Stratégie 2025-2028

La coopération internationale au bord du gouffre

21.06.2024, Coopération internationale, Financement du développement

À la mi-mai, le Conseil fédéral a adopté le message tant attendu sur la stratégie de coopération internationale (CI) 2025-2028. Dans ce document, il persiste à financer l’aide à l’Ukraine au détriment du Sud global, ignorant ainsi les résultats de la consultation publique.

Laura Ebneter
Laura Ebneter

Experte en coopération internationale

La coopération internationale au bord du gouffre

© Ruedi Widmer

En termes de contenu, le Conseil fédéral se contente de miser sur des thèmes et des stratégies de mise en œuvre éprouvés dans sa stratégie 2025-2028. Ceci dans un monde qui, selon cette stratégie, est plus fragmenté, plus instable et plus imprévisible. Le Conseil fédéral opte donc pour davantage de flexibilité, sa devise du moment. En conférence de presse, le conseiller fédéral Ignazio Cassis a déclaré que la flexibilité était nécessaire pour faire face aux crises actuelles. Mais en lisant la stratégie de CI, on se rend vite compte que la flexibilité signifie en fait que la totalité de l'aide à l'Ukraine, qui s’élève à 1,5 milliard de francs, proviendra du budget de la coopération internationale et que les montants alloués à d'autres pays et programmes seront donc réduits de manière « flexible ».

Aujourd'hui ici, demain ailleurs

Lors de la conférence de presse du 10 avril sur la conférence de paix au Bürgenstock et l'aide à l'Ukraine, le conseiller fédéral Ignazio Cassis avait déjà parlé d'une réallocation continue des ressources dans la CI. Selon lui, l'affectation des ressources est un processus stratégique et dynamique et non une attitude statique. Une telle approche dynamique peut certes être utile, par exemple dans le cadre de la combinaison (« nexus ») flexible des trois piliers de la CI, à savoir l'aide humanitaire, la coopération au développement et la promotion de la paix. Souvent, les frontières entre ces approches sont de toute façon floues.

Une coopération internationale qui déplace en permanence ses ressources entre divers pays et régions ne peut pas instaurer de partenariats sérieux à long terme. Or, c'est précisément ce dont elle a besoin pour être efficace et efficiente. Il faut de la confiance et un engagement à long terme, des relations établies et maintenues par les programmes de coopération au développement. Ou pour reprendre les mots du conseiller fédéral Cassis lors d'un échange avec des ONG en 2022 :
« fiabilité, confiance et prévisibilité ». Si la CI suisse devient le jouet de considérations géopolitiques, elle manquera des réseaux et du personnel nécessaires sur le terrain. La guerre en Ukraine a marqué un tournant ; mais cela ne doit pas conduire la CI suisse à abandonner ce qu'elle a mis de nombreuses années à construire et à réaliser avec ses pays partenaires.

Une solidarité internationale déficiente

En décidant de financer l'aide à l'Ukraine à partir du budget de la CI, le Conseil fédéral inflige de multiples désaveux. D'une part, il désavoue le Sud global qui, depuis des années, appelle les pays riches à respecter l'objectif reconnu sur la scène internationale de 0,7 % du revenu national brut pour le financement du développement (aide publique au développement, APD). Avec le projet du Conseil fédéral, la Suisse affichera une APD de 0,36 % (hors coûts de l'asile) en 2028. Où est donc la tradition humanitaire si souvent mise en avant quand on a besoin d’elle ?

Et le Conseil fédéral adresse un second désaveu aux organisations, partis et cantons qui ont participé à la consultation. En effet, une majorité écrasante de 75 % d’entre eux, qui ont répondu explicitement à une question dans ce sens, ont déclaré que l'aide à l'Ukraine ne devait pas se faire au détriment d'autres régions et priorités de la CI, comme l'Afrique subsaharienne ou le Moyen-Orient. Aucun parti politique, à l'exception de l'UDC — dont le programme aspire à l’abolition de la coopération au développement —, ne soutient le financement de la reconstruction de l'Ukraine à partir de la CI. Le Parlement n'a malheureusement pas encore trouvé de solutions susceptibles de réunir une majorité sur la manière de mettre en œuvre cette mesure sur la trame des querelles autour des finances fédérales.

Une Suisse peu crédible actionne le frein à l’endettement

Les pays étrangers ne manquent pas de remarquer que la Suisse se repose sur son statut spécial de pays neutre, aussi confortable que lucratif, et qu'elle ne s’implique pas suffisamment dans la lutte défensive de l'Ukraine — que le soutien soit de nature militaire ou humanitaire. Avec un taux d'endettement de 17,8 % du produit intérieur brut la Suisse ne peut pas expliquer de manière crédible sur la scène internationale pourquoi elle ne peut pas fournir de fonds supplémentaires à l'Ukraine. En parallèle, avec leurs propositions de financement pour le réarmement de l’armée et la 13e rente AVS, l’UDC et le PLR alimentent l'idée que notre pays pourrait se désengager totalement de ses obligations internationales.

La Suisse s'isole ainsi de plus en plus et perd toute crédibilité sur la scène internationale. Adieu le rôle de médiateur, adieu la tradition humanitaire et le partenaire fiable. Le Conseil fédéral a bien interprété les signes des temps, mais il a choisi la voie de l'isolement. Seul le Parlement peut donc encore corriger le tir et amorcer un changement de cap pour l'Ukraine et le Sud global.

Global Logo

global

Le magazine d'Alliance Sud analyse et commente la politique étrangère et de développement de la Suisse. « global » paraît quatre fois par an et l'abonnement est gratuit.

Global, Opinion

Le putsch au Conseil des Etats menace la sécurité humaine

21.06.2024, Financement du développement

La lecture attentive du message sur la stratégie de CI 2025 – 2028 que le Conseil fédéral a envoyé au Parlement nous a quelque peu effrayés. Mais le grand choc a eu lieu début juin, lorsque la CI a été attaquée soudainement dans le cadre du message sur l'armée au Conseil des Etats.

Le putsch au Conseil des Etats menace la sécurité humaine

© Services du Parlement / Franca Pedrazzetti

Il était bien connu que le Conseil fédéral veut financer entièrement le soutien à l'Ukraine au détriment du Sud global, la cause de la petite horreur à la lecture du message de la CI, n'était donc qu'un détail significatif. Concernant la baisse du taux d'APD (nous le savions déjà, malheureusement), il est écrit dans la version allemande : « Cela s'explique par le taux de croissance du RNB [réd : le revenu national brut, c'est-à-dire l'économie] supérieur à celui des crédits alloués à la CI, en raison des mesures financières liées au frein à l'endettement. » Comment ? Se pourrait-il que le monde entier, qui en a les moyens, s'endette pour relancer l'économie en cas de crise financière ou d'épidémie, et que l'on imagine dans la Berne fédérale que la réduction de la dette publique grâce au frein à l'endettement entraînera une croissance économique ? Mais l'alerte a été levée par la suite, ce n'était qu'une erreur de traduction venant de la version française.

Le 3 juin, nous avons été très choqués en suivant les délibérations du Conseil des Etats. Tout d'abord, il a rejeté une proposition qui aurait permis d'augmenter les dépenses de l'armée jusqu'en 2030, comme le voulait absolument la majorité bourgeoise masculine (il s'agit surtout d’hommes), de manière extraordinaire et combinée avec le financement extraordinaire de l'aide à l'Ukraine. Mais aussitôt après, cette majorité a décidé de gonfler le budget de l'armée de quatre milliards pour l'achat d'armes et de rogner en contrepartie de deux milliards la coopération au développement. Une attaque frontale contre la CI ! (Malheureusement des métaphores militaires viennent constamment à l'esprit...)

Et ce, même si le Secrétariat d'Etat à la politique de sécurité nouvellement créé déclare : « Une menace militaire directe comme une attaque armée contre la Suisse est peu probable à court et moyen terme. » En revanche, les menaces, comme les cyber-attaques, se sont intensifiées. On a oublié ou jamais pris connaissance de ce que le Conseil fédéral écrit dans le rapport sur la politique de sécurité : « Elle [la politique étrangère] participe au renforcement de la sécurité et de la stabilité internationales en proposant ses bons offices, en contribuant à la promotion de la paix, en s'investissant en faveur du droit international, de l'Etat de droit et des droits de l'homme, en luttant contre les causes de l'instabilité et des conflits au moyen de la coopération au développement et en soulageant la population civile grâce à l’aide humanitaire. »

Apparemment, c’est trop demander que la notion de sécurité humaine soit entendue par la majorité du Conseil des États.  Mais la bataille pour sauver la CI n'est pas encore perdue, la contre-attaque est en cours et nous ne nous rendons pas ! Veuillez excuser, une fois de plus, les métaphores militaires !

Global Logo

global

Le magazine d'Alliance Sud analyse et commente la politique étrangère et de développement de la Suisse. « global » paraît quatre fois par an et l'abonnement est gratuit.

Communiqué

Aide au développement pour les entreprises suisses

26.06.2024, Financement du développement

Le Conseil fédéral a décidé aujourd'hui de soutenir le secteur privé suisse à hauteur de 500 millions de francs pour la reconstruction de l'Ukraine. Le tout sera financé par le montant prévu dans le budget de la coopération internationale 2025-2028, qui était en fait destiné à l'Ukraine. Mais même le Conseil fédéral s'est aperçu que cette proposition était contraire à la loi.

Aide au développement pour les entreprises suisses

Charkiw (Ukraine). © imago

Le Conseil fédéral a présenté la stratégie de coopération internationale (CI) 2025-2028 au Parlement en mai 2024. Il y prévoit de consacrer 1,5 milliard de francs à l'aide à l'Ukraine. Dans cette même stratégie, il écrit que la promotion du secteur privé local joue un rôle crucial : « La collaboration entre la CI et le secteur privé est toujours axée sur l’objectif de la lutte contre la pauvreté et du développement durable. Les bénéficiaires sont les PME locales et la population » (p. 39). À peine un mois plus tard, le Conseil fédéral abandonne cette idée. Désormais, il prévoit en effet 500 millions de francs pour le secteur privé suisse pour la reconstruction de l'Ukraine. C'est plus que la totalité des fonds bilatéraux de la DDC pour l'Afrique subsaharienne en une année (2022).

Le Conseil fédéral sait que la promotion du secteur privé suisse avec les moyens de la coopération au développement est contraire à la loi, car il doit préparer une nouvelle base légale à cet effet. Alliance Sud ne comprend pas les raisons pour lesquelles le Conseil fédéral formule actuellement une telle proposition avant même que la stratégie 25-28 de la CI ne soit examinée par le Parlement. Il est inconcevable que ce dernier puisse se prononcer sur des crédits d'engagement de la coopération internationale si 500 millions de francs doivent être alloués sans base légale existante.

« Le fait que les fonds destinés à la coopération internationale doivent servir à financer des entreprises suisses est un scandale », dénonce Andreas Missbach, directeur d'Alliance Sud, le centre de compétences pour la coopération internationale et la politique de développement. Avec cette décision, la pratique de l'aide liée (tied aid), qui est sous le feu des critiques internationales, devrait être appliquée à grande échelle en Ukraine. « Cela renchérira massivement la reconstruction si l'Ukraine ne peut pas choisir le fournisseur le moins cher pour un produit ou un service, mais doit dépendre des fournisseurs onéreux des pays donateurs », poursuit-il.


Pour de plus amples informations :
Andreas Missbach, directeur d’Alliance Sud,
tél. 031 390 93 30, andreas.missbach@alliancesud.ch

 

 

Communiqué

La Chambre de destruction menace la sécurité de la Suisse

04.06.2024, Financement du développement

La décision prise hier par le Conseil des États de retirer deux milliards de francs à la coopération au développement est fatale et met en péril la sécurité de la Suisse. Les coupes pratiquées dans la coopération au développement d'aujourd'hui sont les crises de demain et la réputation internationale de la Suisse serait irrémédiablement ternie.

 

La Chambre de destruction menace la sécurité de la Suisse

Session d'été au Conseil des Etats. Grande absente : la solidarité. © Parlamentsdienste 3003 Bern

 

Selon l'ONU, près de 300 millions de personnes dans le monde dépendront de l’aide humanitaire en 2024. Elles sont touchées par des guerres, des catastrophes naturelles ou la faim et ont un urgent besoin de nourriture, d'eau potable, de soins médicaux, d'accès à l'éducation ou de protection. L'aide humanitaire assure la survie, tandis que la coopération au développement apporte une contribution majeure pour que les gens puissent échapper durablement à la pauvreté.

Les économies prévues par le Conseil des États en faveur de l'armée, ainsi que les contributions pour l'Ukraine, entraîneraient des coupes équivalentes à un tiers du budget. Cela stopperait des projets en cours et couronnés de succès et détruirait des structures mises en place depuis des décennies pour atteindre les personnes qui ont le plus besoin d'aide. La prévention des conflits à long terme ne doit pas être reléguée au second plan en raison du réarmement consécutif à l'invasion russe de l'Ukraine. La coopération au développement apporte une contribution indispensable à la sécurité de la Suisse à longue échéance.

 

MM_Grafik_Staenderat_Kuerzung_IZA_Armee_Ukraine_FR.png

 

Financer le réarmement de l'armée aux dépens des plus pauvres signifierait que la coopération au développement, déjà amaigrie par les coupes budgétaires et le financement de l'aide à l'Ukraine, ne serait plus en mesure de remplir son mandat constitutionnel. Les 500 millions de francs par an qui seraient supprimés représentent nettement plus de fonds que le soutien total de la Suisse à l'Afrique. Notre pays devrait abandonner les populations de pays entiers. Il faudrait qu’il retire son soutien à des organisations multilatérales comme le Programme alimentaire mondial, qui sauve des gens de la famine, le Fonds des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF) ou la Banque africaine de développement. Les conséquences seraient désastreuses pour la réputation internationale de la Suisse, déjà critiquée pour son manque d'engagement.

« Les politiciens fauteurs d’insécurité du Conseil des États s'accommodent d'une instabilité supplémentaire qui pousse les gens à la fuite. Ils ne se soucient pas non plus du fait que la Suisse se rendrait encore plus attaquable sur la scène internationale avec une telle décision. La Chambre de destruction doit être ramenée à la raison par le Conseil national », s’emporte Andreas Missbach, directeur d'Alliance Sud, le centre de compétence pour la coopération internationale et la politique de développement.

 

Pour de plus amples informations :

Andreas Missbach, directeur d’Alliance Sud
tél. 031 390 93 30, andreas.missbach@alliancesud.ch

Laura Ebneter, experte en coopération internationale chez Alliance Sud
tél. 031 390 93 32, laura.ebneter@alliancesud.ch

Communiqué

Le Conseil fédéral feint l’indifférence

22.05.2024, Financement du développement

Le Conseil fédéral a adopté aujourd'hui le message tant attendu sur la stratégie de coopération internationale 2025-2028. Il y fait totalement abstraction des résultats de la consultation publique et s'en tient à un financement de la reconstruction de l'Ukraine aux dépens du Sud global.

Le Conseil fédéral feint l’indifférence

Avec son message sur la coopération internationale, le Conseil fédéral déplace drastiquement les priorités
au détriment des pays du Sud global, alors que la Suisse n'a pas tenu ses promesses depuis des décennies.
© Anthony Anex / Keystone

Dans ses prises de position antérieures, le Conseil fédéral a toujours minimisé les changements de priorités dans la coopération internationale (CI). Lors de la conférence de presse du 10 avril, le conseiller fédéral Ignazio Cassis prétendait encore que les contributions à l'Ukraine ne se feraient guère sentir en raison de la croissance du budget. Le projet qui vient d'être publié montre pourtant une réalité tout autre : 39 % des fonds destinés à la coopération au développement sont dépensés en Europe, en Afrique du Nord et au Moyen-Orient. L'Afrique subsaharienne, où devrait se concentrer la coopération au développement promise, reçoit moins, à savoir 38 % des fonds de la coopération au développement. Dans la coopération économique au développement, le changement est encore plus radical : 42 % des fonds sont désormais destinés à l'Europe, tandis que l'Afrique subsaharienne n’en reçoit que 13 %. Les coupes aux dépens des pays les plus pauvres sont dramatiques.

Financement additionnel et extraordinaire nécessaire

« L'aide contre la pauvreté et la détresse est plus urgente que jamais. Une situation exceptionnelle comme la guerre en Ukraine nécessite des moyens extraordinaires : les populations du Sud global ne doivent pas en payer la facture », tonne Andreas Missbach, directeur d'Alliance Sud, le centre de compétence suisse pour la coopération internationale et la politique de développement.

L'effondrement prévu du financement public du développement, qui ne représente plus que 0,36 % du revenu national brut, est grave également. « Une quote-part aussi basse — la moitié de l'objectif convenu au niveau international et promis par la Suisse, et le niveau le plus bas depuis une décennie — est absolument inacceptable et indigne d'un pays riche comme la Suisse », poursuit Andreas Missbach.

Renforcer la coopération internationale de la Suisse

Au vu des nombreuses crises et guerres, il est plus que jamais nécessaire que la Suisse renforce son engagement international. Dans une note d’information, Alliance Sud a rassemblé les principales informations de base pour une CI en prise sur l’avenir.

Note d’information : Renforcer la coopération internationale de la Suisse

 

Note d'information

Renforcer la coopération internationale de la Suisse

23.05.2024, Financement du développement

Cette année, la Suisse définit l'orientation de sa coopération internationale (CI) jusqu'en 2028. Celle-ci doit tenir compte des besoins locaux, en solidarité avec les pays partenaires. Inscrite dans le cadre de référence global de l'Agenda 2030, l'orientation s'est élargie au-delà de la lutte contre la pauvreté : la transformation sociale et écologique de l'économie et de la société doit faire partie de la CI à long terme. La note d'information d'Alliance Sud montre comment la Suisse manque à ses promesses internationales depuis 50 ans, comment elle augmente même artificiellement sa contribution et comment elle démantèle actuellement la CI. Il y aurait pourtant de bonnes raisons de la développer plutôt que de la démanteler.

Laura Ebneter
Laura Ebneter

Experte en coopération internationale

Renforcer la coopération internationale de la Suisse

Soldat peu avant la visite du Conseil fédéral à Maputo, Mozambique. © Peter Klaunzer / Keystone

Communiqué

Dépenses de développement : la contribution de la Suisse reste insuffisante

11.04.2024, Financement du développement

La Confédération affiche sa solidarité au Forum de la coopération internationale (IC Forum) à Bâle, et pourtant, comme par le passé, elle gonfle ses dépenses publiques en faveur du développement. Le chiffre publié par l'OCDE pour l'année 2023 est essentiellement dû aux sommes consacrées à l’asile qui restent sur le territoire national et qui représentent près d'un tiers de « l’aide étrangère » totale. Avec une contribution de 0,43 %, la Suisse manque de beaucoup l'objectif convenu au niveau international de 0,7 % du revenu national brut.

 Dépenses de développement : la contribution de la Suisse reste insuffisante

En comparaison internationale, la Suisse chute à une médiocre dixième place (Infographique d'Alliance Sud / Source: OCDE-DAC 2024)

Conformément aux chiffres publiés aujourd'hui par le Comité d'aide au développement (CAD) de l'OCDE, l'augmentation de l'aide publique au développement (APD) helvétique résulte notamment des coûts d'hébergement des réfugiés ukrainiens en Suisse, qui peuvent en toute absurdité être imputés à l’APD. En 2023, ils représentaient 28 % des dépenses suisses en faveur du développement. Ces fonds sont certes utilisés pour la protection des personnes en Suisse, mais ils n'ont aucun effet sur la politique de développement et ne favorisent pas la réduction de la pauvreté et des inégalités dans le Sud global.

 

#SoyonsSolidairesMaintenant

« Il faut désormais plus de solidarité avec les nombreuses personnes qui vivent dans l'extrême pauvreté et qui courent le risque d’être laissées pour compte. La Suisse doit enfin remplir l'objectif de l'ONU qu'elle a soutenu et consacrer 0,7 % du revenu national brut au financement du développement », tonne Andreas Missbach, directeur d'Alliance Sud. Et voilà que la reconstruction de l'Ukraine devrait également être financée par le budget de la coopération internationale. Dès 2025, l'Ukraine recevrait ainsi plus de moyens financiers que tous les programmes bilatéraux de la DDC en Afrique subsaharienne réunis.

« C'est un scandale : la communauté internationale a du mal à comprendre qu'avec une dette publique de 16 %, la Suisse fait des économies sur le dos des plus démunis », poursuit Andreas Missbach. Une large coalition des milieux de l'éducation, de la recherche, de la société civile et de la culture demande donc une augmentation de la coopération au développement à travers la campagne #SoyonsSolidairesMaintenant.

 

Pour de plus amples informations :
Andreas Missbach, directeur d’Alliance Sud, tél. 031 390 93 30, andreas.missbach@alliancesud.ch
Laura Ebneter, responsable de la coopération internationale chez Alliance Sud, tél. 031 390 93 32, laura.ebneter@alliancesud.ch

 

 

Communiqué

La reconstruction de l'Ukraine ruine une coopération au développement qui a fait ses preuves

10.04.2024, Financement du développement

Le Conseil fédéral a pris aujourd'hui sa décision, attendue depuis des mois, au sujet de l'aide à l'Ukraine : 5 milliards de francs doivent y être consacrés au cours des douze prochaines années. Il passe toutefois sous silence le fait que la coopération au développement de la Suisse, qui a fait ses preuves, est ainsi frappée de plein fouet. En effet, à partir de 2025, l'Ukraine recevrait plus de moyens que tous les programmes bilatéraux de la DDC en Afrique subsaharienne.

La reconstruction de l'Ukraine ruine une coopération au développement qui a fait ses preuves

Avec les contributions décidées par le Conseil fédéral pour l'Ukraine, celle-ci recevrait en 2025 plus de moyens que tous les programmes bilatéraux de la DDC en Afrique subsaharienne.  Graphique : Alliance Sud

Nul ne conteste que des ressources substantielles seront nécessaires pour la reconstruction de l'Ukraine et que la Suisse doit, elle aussi, apporter une contribution financière significative à l'aide humanitaire et à la reconstruction. Selon le Conseil fédéral, jusqu’en 2028 l'aide à l'Ukraine à hauteur de 1.5 milliard de francs devrait être financée à 100% à partir du budget de la coopération internationale ; c’est totalement inacceptable. De plus, le financement des 3.5 milliards restants n'a pas encore été clarifié. Là aussi, il y a un risque que cela soit entièrement à la charge de la coopération internationale.

Le Conseil fédéral fait fi de la consultation

75% des réponses à la consultation sur la stratégie de coopération internationale (CI) 2025-2028 demandent que l'aide à l'Ukraine ne se fasse pas au détriment d'autres régions et priorités de la CI, comme l'Afrique subsaharienne ou le Moyen-Orient. 5 partis politiques sur 7 (Le Centre en termes très clairs) et 9 cantons sont de cet avis. Seuls 3 des 215 participants à la consultation se déclarent explicitement favorables à ce que l'aide à l'Ukraine se fasse sur le dos de la CI (24% ne se sont pas prononcés sur le sujet). De même, la Commission consultative de la coopération internationale du Conseil fédéral a exprimé son opposition à un financement de l'Ukraine aux dépens des plus démunis. S’en tenir au milliard et demi du budget 2025-2028 de la CI pour le financement de l'Ukraine équivaut donc à faire totalement fi des résultats de la consultation.

Le Parlement doit respecter la volonté du peuple

Désormais, seul le Parlement peut corriger la décision erronée du Conseil fédéral. Il délibérera et adoptera la stratégie de coopération internationale 2025-2028 lors des sessions d'automne et d'hiver. « Il convient d’éviter que la coopération au développement de la Suisse, qui a fait ses preuves, soit frappée de plein fouet », déclare Andreas Missbach, directeur d'Alliance Sud, le centre de compétences pour la coopération internationale et la politique de développement. Le Parlement respecterait ainsi la volonté du peuple qui, selon un sondage du Centre pour le développement et la coopération de l'EPFZ (NADEL), souhaite miser davantage sur la coopération au développement que sur l'armée. Conformément à l’étude « Sécurité 2024 » de l’EPFZ, même au centre de l'échiquier politique, une nette majorité des personnes interrogées est favorable à un renforcement des moyens alloués au Sud global.

Pour de plus amples informations :

Andreas Missbach, directeur d’Alliance Sud, tél. 031 390 93 30, andreas.missbach@alliancesud.ch

 

 

Communiqué

Davantage de moyens pour l'Ukraine : Le Centre doit maintenant joindre le geste à la parole

05.03.2024, Coopération internationale, Financement du développement

Le Conseil national a rejeté aujourd'hui la motion de sa Commission des finances qui aurait garanti que la reconstruction de l'Ukraine ne soit pas financée sur le dos du Sud global. Le Centre doit sans tarder transformer en actes les paroles de sa prise de position sur la coopération internationale (CI) 2025-2028.

 

Davantage de moyens pour l'Ukraine : Le Centre doit maintenant joindre le geste à la parole

© Services du Parlement, 3003 Berne / Monika Flückiger

Le président ukrainien Volodimir Selenski rencontre les présidents du Conseil national et du Conseil des États lors de sa visite en Suisse en janvier 2024.

 

Le projet de stratégie de coopération internationale (SCI) 2025-2028 prévoit que le Conseil fédéral consacre au moins 1,5 milliard de francs à l'Ukraine au cours des quatre prochaines années. La consultation a toutefois clairement montré qu'un soutien solidaire à l'Ukraine ne devait pas se faire au détriment d'autres priorités et programmes. Ainsi, dans sa réponse à la consultation sur la stratégie de CI, Le Centre demande également que les dépenses supplémentaires en faveur de l'Ukraine fassent l’objet d’une présentation et d’une demande séparées et que les crédits d'engagement de la stratégie de CI ne soient pas réduits pour autant.

Le rejet aujourd'hui de la motion pour la création d'un fonds pour la reconstruction de l'Ukraine (motion 23.4350) est donc tout à fait incompréhensible. « Le Centre a manqué l'occasion de joindre le geste à la parole aujourd’hui : il doit sans tarder élaborer des propositions susceptibles de recueillir une majorité pour le financement de la reconstruction de l'Ukraine en dehors de la CI, d'ici au traitement de la stratégie par les Chambres », lance Andreas Missbach, directeur d'Alliance Sud, le centre de compétence suisse pour la coopération internationale et la politique de développement. Et comme Le Centre l’écrit lui-même en substance dans sa réponse à la consultation : tout le reste va à l’encontre de la tradition humanitaire de la Suisse et, selon Le Centre toujours, ne peut pas être dans l'intérêt du pays à long terme.

Pour de plus amples informations :
Andreas Missbach, directeur d’Alliance Sud, tél. 031 390 93 30, andreas.missbach@alliancesud.ch

Fiche d'information sur la reconstruction de l'Ukraine financée à titre extraordinaire

Fiche d'information

Reconstruction de l'Ukraine : globale et extraordinaire

19.02.2024, Financement du développement

La reconstruction de l'Ukraine nécessite des moyens importants. La Suisse doit aussi apporter une contribution financière substantielle. Mais les départements compétents veulent prélever l'argent nécessaire des pots destinés à la coopération internationale et donner ainsi la priorité au frein à l'endettement. Pourtant, la Suisse peut se permettre un financement extraordinaire pour l'Ukraine. C'est particulièrement maintenant qu'elle doit soutenir le Sud global contre les crises multiples.

Reconstruction de l'Ukraine : globale et extraordinaire

© Alliance Sud