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Communiqué
Budget 2025 : Hunger Games au Palais fédéral
04.12.2024, Coopération internationale, Financement du développement
Aujourd’hui, le Conseil national a décidé d'économiser un total de 250 millions de francs dans le budget 2025 sur le dos des plus pauvres. Cette décision grave privera des millions de personnes de leurs bases d’existence. Il ne faut pas qu’elle se répète demain dans le cadre de la stratégie de coopération internationale (CI).

Le discours sur l'austérité éclipse tout : le Conseil national décide des coupes dans la coopération internationale, avec de graves conséquences pour les personnes dans les pays les plus pauvres.
© KEYSTONE / Alessandro della Valle
Le Conseil national débattra jeudi de la stratégie CI 2025-2028. À son conseil, la commission des finances propose des coupes d'un montant total d'un milliard de francs. Et ce, même s’il manque déjà 1,5 milliard de francs pour le Sud global en raison du financement de l'Ukraine.
Une réduction des crédits d'engagement d'un montant d'un milliard de francs, combinée à la réallocation déjà décidée pour l'Ukraine, aurait par exemple pour conséquence1
… de priver plus de 60 000 personnes de formation professionnelle et, de cette manière, d’une perspective de vie autonome.
… de priver plus de 19 000 PME d’un capital de démarrage, ce qui fragiliserait l'économie locale.
Pour le développement humain, cela signifierait
… que plus de 120 000 enfants en situation d'urgence ne recevraient plus d'éducation de base.
… que plus de 670 000 personnes auraient moins accès à un approvisionnement en eau potable à un prix abordable.
… que près de 160 000 accouchements ne pourraient plus être effectués par du personnel de santé qualifié. Il en résulterait une augmentation de la mortalité infantile et maternelle.
… que plus de 910 000 personnes de moins pourraient s'adapter aux conséquences du changement climatique, ce qui entraînerait une augmentation de la pauvreté, de la faim et de la migration.
Pour Andreas Missbach, directeur d'Alliance Sud, le centre de compétence suisse pour la coopération internationale et la politique de développement, le Conseil national franchit une ligne rouge par cette décision budgétaire : « Seule la mise en œuvre des propositions du Conseil fédéral au cours de la session d'hiver concernant les crédits d'engagement de la stratégie CI 2025 – 2028 et le budget 2025 permettra d'offrir des perspectives d'avenir aux populations des pays les plus pauvres et de sauver des vies d'enfants, de mères et de malades. »
Pour de plus amples informations :
Andreas Missbach, directeur, Alliance Sud,
tél. +41 31 390 93 30, andreas.missbach@alliancesud.ch
Isolda Agazzi, responsable média pour la Suisse romande, Alliance Sud,
tél. +41 22 901 07 82, isolda.agazzi@alliancesud.ch
1 Ces calculs se fondent sur le tableau des résultats 2020-2022 obtenus grâce à l'aide humanitaire, la coopération au développement et la coopération économique au développement, voir Stratégie CI 2025 - 2028, p. 12.
Communiqué
Résultat décevant à la conférence sur le climat de Bakou
24.11.2024, Justice climatique
La conférence sur les changements climatiques (COP29) s'est achevée la nuit dernière à Bakou. Le résultat des négociations est une amère déception. L'attitude restrictive des pays industrialisés en matière de financement a particulièrement ébranlé les pays les plus pauvres et les petits États insulaires. Les pays riches comme la Suisse perdent ainsi encore plus de crédibilité dans le Sud global.

© OFEV
La situation géopolitique initiale était déjà délicate et la présidence azerbaïdjanaise s’est montrée peu efficace pour lancer des ponts entre les différentes positions. Mais l'attitude restrictive des pays industrialisés en matière de financement a particulièrement ébranlé les pays les plus pauvres et les petits États insulaires, dont l'existence est déjà menacée par la crise climatique. La confiance dans le Nord global vacille. Les pays riches comme la Suisse perdent ainsi encore plus d'influence et de crédibilité dans le Sud global.
Le financement climatique est notamment nécessaire pour atteindre les objectifs de réduction des émissions fixés par l'accord de Paris. L'année dernière à Dubaï, la communauté internationale a décidé d'entamer une transition énergétique en se détournant des combustibles fossiles. À Bakou, les pays ne sont pas parvenus à donner une suite concrète à cette décision.
Delia Berner, experte en politique climatique internationale chez Alliance Sud, déclare :
- Le Conseil fédéral doit dès à présent montrer de manière crédible comment la Suisse peut accroître le financement climatique à long terme. De nouvelles sources de finan-cement selon le principe du pollueur-payeur sont nécessaires pour que notre pays puisse apporter sa contribution équitable à la lutte et à la gestion de la crise climatique dans le Sud global. Pour cela, les adaptations législatives nécessaires doivent être rapidement élaborées.
- Le mécanisme de marché de l'accord de Paris fait face à un avenir incertain. Les problèmes et les incohérences s'enchaînent déjà dans la mise en œuvre des premiers projets de compensation suisses en Thaïlande et au Ghana. (pour des exemples actuels, lire le communiqué de presse d‘Alliance Sud du 21.11.24)
Bettina Dürr, experte climatique auprès d’Action de Carême et observatrice sur place, explique :
- Dans de nombreux pays en développement, les communautés touchées par le changement climatique sont tributaires d'un soutien financier. Nous constatons actuellement aux Philippines que les typhons deviennent plus fréquents et plus destructeurs. Les gens affectés ne sont pas à l'origine de la crise climatique et n'ont pas les moyens d'en assumer eux-mêmes les coûts. C'est pourquoi le soutien à l'adaptation aux changements climatiques ou en cas de dommages climatiques doit prendre la forme de contributions à fonds perdu. Au lieu de cela, les pays industrialisés ont refusé d'inclure les dommages climatiques dans l'objectif de financement.
Christina Aebischer, experte en adaptation climatique chez Helvetas et observatrice sur place, ajoute :
- L’adaptation doit être un engagement social et solidaire, financé par des fonds publics. L’insuffisance des nouveaux objectifs de financement en général et pour l'adaptation en particulier, ainsi que la définition très large des sources de contribution possibles, diluent cette réalité et compromettent une mise en place rapide des mesures urgentes nécessaires.
David Knecht, spécialiste des questions climatiques et énergétiques auprès d’Action de Carême et observateur sur place, dit :
- La COP29 est un échec pour la transition énergétique. La communauté internationale n'a pas réussi à faire avancer la sortie des énergies fossiles décidée l'an dernier. Les nouveaux objectifs climatiques nationaux de tous les pays doivent dès à présent indiquer clairement comment réussir ce désengagement. J'attends de la Suisse qu'elle joue un rôle majeur à cet égard.
Pour de plus amples informations :
Alliance Sud, Delia Berner, experte en politique climatique internationale, tél. 077 432 57 46 (par WhatsApp), delia.berner@alliancesud.ch
Alliance Sud, Marco Fähndrich, responsable média, tél. 079 374 59 73, marco.faehndrich@allliancesud.ch
Action de Carême, Bettina Dürr, experte en questions énergétiques et justice climatique, tél. 079 745 43 53 (via Signal ou WhatsApp), duerr@fastenaktion.ch
Action de Carême, David Knecht, expert en questions énergétiques et justice climatique, tél. 076 436 59 86 (via Signal ou WhatsApp), knecht@fastenaktion.ch
Helvetas, Christina Aebischer, experte en adaptation climatique, tél. 076 459 61 96, christina.aebischer@helvetas.org
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Communiqué
La compensation de CO2 au Ghana ne tient pas ses promesses
21.11.2024, Justice climatique
La Suisse veut atteindre une grande partie de ses objectifs climatiques non pas à l’intérieur de ses propres frontières, mais à l'étranger — avec des projets de compensation très discutables. C'est ce que montre une nouvelle recherche d'Alliance Sud sur un projet de fours de cuisson de la fondation KliK au Ghana. Le projet surestime son efficacité, manque de transparence et présente des effets secondaires toxiques.

Extrait de l'analyse de l'additionnalité du projet, entièrement « expurgée » à l'origine.
Dans les régions les plus pauvres du Sud global, des fours de cuisson efficaces sont une bonne chose pour améliorer la situation individuelle du petit paysannat. Pour simplifier, on peut dire que les petits paysan-e-s peuvent ainsi faire des économies et inhaler moins de fumée. De plus, les émissions de CO2 sont moindres. Mais le projet de fours de cuisson de la Fondation KliK en tant que projet de compensation d’émissions de CO2 est des plus problématiques, comme le montre la nouvelle recherche d'Alliance Sud. En effet, le projet Transformative Cookstove Activity in Rural Ghana présente de sérieuses lacunes :
• Manque de transparence : Les propriétaires privés du programme, ACT Commodities, essaient de dissimuler tout ce qu’ils peuvent, notamment les calculs des réductions d'émissions.
• Effets surestimés : La planification du projet promet une réduction de 3,2 millions de tonnes de CO2 d'ici 2030, mais la réduction réaliste n’excède pas 1,8 million. La raison en est une surestimation du paramètre majeur du calcul.
• Des effets secondaires toxiques : Aux populations rurales, le partenaire commercial au Ghana vend simultanément les fours de cuisson du projet et des pesticides si toxiques que leur utilisation n’est pas autorisée en Suisse.
Pas le premier cas problématique
Selon les médias, le premier projet de compensation de la Suisse dans le cadre de l'Accord de Paris sur le climat, le programme de bus électriques à Bangkok, présente déjà des problèmes liés aux droits humains et des irrégularités financières. Voilà un an déjà, une enquête d'Alliance Sud et d'Action de Carême avait mis des irrégularités en évidence. Ce n'est donc pas un hasard si l'UE renonce à de telles compensations à l'étranger.
« Les projets en Thaïlande et au Ghana sont loin de tenir leurs promesses. Les compensations de CO2 de la Suisse à l'étranger ne remplacent pas les réductions d'émissions réelles dans le pays », affirme Andreas Missbach, directeur d'Alliance Sud, le centre de compétences pour la coopération internationale et la politique de développement.
Pour de plus amples informations :
Isolda Agazzi, responsable médias d‘Alliance Sud pour la Suisse romande, 022 901 07 82, isolda.agazzi@alliancesud.ch
Marco Fähndrich, responsable médias d’Alliance Sud, 079 374 59 73, marco.faehndrich@allliancesud.ch
Autres enquêtes sur les projets suisses de compensation à l'étranger :
Recherche d'Alliance Sud et d’Action de Carême sur les bus électriques à Bangkok (2023)
Étude mandatée par Caritas Suisse sur un projet de fours de cuisson au Pérou
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Communiqué
Budget 2025 : politique financière sur le dos des plus pauvres
13.11.2024, Financement du développement
Dans le cadre du budget 2025, la Commission des finances du Conseil national entend économiser 250 millions au total dans la coopération internationale (CI). Conjuguée avec la redistribution déjà prévue des fonds à l'Ukraine, cette mesure aurait pour conséquence de retirer un quart des ressources des programmes et projets existants.

Sarah Wyss, conseillère nationale PS et présidente de la commission des finances du Conseil national, informe les médias des décisions de la commission en compagnie du vice-président de la commission, le conseiller national UDC Jacquet Nicolet. © Keystone / Anthony Anex
La semaine dernière encore, la Commission de politique extérieure du Conseil national s'était clairement prononcée contre des coupes dans les crédits d'engagement de la stratégie de coopération internationale 2025-2028. La Commission des finances s'est à nouveau écartée de cette ligne ; elle soutient des coupes de 250 millions de francs dans le budget 2025. Et ce, même si les crédits d'engagement de la stratégie CI 2025-2028 doivent déjà absorber le financement au bénéfice de l'Ukraine, à hauteur de 1,5 milliard de francs.
Pour Andreas Missbach, directeur d'Alliance Sud, le centre de compétence suisse pour la coopération internationale et la politique de développement, la décision de la commission envoie un signal fatal. « Toute réduction supplémentaire sur le dos des plus pauvres remet en question la coopération internationale éprouvée de la Suisse. » Dans son rapport, la commission d'experts Gaillard conclut également que, « en ce qui concerne la coopération internationale, il a déjà fallu effectuer des réductions importantes dans l’aide au développement afin de compenser les fonds supplémentaires prévus par le Conseil fédéral au bénéfice de l’Ukraine ».
Pour de plus amples informations :
Andreas Missbach, directeur d’Alliance Sud,
tél. +41 31 390 93 30, andreas.missbach@alliancesud.ch
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Communiqué
Financement climatique à la COP29 : les fonds publics sont indispensables
07.11.2024, Justice climatique
Cette année, la conférence de l'ONU sur le climat « COP29 », qui se tiendra du 11 au 22 novembre à Bakou, portera sur les milliers de milliards nécessaires au Sud global pour faire face aux graves conséquences de la crise climatique et mettre fin à la dépendance aux combustibles fossiles. La Suisse ne doit plus compter sur les investissements privés, mais proposer un objectif de financement public nettement plus ambitieux.

© Shutterstock
2'400 milliards de dollars. Le Conseil fédéral cite également cette estimation d'expertes et d’experts de l'ONU pour quantifier les besoins de financement annuels pour la mise en œuvre de l'Accord de Paris sur le climat d'ici 2030 dans le Sud global. Ce chiffre illustre l'énorme déficit de financement auquel le Sud global reste confronté en raison de l'objectif actuel de 100 milliards de dollars pour le financement de la lutte contre le changement climatique.
« Il est évident que le nouvel objectif de financement collectif qui doit être entériné lors de la COP29 requiert une toute autre dimension que celle retenue jusqu'ici », explique Laurent Matile, expert en entreprises et développement auprès d'Alliance Sud, le centre de compétence pour la coopération internationale et la politique de développement. La société civile internationale réclame au moins 1'000 milliards de dollars de financement climatique public par an. Dans le cadre de la réduction des gaz à effet de serre, il faut par exemple un soutien pour les États pauvres fortement endettés, qui ne peuvent jusqu'à présent payer leurs intérêts qu'avec les revenus de l'extraction de pétrole ou de gaz.
Mais des fonds publics sont également nécessaires en particulier pour l'adaptation aux conditions climatiques modifiées. « Dans chaque pays, les couches les plus pauvres de la population sont les plus touchées par la crise climatique. Leur protection et leur soutien sont une obligation planétaire et non un business case », explique Christina Aebischer, experte des questions climatiques chez Helvetas. La prise en compte des pertes et préjudices liés au climat dans le nouvel objectif de financement climatique est également une priorité pour les délégations du Sud global. Là aussi, il est urgent de disposer de fonds publics. « Si l'on se réfère au principe selon lequel les pollueurs doivent payer pour les dommages causés, il est plus que temps que les pays riches financent également la couverture des dommages climatiques », ajoute Bettina Dürr, spécialiste du climat auprès d’Action de Carême.
La Suisse, en revanche, mise sur le fait que les investissements privés apporteront l'argent nécessaire au Sud global — en ignorant au passage que, dans les flux financiers privés, l'argent est jusqu'à présent transféré du Sud vers le Nord en raison de l'évasion fiscale et des taux d'intérêt élevés. « Si la seule réponse au déficit de financement consiste en de vagues promesses d'investissements privés, les communautés touchées dans le Sud global ne seront en rien aidées. C’est moralement injustifiable, car ces gens, qui n'ont pas contribué à la crise climatique, sont les premiers à en souffrir », déclare Laurent Matile.
Dans le même temps, les pays ne doivent pas perdre de vue la réduction des émissions. Lors de la COP28 à Dubaï l'année dernière, la communauté internationale a décidé d'abandonner les énergies fossiles. Début 2025, tous les pays devront soumettre leurs nouveaux objectifs climatiques, à savoir leurs contributions déterminées au niveau national (CDN). Dans les CDN, les nations doivent montrer comment elles entendent mettre en œuvre les décisions prises à Dubaï. La COP29 fixera le cap à cet égard. Il est crucial que les pays riches en particulier montrent l'exemple et exposent concrètement leurs plans de sortie des énergies fossiles. « Une transition énergétique rapide et socialement équitable est un impératif et doit être utilisée comme moteur de développement pour les communautés délaissées. La Suisse doit y apporter sa contribution », souligne David Knecht, expert climatique chez Action de Carême.
Remarque : Delia Berner, experte en politique climatique internationale chez Alliance Sud, est membre de la délégation officielle de négociation de la Suisse en tant que représentante de la société civile et sera à Bakou à partir du 11 novembre.
Pour de plus amples informations :
Alliance Sud, Marco Fähndrich, responsable des médias, tél. 079 374 59 73, marco.faehndrich@alliancesud.ch
Action de Carême, Bettina Dürr, experte en questions énergétiques et justice climatique, tél. 079 745 43 53 (via Signal ou WhatsApp), duerr@fastenaktion.ch. Bettina Dürr observe les négociations sur le financement climatique et le bilan mondial (global stocktake) sur place à Bakou.
Action de Carême, David Knecht, expert en questions énergétiques et justice climatique, tél. 076 436 59 86 (via Signal ou WhatsApp), knecht@fastenaktion.ch. David Knecht observe les négociations sur l’atténuation / les CDN et les mécanismes de compensation de CO2 sur place à Bakou.
Helvetas, Aude Marcovitch Iorgulescu, Coordinator Media Relations Romandie, tél. 031 385 10 16, aude.marcovitch@helvetas.org. De Helvetas Christina Aebischer est sur place à Bakou en qualité d’observatrice.
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Communiqué
Stratégie CI : politique financière sur le dos des plus pauvres
11.10.2024, Financement du développement
La Commission des finances du Conseil national entend réduire d'un milliard de francs le budget de la coopération internationale (CI) pour 2025-2028. Conjuguée avec la redistribution déjà prévue des fonds à l’Ukraine, cette mesure aurait pour conséquence de retirer un quart des ressources annuelles des programmes et projets existants. La mise en œuvre de la stratégie serait ainsi empêchée avant même d'avoir commencé.

© Services du Parlament 3003 Berne
En septembre, le Conseil des États s'était encore prononcé très clairement contre des coupes dans la coopération internationale lors des débats sur la stratégie CI 2025-2028. Les partis bourgeois se sont dès lors écartés de cette ligne ; au sein de la Commission des finances du Conseil national, ils ont soutenu la proposition de réduction annuelle de 250 millions de francs. Et ce, même si les crédits d'engagement de la stratégie CI 2025-2028 doivent déjà absorber le financement au bénéfice de l'Ukraine, à hauteur de 1,5 milliard de francs. Pour Alliance Sud, le centre de compétence suisse pour la coopération internationale et la politique de développement, la décision de la commission est un coup fatal porté aux plus pauvres. Dans son rapport, la commission d'experts Gaillard en arrive également à la conclusion que, « en ce qui concerne la coopération internationale, il a déjà fallu effectuer des réductions importantes dans l’aide au développement afin de compenser les fonds supplémentaires prévus par le Conseil fédéral au bénéfice de l’Ukraine. »
Dans les semaines à venir, le Parlement devra se pencher sur cette question cruciale : quel rôle la Suisse entend-elle jouer dans le monde ? Le prestige international, le poids dans les instances multilatérales et une place particulière dans la diplomatie ont un coût. Mais cet engagement vaut la peine pour la Suisse à long terme.
Pour de plus amples informations :
Laura Ebneter, experte en coopération internationale
tél. 031 390 93 32, laura.ebneter@alliancesud.ch
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Communiqué
Ensemble et plus vite vers une Suisse durable
25.09.2024, Agenda 2030
Réunies sur la place fédérale, 17 personnalités du monde scientifique, de l’économie, de la jeune génération, du sport, de la culture et de la société civile appellent à accélérer ensemble la mise en œuvre de l’Agenda 2030, auquel la Suisse a souscrit il y a 9 ans jour pour jour. Notre pays prend un retard inquiétant dans la réalisation des objectifs de développement durable (ODD).

© Martin Bichsel
Communiqué de la Plateforme Agenda 2030
Réunies sur la place fédérale, 17 personnalités du monde scientifique, de l’économie, de la jeune génération, du sport, de la culture et de la société civile appellent à accélérer ensemble la mise en œuvre de l’Agenda 2030, auquel la Suisse a souscrit il y a 9 ans jour pour jour. Notre pays prend un retard inquiétant dans la réalisation des objectifs de développement durable (ODD).
Les personnalités dirigeantes s’appuient sur des résultats qu’elles ont obtenus déjà et promettent de décider et d’agir au mieux pour la durabilité. Elles reflètent les milliers de personnes impliquées en entreprises, dans les institutions scientifiques et académiques, dans la société civile - qui orientent déjà leurs activités vers une économie circulaire, la préservation du climat, la réduction des inégalités en particulier.
A l’occasion du SDG Flag Day, une chanteuse de yodel et un lanceur de drapeau à l’effigie des 17 ODD ont rappelé, près du Palais fédéral, que l’Agenda 2030 s’inscrit dans notre constitution et dans nos traditions vivantes.
Rencontrer nos personnalités
L’appel lancé ce 25 septembre relève des succès comme des reculs : « La Suisse progresse dans quelques domaines, par exemple en augmentant la part de l’agriculture biologique ou en développant les énergies renouvelables. L’évolution d’autres domaines est en recul ou stagne : la pauvreté comme les inégalités s’accroissent en Suisse et dans le monde, le déploiement d'une mobilité sans obstacles prend du retard et la diversité des espèces s’érode. En outre, notre pays exporte une part importante de son impact sur le climat, l’environnement et les droits humains : deux tiers environ de notre empreinte sont générés à l’étranger. »
Président de la Fédération suisse des entreprises et présent sur place, Christophe Barman déclare notamment: « Je suis persuadé que (l’économie) doit être la solution et se mettre activement en mouvement vers la transition. Je m’engage à catalyser les entreprises pionnières et à œuvrer pour des conditions cadres favorables à l’entrepreneuriat responsable. » Valérie d’Acremont, professeure et médecin responsable de secteur à Unisanté, promet pour sa part : « Je m’engage à continuer d’œuvrer dans mon travail en tant que médecin et professeure ainsi que par des engagements militants pour rendre nos systèmes de santé plus efficients, durables et robustes, dans le respect des limites planétaires et en assurant une équité entre les diverses personnes et régions du monde. » Directrice de la Plateforme Agenda 2030, Eva Schmassmann ajoute : « Le développement durable est un défi tellement vaste qu’il nécessite beaucoup de collaboration afin d’éviter de se sentir dépassé. La Plateforme vise justement à renforcer les liens dans l’idée « Ensemble, nous sommes plus fort∙e∙s ».
Pour de plus amples informations:
Pierre Zwahlen, président, 079 615 44 33
Rianne Roshier, responsable partenariats, 079 746 54 16
https://ensemble-pour-les-odd.ch/
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Communiqué
Message sur l'armée : attaque frontale contre une politique de sécurité globale
19.09.2024, Financement du développement
Aujourd'hui, le Conseil national a décidé de financer la hausse du budget de l'armée de quatre milliards de francs en partie sur le budget de la coopération internationale (CI). Il s’agit d’une attaque frontale contre une politique de sécurité globale.

Une offensive sans vision à long terme : une majorité du Conseil national a révélé aujourd'hui une vision étroite et purement militaire des crises actuelles, mettant ainsi en danger des valeurs humanitaires fondamentales.
© Keystone / Anthony Anex
La semaine dernière encore, dans le cadre des débats sur la stratégie de CI 2025-2028, le Conseil des États s'était prononcé très clairement, par 31 voix contre 13, contre le financement de l'armée aux dépens de la CI. Aujourd'hui, le Conseil national a fait le choix inverse et entend détourner des fonds de la coopération internationale via une approche compensatoire pour financer les moyens supplémentaires alloués à l'armée.
Le Conseil national refuse ainsi de voir que la coopération internationale fait partie intégrante d'une politique de sécurité globale. « Le financement de l'armée au détriment de la coopération internationale ébranle la tradition humanitaire de la Suisse. Renforcer les pompiers en sacrifiant les mesures de protection contre les incendies relève également d'une politique de sécurité irréfléchie », note Andreas Missbach, directeur d'Alliance Sud, le centre de compétences suisse pour la coopération internationale et la politique de développement.
Le rapport actuel sur la politique de sécurité est très clair : « La Suisse (...) participe au renforcement de la sécurité et de la stabilité internationales en proposant ses bons offices, en contribuant à la promotion de la paix, en s’investissant en faveur du droit international, de l’état de droit et des droits de l’homme, en luttant contre les causes de l’instabilité et des conflits au moyen de la coopération au développement et en soulageant la population civile grâce à l’aide humanitaire. »
À cela s'ajoute que les crédits d'engagement de la stratégie de CI 2025-2028 ont déjà dû absorber le financement de l'Ukraine à hauteur de 1,5 milliard de francs. Dans son rapport, la commission d'experts Gaillard conclut également que la CI a déjà dû mettre en œuvre des réductions significatives dans le reste de l'aide au développement afin de compenser les moyens supplémentaires prévus par le Conseil fédéral pour l'Ukraine. Toute réduction supplémentaire sur le dos des plus pauvres remet en question la coopération internationale éprouvée de la Suisse.
Pour plus d’informations :
Andreas Missbach, directeur d’Alliance Sud
tél. +41 31 390 93 30, andreas.missbach@alliancesud.ch
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Communiqué
Les organisations de développement tirent la sonnette d'alarme dans les villes suisses
09.09.2024, Coopération internationale
La classe politique entend réduire massivement les fonds de la coopération au développement. Une large résistance s'organise contre cette décision. Les organisations suisses de développement entament une tournée nationale avec leur « Alarme solidarité ». Après le départ le 5 septembre, la tournée passera par Genève et Lausanne.

Lors des prochaines sessions d'automne et d'hiver, le Parlement débattra de la stratégie de coopération internationale pour les quatre prochaines années et du budget 2025. Face à la menace de coupes massives dans la coopération au développement, les organisations suisses de développement tirent la sonnette d'alarme et envoient un signal sans équivoque à Berne : non aux coupes claires au détriment de notre tradition humanitaire ! Au lieu de cela, des moyens supplémentaires doivent être mis à disposition pour l’aide cruciale à l'Ukraine, sans tailler dans les programmes existants dans les pays les plus pauvres.
Sur le site Internet de la campagne https://www.alarme-solidarite.ch/, on peut actionner le bouton d'alarme virtuel. Avec une série d'événements sur place, l'« Alarme solidarité » fait désormais également une tournée dans les villes suisses. Les passantes et les passants recevront sur place un complément d’information sur la coopération suisse au développement et pourront déclencher une alarme analogique en direction de Berne.
Les crises humanitaires exigent l'engagement de la Suisse
Dans sa Stratégie de coopération internationale 2025-2028, le Conseil fédéral a prévu 1,5 milliard de francs pour l'aide à l'Ukraine. C'est plus d'argent que ce qui est consacré à la coopération au développement dans toute l'Afrique subsaharienne. Et le Parlement risque même de procéder à des coupes supplémentaires en raison des mesures d’austérité et du réarmement de l'armée. Andreas Missbach, directeur d'Alliance Sud, le centre de compétence suisse pour la coopération internationale et la politique de développement, s’indigne : « Cette attaque contre la coopération au développement anéantit des projets établis à long terme et extrêmement efficaces et porte atteinte à la réputation de la Suisse. »
D'innombrables acteurs des milieux politiques et scientifiques et de la société civile partagent ce point de vue, car la faim et la pauvreté augmentent à nouveau sur la planète et les crises humanitaires s'aggravent. Ils soulignent notamment qu'une approche purement militaire de la sécurité est une réponse insuffisante à ces défis mondiaux. Notre pays doit au contraire renforcer sa coopération internationale s’il entend promouvoir efficacement la paix et la stabilité.
Dates de la tournée
- 5.9 – 7.9 : Lucerne
- 12.9 / 14.9 : Zurich
- 16.9 – 17.9 : Berne
- 19.9 / 21.9 : Zurich
- 25.9 : Lausanne
- 2.10 – 3.10 : Genève
- 4.10 – 6.10 : Lugano
- Semaine 41 : ouvert
- Semaine 42 : Saint-Gall
- Semaine 43 : Winterthour
- Semaine 44 : Bâle
- Semaine 45 : ouvert
- Semaine 46 : ouvert
- Semaine 47 : ouvert
- 27.11 / 29.11 : Berne
Vous trouverez une liste actualisée de la tournée de l’« Alarme solidarité » sur
https://www.alarme-solidarite.ch/campagne
Pour de plus amples informations :
Andreas Missbach, directeur d’Alliance Sud
andreas.missbach@alliancesud.ch, 031 390 93 30
L’« Alarme solidarité » est une campagne d’Alliance Sud, Swissaid, Action de Carême, Helvetas, Caritas, EPER, Solidar Suisse, terre des hommes Suisse, Brücke Le Pont, Biovision, Comundo, Unité et Vivamos Mejor.
Organisations de soutien : Armée du Salut, Frieda, IAMANEH Suisse, Interaction, Vétérinaires sans frontières, Women’s Hope International, Médecins du Monde, Médecins sans Frontières, cbm mission chrétienne pour les aveugles, Solidarmed, Verein Bethlehem Mission Immensee, OEME-Kommission Bern, Fédération genevoise de coopération, Enfants du monde, Fedevaco, Fondation Village d’enfants Pestalozzi, connexio.
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Communiqué
Aide à l'Ukraine : le Sud global devra financer des entreprises suisses
22.08.2024, Coopération internationale
Le Conseil fédéral a publié aujourd'hui le budget 2025 avec le plan intégré des tâches et des finances 2026-2028. Celui-ci montre clairement ce que l'on pressentait depuis longtemps : la coopération au développement de la Direction du développement et de la coopération (DDC) sera massivement affaiblie, au profit du secteur privé suisse.

Des ouvriers ukrainiens reconstruisent des maisons détruites par les combats près de Kiev. La Suisse veut apporter son aide, mais en détournant les fonds de développement et en privilégiant les entreprises suisses.
© Keystone / EPA / Oleg Petrasyuk
En mai 2024, le Conseil fédéral a présenté au Parlement la Stratégie de coopération internationale (CI) 2025-2028. Le plan financier publié quelques semaines plus tard s'écarte déjà fortement de cette version et prévoit des reports budgétaires massifs. Par rapport au projet de mai, la coopération bilatérale au développement de la DDC disposera de 470 millions de francs en moins pour la période 2025-2028. Cela signifie moins d'argent pour le travail de la DDC dans ses pays prioritaires, par exemple dans les domaines de l'éducation, de la santé ou de l'agriculture.
Cela ne peut s'expliquer que par le fait que ces fonds seront directement affectés au financement du secteur privé suisse dans le cadre de l'aide à l'Ukraine. Ce projet n'était pas encore prévu dans la stratégie CI 2025-2028 publiée ; le Conseil fédéral ne l'a décidé qu'après coup, fin juin.
Il est indéniable que les entreprises suisses jouent et doivent continuer à jouer un rôle très important en Ukraine. Elles peuvent le faire dans le cadre de processus d'achat normaux et d'appels d'offres internationaux. Mais si, en favorisant de manière ciblée les entreprises suisses, on privilégie les exportations depuis la Suisse, cela fausse la concurrence au détriment des entreprises ukrainiennes qui pourraient également fournir ces produits. Or, une économie ukrainienne stable à long terme a besoin d'entreprises fortes, capables d'exporter et de générer ainsi les devises dont elle a urgemment besoin. Seul le renforcement du secteur privé ukrainien, et non son affaiblissement, aidera durablement l'Ukraine.
« Avec ce projet, le Conseil fédéral affaiblit aussi bien le Sud global que l'Ukraine. Cela ne peut pas aller dans le sens d'une coopération internationale solide de la Suisse », déclare Andreas Missbach, directeur d'Alliance Sud, le Centre de compétence suisse pour la coopération internationale et la politique de développement.
Pour plus d‘informations :
Andreas Missbach, directeur d‘ Alliance Sud, Tél. 079 847 86 48, andreas.missbach@alliancesud.ch
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