qui fait partie intégrante de la CI, mais pour financer la production et les exportations d'entreprises suisses vers l'Ukraine. « Au vu de l'état d'urgence mondial dû au démantèlement de l'USAID, autrefois le plus grand bailleur de fonds dans l'aide humanitaire et la coopération au développement, cette forme de promotion économique apparaît comme une véritable insulte », estime Andreas Missbach, directeur d'Alliance Sud.
Enfin, un transfert insidieux a également lieu dans le budget de la CI – ainsi, à partir de l'année prochaine, 7,2 millions de francs par an seront transférés de la coopération bilatérale au développement vers un fonds destiné à la promotion des investissements. Cela correspond presque au triplement des moyens explicitement prévus pour réduire les risques (de-risking) des investissements privés. « La tendance à la privatisation de la CI se poursuit donc, même s’il s’avère depuis plus d’une décennie déjà que l'orientation vers le profit et la réduction de la pauvreté ne sont guère conciliables », déclare Missbach. « Les investisseurs et les entreprises privées à but lucratif ne sont tout simplement pas prêts à améliorer la vie des plus pauvres ou pas en mesure de le faire ».
Pour de plus amples informations :
Andreas Missbach, directeur d’Alliance Sud, +41 31 390 93 30
Annonce d’une table ronde :
Le mardi 26 août prochain, dès 12h15, une table ronde sur les coupes dans la coopération au développement aura lieu au Club Suisse de la Presse. Avec Andreas Missbach, directeur d’Alliance Sud, Frédéric Baldini, Helvetas, Mark Kessler, Caritas Suisse, et Daniel Suda-Lang, Handicap International Suisse. Les professionnels des médias sont cordialement invités à y participer.
Langues parlées à la table ronde : le français et l’anglais.
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Communiqué
Pas de sieste de la Suisse à Séville
30.06.2025, Financement du développement
La quatrième Conférence internationale des Nations Unies sur le financement du développement (FfD4) s'ouvre aujourd'hui à Séville. Dimanche soir, des organisations de la société civile du monde entier ont manifesté pour un ordre économique plus juste. La déclaration finale est déjà prête et ne comprend aucune avancée décisive contre la crise mondiale multiple. Elle énonce toutefois des déclarations d'intention pertinentes en matière de politique fiscale et de désendettement, qui devraient également inciter la Suisse à agir.
Cette conférence majeure de l'ONU est toutefois obscurcie par une dette publique record dans le Sud global, la non-participation des États-Unis et le démantèlement complet de l'agence américaine pour le développement international (USAID) annoncé pour le 1er juillet. Mais jusqu'à jeudi, les discussions à Séville porteront sur bien plus que le « financement du développement » au sens de la coopération internationale (aide publique au développement, APD). La question de savoir comment les pays pauvres peuvent mobiliser davantage de ressources propres est au cœur des débats. Les mesures contre l'évasion fiscale et les flux financiers illicites figurent donc en bonne place dans l'ordre du jour. Les thèmes de la dette et du désendettement, du commerce et du développement, des questions systémiques liées à l'architecture financière internationale et du rôle des entreprises et des aides publiques correspondantes occupent également une place centrale ; autant de thèmes qui interpellent tout particulièrement les pays riches comme la Suisse.
« Jusqu'ici, la Suisse officielle n’a pas brillé lorsqu’il s’agissait du soutien au multilatéralisme, à la coopération au développement et à la cohérence des politiques pour le développement durable », lance Dominik Gross, expert en politique fiscale et financière chez Alliance Sud. « Nous attendons de notre pays qu’il prenne au sérieux les discussions et les processus de l'ONU et qu'il y participe de manière constructive, au lieu de les bloquer ou de les ignorer par intérêt personnel », ajoute Dominik Gross.
Notre document d'information pour les médias vous indique les domaines dans lesquels la Suisse devrait de toute urgence assumer davantage de responsabilités.
« Le nouveau deal » : Le numéro spécial du magazine « global » esquisse ce à quoi pourrait ressembler une nouvelle Suisse pour un monde plus juste.
Pour tout complément d’information :
Sur place à Séville : Dominik Gross, expert en politique fiscale et financière chez Alliance Sud,
tél. +41 78 838 40 79, dominik.gross@allliancesud.ch
Pour des questions générales :
Marco Fähndrich, Responsable médias et communication chez Alliance Sud,
tél. 079 374 59 73, marco.faehndrich@alliancesud.ch
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