Communiqué

Un oui à la responsabilité des multinationales

26.10.2020, Coopération internationale

Pour Alliance Sud, une chose est claire : l’Initiative pour des multinationales responsables est un pas important vers la protection des populations du Sud contre l'arbitraire et l'exploitation.

 

Un oui à la responsabilité des multinationales

Communiqué

Oui à l'Initiative le 29 novembre !

01.11.2020, Coopération internationale

Les initiant-e-s de l’initiative pour des multinationales responsables ont présenté leurs arguments aujourd’hui à Berne. Celle-ci  vise une évidence : les multinationales ayant leur siège en Suisse doivent être tenues de respecter les droits humains et les standards environnementaux internationaux, également à l’étranger. Si elles ne le font pas, elles doivent répondre des dommages causés.

Oui à l'Initiative le 29 novembre !

Communiqué

Majorité populaire, mais pas des cantons

29.11.2020, Coopération internationale

Les initiant-e-s de l’initiative pour des multinationales responsables sont ravis d’obtenir la majorité populaire mais déçus d’avoir échoué à réunir la majorité des cantons. Aujourd’hui, le lobby des multinationales s’est hélas imposé, en partie grâce à des contre-vérités.

Majorité populaire, mais pas des cantons

Communiqué

Responsabilité des multinationales: loi européenne

23.02.2022, Responsabilité des entreprises

La Commission européenne a présenté aujourd’hui à Bruxelles un projet de loi sur la responsabilité des multinationales à l’échelle de l’UE. Le texte contraint les multinationales à respecter les droits humains et l’environnement et contient des règles de responsabilité civile ainsi que des sanctions en cas d’infraction, comme le proposait l’initiative pour des multinationales responsables. Le Conseil fédéral doit maintenant tenir sa promesse faite lors de la campagne de votation et veiller à ce que la Suisse ne soit pas bientôt le seul pays d’Europe sans responsabilité des multinationales.

Responsabilité des multinationales: loi européenne

© Schmuttel / pixelio.de

Communiqué

Libre-échange avec la Chine: nouvel avis de droit

12.11.2020, Commerce et investissements

L'actuel accord de libre-échange (ALE) entre la Suisse et la Chine n'offre aucune garantie que les produits issus du travail forcé n’entrent pas en Suisse à des conditions préférentielles.

Isolda Agazzi
Isolda Agazzi

Experte en politique commerciale et d'investissement, responsable média pour la Suisse romande

+41 22 901 07 82 isolda.agazzi@alliancesud.ch
Libre-échange avec la Chine: nouvel avis de droit

© GfbV

Le Conseil fédéral devrait adopter sa stratégie Chine avant la fin de l'année. Entre-temps, les rapports alarmants sur la situation des droits humains dans ce pays se succèdent, notamment en ce qui concerne le recours systématique au travail forcé du peuple Ouighour. Toutefois, l'accord de libre-échange (ALE) avec la Chine n'offre pas à la Suisse la possibilité d’exclure l’importation de produits résultant du travail forcé, avec des préférences tarifaires. C’est la conclusion d’un nouvel avis de droit.

La crise du coronavirus montre de manière éclatante la forte dépendance économique des pays européens vis-à-vis de la Chine. C'est de là, par exemple, que proviennent la plupart des masques vendus en Suisse. Proviennent-ils du travail forcé ? Les recherches du New York Times ont révélé en tout cas que de nombreux fabricants de masques chinois ont recours au travail forcé. Dans la province chinoise du Turkestan oriental (Xinjiang), au moins un million de Ouïghours sont détenus dans des camps et des dizaines de milliers sont contraints de travailler dans des usines fournissant des marques internationales.

L'actuel accord de libre-échange (ALE) entre la Suisse et la Chine n'offre aucune garantie que les produits issus du travail forcé n’entrent pas en Suisse à des conditions préférentielles. En effet, "il ne contient aucune disposition pour la protection des droits humains", comme le précise un nouvel avis de droit du professeur bernois et expert en droit du commerce international Thomas Cottier.

Aucune possibilité de sanctions en matière de politique commerciale

Comme l'ALE ne fait pas de lien entre le commerce et les droits humains, M. Cottier estime que les chances d’ajuster le traité pour qu’il protège les droits humains sont minces. L'accord de coopération en matière de travail, que le Conseil fédéral met toujours en avant et qui est entré en vigueur avec l'ALE, n'offre pas de solution en cas de travail forcé systématique. Il n'est même pas certain que cet accord parallèle soit contraignant en droit international.

Comme l'ALE avec la Chine est basé sur le droit de l'OMC, la Suisse aurait la possibilité de recourir au mécanisme de règlement des différends de l'OMC pour les produits issus du travail en prison. Cependant, étant donné que la jurisprudence de l'OMC repose en grande partie sur des précédents et qu'aucune décision sur le travail forcé n'a encore été prise, cette option semble sans espoir, d'autant plus que le fardeau de la preuve, extrêmement difficile, incombe à la partie qui porte l'affaire devant le tribunal arbitral.
 
Le rapport recommande donc à la Suisse d’ancrer à l'avenir sa politique des droits humains dans le droit de l’économie extérieure. À cette fin, on peut imaginer une nouvelle loi sur l’économie extérieure qui, dans le cadre d'un processus démocratique, définisse les conditions de négociation des accords internationaux.

Appel à un nouveau départ de la politique suisse à l'égard de la Chine

Thomas Cottier confirme ainsi les craintes qu'Alliance Sud, la Société pour les peuples menacés et Public Eye avaient exprimées avant même la conclusion de l’accord de libre-échange. La devise du Conseil fédéral "le changement par le commerce" est considérée depuis longtemps comme obsolète dans le cas de la Chine. Il est impératif que la Suisse place la protection des droits humains et de ses propres valeurs au centre de ses relations avec la Chine. C'est également la conclusion à laquelle aboutit le dernier rapport du Service de renseignement suisse (SRS). Le Conseil fédéral adoptera sa première stratégie officielle sur la Chine à la fin de l'année. Dans ce contexte, Alliance Sud, la Société pour les peuples menacés et Public Eye appellent à donner la priorité aux droits humains par rapport aux intérêts économiques à court terme.
 
 

Informations et contact:
Angela Mattli, responsable de campagne, Société pour les peuples menacés (SPM), tél. +41 79 378 54 30
Isolda Agazzi, responsable commerce et investissements, Alliance Sud, tél. +41 79 434 45 60
Thomas Braunschweig, responsable de la politique commerciale, Public Eye, tél. 044 277 79 11

Afficher l'avis de droit du professeur Thomas Cottier (en allemand)
Afficher la campagne de la SPM:  #NoComplicity: Les droits humains en Chine

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Une première pierre est posée

21.03.2023, Commerce et investissements

Lors de sa séance d'aujourd'hui, la Commission de politique extérieure du Conseil national (CPE-N) a adopté une initiative visant à réviser la « Loi fédérale sur les mesures économiques extérieures ».

L'initiative de commissioni demande au Conseil fédéral de modifier la loi afin de garantir la protection des droits humains et des standards environnementaux dans les accords commerciaux de la Suisse. Public Eye et Alliance Sud soutiennent cette première étape, mais demandent en même temps une loi complète sur l’économie extérieure. La guerre d’agression menée par la Russie en Ukraine et l’attitude agressive de la Chine vis-à-vis de Taïwan montrent que la Suisse doit asseoir sa politique économique extérieure sur une nouvelle base.

Public Eye et Alliance Sud critiquent depuis longtemps les lacunes de la base légale pour l'élaboration d'une politique économique extérieure suisse durable et équitable. La nécessité d'une meilleure prise en compte de l'impact des accords commerciaux sur les droits humains s'est récemment manifestée dans le cas de produits importés de la région chinoise du Xinjiang et soupçonnés d'être issus du travail forcé. La courte victoire dans la votation populaire sur l’accord de libre-échange avec l’Indonésie montre aussi clairement qu’une grande partie du peuple est favorable à une réorientation de la politique économique extérieure de la Suisse. Les deux organisations saluent donc l'orientation de l'initiative de commission adoptée aujourd’hui et la prise de conscience de la nécessité d'une plus grande transparence et participation parlementaire dans cet important domaine.

Pour sa légitimité démocratique, la politique économique extérieure a toutefois besoin de toute urgence d'une base juridique plus solide. C'est pourquoi Public Eye et Alliance Sud demandent une loi complète sur l'économie extérieure qui aille nettement plus loin que l'initiative de commission. La loi doit fixer un cadre clair pour les relations économiques avec des États totalitaires et définir des processus pour gérer les fréquents conflits d’objectifs de manière à promouvoir les intérêts économiques suisses à l’étranger en accord avec les objectifs de politique extérieure et les engagements internationaux de notre pays.

Plus d'informations auprès de :
Thomas Braunschweig, tel: 044 277 79 11
Andreas Missbach, tel: +41 31 390 93 30

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Un pas en faveur des droits des paysan-ne-s du Sud

21.03.2023, Commerce et investissements

La Commission de politique extérieure du Conseil national veut supprimer les clauses relatives à la protection des variétés végétale dans les accords commerciaux – un pas vers plus de souveraineté alimentaire pour les petit-e-s paysan-ne-s du Sud.

Isolda Agazzi
Isolda Agazzi

Experte en politique commerciale et d'investissement, responsable média pour la Suisse romande

+41 22 901 07 82 isolda.agazzi@alliancesud.ch

La clause de protection des variétés végétales doit à l’avenir être supprimée des accords de libre-échange négociés par la Suisse. La Commission de politique extérieure du Conseil national a adopté une initiative parlementaire en ce sens. La coalition « Droit aux semences » (Alliance Sud, Action de Carême, FIAN, EPER, Public Eye, Swissaid, Uniterre) salue ce pas vers plus de souveraineté alimentaire pour les petit-e-s paysan-ne-s du Sud et de la protection de la biodiversité.

Par 13 « oui », 7 « non » et 4 abstentions, la commission a adopté l’initiative déposée par le conseiller national Nicolas Walder (Vert-e-s/GE) et donné un signal clair : elle veut que la Suisse ne contraigne plus ses partenaires commerciaux à mettre en œuvre les directives de la Convention internationale sur la protection des obtentions végétales UPOV 91 par le biais d’une clause. La clause en question figure dans chacun des mandats de négociation des accords de libre-échange de la Suisse avec d’autres pays et oblige ces derniers à adopter des lois sur la protection des variétés végétales conformes à l’UPOV 91. Cette disposition interdit aux paysans d'échanger ou de vendre des semences qu'ils produisent eux-mêmes, s’il s’agit de variétés protégées. Même la multiplication destinée à leurs propres besoins n’est autorisée que de manière limitée et soumise à paiement.

Aujourd'hui, la Suisse a toutefois fait un pas en faveur du respect des droits des paysan-ne-s sur les semences. « Ces droits permettent aux petit-e-s paysan-ne-s d’améliorer leur sécurité alimentaire et de protéger la biodiversité », explique Simon Degelo, responsable du dossier semences et biodiversité chez SWISSAID.

Droit à la libre utilisation

Les pratiques séculaires des paysan-ne-s consistant à réutiliser, échanger ou vendre les semences produites dans leurs propres champs sont indispensables à la sécurité alimentaire dans les pays du Sud. Elles garantissent l'approvisionnement en semences et jouent un rôle central dans le maintien et le développement de la diversité des cultures. C'est pourquoi les droits des paysan-ne-s de reproduire, d'utiliser, d'échanger et de vendre des semences sont inscrits dans la Déclaration des Nations unies sur les droits des paysan-ne-s (UNDROP) ainsi que dans le Traité international sur les semences de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO). La clause UPOV restreint ces droits à l'échelle mondiale : « La Suisse doit défendre le droit aux semences et donc le droit à l'alimentation », complète Tina Goethe, codirectrice du département politique de développement et priorités thématiques de l'EPER.

La coalition suisse « Droit aux semences » compte désormais sur la Commission de politique extérieure du Conseil des États pour qu’elle vote elle aussi en faveur de cette initiative parlementaire.

 

Initiative parlementaire « Plus de clause relative à l'UPOV dans les mandats de négociations des accords commerciaux suisses » - 22.492

Personnes de contact :
Simon Degelo, responsable semences et biodiversité SWISSAID, tél. : +41 76 824 00 46
Tina Goethe, codirection du département politique de développement et priorités thématiques, EPER, tél. : +41 76 516 59 57

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Combattre efficacement la faim dans le monde

29.01.2016, Finances et fiscalité

Malgré une production suffisante de denrées alimentaires, 800 millions souffrent toujours et encore de la faim. L’initiative contre la spéculation alimentaire propose des mesures contre ce scandale.

Combattre efficacement la faim dans le monde

© Erich Westendarp / pixelio.de

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RFFA: vieilles failles – nouvelles étiquettes

08.04.2019, Finances et fiscalité

Le 19 mai, les électeurs se prononcent sur la « réforme fiscale et financement de l’AVS » (RFFA). Le volet fiscal du projet de loi ne représente aucun progrès en matière de politique de développement par rapport à la RIE III.

Dominik Gross
Dominik Gross

Expert en politique fiscale et financière

+41 31 390 93 35 dominik.gross@alliancesud.ch
RFFA: vieilles failles – nouvelles étiquettes

Une affaire au détriment du Sud.
© Pixabay

La réforme de l'imposition des entreprises (RIE III) a été clairement rejetée en février 2017 grâce à la résistance des syndicats et des partis rouges-verts aux urnes. La partie fiscale de la RFFA – comme c'était déjà l'objectif de la RIE III – con­siste désormais à remplacer les anciens privilèges fiscaux spéciaux accordés aux entreprises des secteurs pharmaceutique, financier et des matières premières, qui doivent être abolis d'ici fin 2019, par de nouvelles incitations à la fraude fiscale. La boîte à brevets, l'impôt sur les bénéfices ajusté en fonction des intérêts ou l'indication des réserves latentes en cas d'immigration doivent être utilisés comme nouveaux instruments.

Dominik Gross, expert financier chez Alliance Sud, déclare : « Avec la RFFA, la Suisse veut continuer à importer des profits des multinationales étrangères. Les mécanismes correspondants recevront simplement de nouveaux noms. » Ce sont les pays en développement qui en subissent le plus les conséquences : les transferts de bénéfices des multinationales vers des juridictions à faible fiscalité comme la Suisse privent les communautés du monde entier de centaines de milliards de dollars de recettes fiscales potentielles chaque année. Dominik Gross : « C'est de l'argent qui serait nécessaire d'urgence pour lutter contre la pauvreté dans les pays du Sud ou pour la transition vers des infra­structures respectueuse du climat. »

Dans son document d’analyse détaillée sur la RFFA, Alliance Sud met en lumière les points suivants dans une perspective de développement :

  • Les anciens privilèges fiscaux accordés aux multinationales ne seront plus tolérés par l'UE et l'OCDE à partir de 2020. Ils devront être abolis d'ici la fin de l'année, quel que soit le résul­tat du vote sur la RFFA. Charles Juillard, président de la Conférence des directeurs financiers cantonaux, a déclaré à Radio RSF que le Département fédéral des finances l'avait récemment confirmé.
  • L'alternative la plus probable à la RFFA serait un mini-modèle sans nouveaux privilèges, comme le PDC l'avait déjà proposé lors de la consultation sur la proposition fiscale 17 de l'époque – avant de la lier au financement AVS.
  • Les nouvelles déductions fiscales sur les gains de brevets dans le cadre de la boîte à bre­vets sont difficiles à calculer. Selon les informations de l'administration fédérale, elles entraî­neront une réduction maximale de 70 % du bénéfice imposable et permettront ainsi d'atteindre un taux effectif d'imposition de seulement 9 %. La Suisse resterait ainsi une locomotive de la concur­rence fiscale internationale, ruineuse pour la population.
  • Le couplage de l'impôt sur le bénéfice ajusté en fonction des intérêts à un taux d'imposition minimum cantonal n'a aucun effet sur le développement. Pour les Etats dont les recettes fis­cales sont déduites, il importe peu que les bénéfices des sociétés correspondantes soient trans­férés dans différents cantons suisses ou qu'ils soient tous concentrés dans quelques cantons (pour l'instant, cela ne serait possible qu'à Zurich).
  • La nouvelle règle de remboursement en vertu du principe de l'apport en capital (PAC) ne s'applique pas lorsque les actionnaires concernés sont des personnes morales. Les réser­ves issues du capital d'une société qui s'installe en Suisse ou d'une filiale d'un groupe étranger après le 24 février 2008 (introduction de la PAC) sont également exemptées de la règle de rem­boursement. Dans tous ces cas, même après l'introduction de la RFFA, les sociétés peuvent ainsi rembourser à leurs actionnaires - en particulier aux actionnaires étrangers - leurs réserves de capi­taux à investir en toute exonération fiscale et continuer ainsi à éviter complètement l'imposition des dividendes en Suisse.
  • En augmentant sensiblement la part de l'impôt fédéral direct du canton, la Confédération subventionne des réductions d'impôts massives pour toutes les entreprises cantonales selon le principe de l'arrosoir. Cela donne un nouvel élan à la spirale descendante des taux d'imposition normaux dans la concurrence fiscale inter cantonale. Etant donné que les cantons sont également impliqués individuellement dans la « course internationale vers le bas », cette mesure est également préjudiciable à la politique de développement. En avril 2018, la Confédé­ration suisse des syndicats a supposé que le taux moyen de l'impôt cantonal sur les bénéfices serait réduit de 40 % à la suite de la proposition fiscale. La RFFA n'y change rien. La boîte à bre­vets et l'impôt sur les bénéfices ajusté en fonction des intérêts n'entravent pas cette spirale des­cendante – contrairement à ce que l'on prétend souvent. C'est ce que montrent les concepts de mise en œuvre de la RFFA de nombreux cantons.

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La Suisse mal notée en comparaison européenne

19.01.2021, Justice climatique

Les pays européens doivent contribuer nettement plus au financement international de la lutte contre le changement climatique dans les pays en développement. C’est ce que demande un nouveau rapport de Act Alliance EU. La Suisse est particulièrement concernée : pratiquement aucun autre pays n’interprète avec autant de laxisme l’exigence de l’ONU de fournir un financement climatique à partir de fonds « nouveaux et additionnels ».

La Suisse mal notée en comparaison européenne

von Jürg Staudenmann, ehemaliger Fachverantwortlicher «Klimapolitik» Alliance Sud, und Yvan Maillard Ardenti, Verantwortlicher Klimagerechtigkeit, Brot für alle

Le « Rapport sur l’état du financement international du climat en Europe » publié par Act Alliance EU conclut que si les pays européens ont contribué plus que les autres nations riches à aider les pays en développement à lutter contre la crise climatique, ils n’ont pas fait preuve d’une grande générosité. En effet, les efforts de la plupart des pays européens restent en deçà de « ce qui serait nécessaire pour atteindre les 100 milliards de dollars par an prévus dans l’accord de Paris sur le climat de 2015 ».

Le rapport replace dans un contexte européen des conclusions similaires d’une récente étude d’Alliance Sud. « Le rapport confirme que la Suisse, mesurée à sa puissance économique, contribue bien trop peu au financement international de la lutte contre le changement climatique par rapport à d’autres pays européens comparables », déclare Yvan Maillard Ardenti, responsable du dossier justice climatique chez Pain pour le Prochain, l’un des membres de l’Alliance ACT EU. Malgré ses performances économiques élevées en termes de Revenu National Brut (RNB), la Suisse n’occupe que la neuvième place.

Trop peu d’argent supplémentaire pour l’adaptation

La Suisse se vante souvent de fournir un financement équilibré entre d’un côté les projets de réduction des émissions et de l’autre les projets d’adaptation au réchauffement climatique dans les pays en développement. « Les mesures d’adaptation sont essentielles, car le réchauffement climatique touche les couches les plus pauvres de la population dans le Sud bien plus que nous », explique Judith Macchi, responsable du climat à l’EPER. Le nouveau rapport montre toutefois que la part du financement suisse de l’adaptation au réchauffement climatique, qui s’élève à 46 %, a été dépassée par la moitié des pays européens en 2018. La plupart des pays allouent en effet 50 à 70 % de leur financement climatique à des mesures d’adaptation. La Belgique (84%), la Hongrie (93%) et la Pologne (96%) ont des pourcentages encore plus élevés.

« Il est particulièrement choquant que la Suisse ignore l’appel de l’ONU à fournir des fonds nouveaux et additionnels pour soutenir les plus pauvres du Sud dans la lutte contre la crise climatique qui progresse », critique Jürg Staudenmann, responsable de la politique climatique à Alliance Sud. Selon lui, il est cynique de déclarer des fonds comme « additionnels » alors qu’ils sont puisés dans le budget de la coopération au développement et que ce dernier n’a pas augmenté ; en d’autres termes, ces fonds sont réalloués au détriment des tâches conventionnelles de la coopération au développement. L’argument selon lequel le Parlement approuve chaque année le budget de la coopération au développement ne répond certainement pas à l’appel de l’ONU pour un financement du climat « additionnel ».

 

ACT Alliance EU est un réseau de 13 organisations humanitaires et de développement européennes qui ont été fondées par des églises (dont Pain pour le Prochain et l’EPER). Son objectif est d’influencer la politique et les pratiques de l’UE en matière de développement et d’aide humanitaire afin d’améliorer durablement la vie des personnes touchées par la pauvreté et l’injustice dans le monde. ACT Alliance EU fait partie de ACT Alliance (Action by Churches Together), une coalition mondiale de plus de 130 organisations d’aide et de développement.