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Communiqué
Ensemble et plus vite vers une Suisse durable
25.09.2024, Agenda 2030
Réunies sur la place fédérale, 17 personnalités du monde scientifique, de l’économie, de la jeune génération, du sport, de la culture et de la société civile appellent à accélérer ensemble la mise en œuvre de l’Agenda 2030, auquel la Suisse a souscrit il y a 9 ans jour pour jour. Notre pays prend un retard inquiétant dans la réalisation des objectifs de développement durable (ODD).

© Martin Bichsel
Communiqué de la Plateforme Agenda 2030
Réunies sur la place fédérale, 17 personnalités du monde scientifique, de l’économie, de la jeune génération, du sport, de la culture et de la société civile appellent à accélérer ensemble la mise en œuvre de l’Agenda 2030, auquel la Suisse a souscrit il y a 9 ans jour pour jour. Notre pays prend un retard inquiétant dans la réalisation des objectifs de développement durable (ODD).
Les personnalités dirigeantes s’appuient sur des résultats qu’elles ont obtenus déjà et promettent de décider et d’agir au mieux pour la durabilité. Elles reflètent les milliers de personnes impliquées en entreprises, dans les institutions scientifiques et académiques, dans la société civile - qui orientent déjà leurs activités vers une économie circulaire, la préservation du climat, la réduction des inégalités en particulier.
A l’occasion du SDG Flag Day, une chanteuse de yodel et un lanceur de drapeau à l’effigie des 17 ODD ont rappelé, près du Palais fédéral, que l’Agenda 2030 s’inscrit dans notre constitution et dans nos traditions vivantes.
Rencontrer nos personnalités
L’appel lancé ce 25 septembre relève des succès comme des reculs : « La Suisse progresse dans quelques domaines, par exemple en augmentant la part de l’agriculture biologique ou en développant les énergies renouvelables. L’évolution d’autres domaines est en recul ou stagne : la pauvreté comme les inégalités s’accroissent en Suisse et dans le monde, le déploiement d'une mobilité sans obstacles prend du retard et la diversité des espèces s’érode. En outre, notre pays exporte une part importante de son impact sur le climat, l’environnement et les droits humains : deux tiers environ de notre empreinte sont générés à l’étranger. »
Président de la Fédération suisse des entreprises et présent sur place, Christophe Barman déclare notamment: « Je suis persuadé que (l’économie) doit être la solution et se mettre activement en mouvement vers la transition. Je m’engage à catalyser les entreprises pionnières et à œuvrer pour des conditions cadres favorables à l’entrepreneuriat responsable. » Valérie d’Acremont, professeure et médecin responsable de secteur à Unisanté, promet pour sa part : « Je m’engage à continuer d’œuvrer dans mon travail en tant que médecin et professeure ainsi que par des engagements militants pour rendre nos systèmes de santé plus efficients, durables et robustes, dans le respect des limites planétaires et en assurant une équité entre les diverses personnes et régions du monde. » Directrice de la Plateforme Agenda 2030, Eva Schmassmann ajoute : « Le développement durable est un défi tellement vaste qu’il nécessite beaucoup de collaboration afin d’éviter de se sentir dépassé. La Plateforme vise justement à renforcer les liens dans l’idée « Ensemble, nous sommes plus fort∙e∙s ».
Pour de plus amples informations:
Pierre Zwahlen, président, 079 615 44 33
Rianne Roshier, responsable partenariats, 079 746 54 16
https://ensemble-pour-les-odd.ch/
Interview
Décevant à mi-parcours
31.07.2024, Agenda 2030
A l'ONU, les Etats du monde entier ont défini 17 objectifs de développement durable (ODD) à atteindre d'ici 2030. Les résultats intermédiaires concernant cet Agenda 2030 viennent d'être examinés à New York. Johann Aeschlimann s'est entretenu avec deux membres de la délégation suisse, Markus Reubi, chef de délégation, et Andreas Lustenberger de Caritas, représentant de la société civile.

Markus Reubi, délégué du Conseil fédéral pour l'Agenda 2030 (1er depuis la gauche) et Andreas Lustenberger, responsable du secteur Etudes et Politique de Caritas Suisse (2e depuis la droite) avec des membres de la délégation officielle suisse au FPHN à New York. © Caritas
Johann Aeschlimann est auteur et écrit régulièrement pour l'Association suisse de politique étrangère (ASPE / SGA). Il a travaillé au service diplomatique de la Suisse et a couvert l'actualité en tant que journaliste à Berne, Washington D.C., Bruxelles et Bonn. Cet entretien a d'abord été publié par l’ASPE / SGA.
MM. Reubi et Lustenberger, pourquoi l'Agenda 2030 est-il important ?
Reubi : Il s'agit du seul cadre d'action mondial pour le développement durable. Les 193 Etats l'ont approuvé au sein de l'ONU. Il porte sur les normes sociales, l'équité, la durabilité écologique et économique et énonce 17 objectifs et 169 sous-objectifs. C’est un cadre clair, ambitieux et complet.
Comment le développement est-il mesuré et contrôlé ?
Reubi : Des indicateurs sont formulés pour chaque objectif et affinés en permanence. La Suisse apporte d'ailleurs une contribution importante dans ce contexte via l'Office fédéral de la statistique. Chaque année, les 193 Etats membres de l'ONU se réunissent à New York pour le Forum politique de haut niveau (FPHN) et discutent des résultats intermédiaires, sous une forme approfondie pour une poignée d'objectifs. Cette année, les objectifs 1 (pauvreté), 2 (faim), 13 (climat) et 16 (sociétés pacifiques et ouvertes à tous, dotées d'institutions efficaces) étaient mis en avant. Certains pays peuvent par ailleurs, de leur propre initiative, rendre compte de leur mise en œuvre. A l'exception de deux Etats membres de l'ONU, tous ont fait usage de cette possibilité au moins une fois, la Suisse pour la dernière fois en 2022.
Si nous continuons ainsi, nous atteindrons à peine 17 pour cent des objectifs. Nous avons fait un pas en arrière dans la lutte contre la pauvreté. Le constat est le même pour la faim.
Andreas Lustenberger
Et quel bilan intermédiaire peut-on tirer ?
Lustenberger : Le bilan est décevant. Si nous continuons sur cette voie, nous n'atteindrons que 17 % des objectifs. Nous avons fait un pas en arrière dans la lutte contre la pauvreté et nous stagnons maintenant. Le constat est le même pour la faim.
Est-ce une conséquence du COVID ?
Lustenberger : Pas seulement. La guerre contre l'Ukraine a affecté l'approvisionnement mondial en céréales et provoqué un renchérissement des denrées alimentaires qui a eu des effets considérables dans le Sud global. De même, le réchauffement climatique en cours entraîne des pertes de récoltes et nous assistons malheureusement à une recrudescence des guerres civiles et des conflits. Le monde traverse une crise multiple.
Au début de la guerre, on parlait beaucoup des livraisons de céréales via la mer Noire, mais moins maintenant. Le problème a-t-il été gommé ?
Lustenberger : Dans les pays concernés, la situation ne s'est certainement pas améliorée. L'inflation est toujours là, mais on n'en parle pas.
Reubi : L'amélioration de la sécurité alimentaire reste une préoccupation majeure des pays en développement. Beaucoup mettent également en cause les sanctions occidentales. Dans ce contexte, la politisation de l'Agenda 2030 a malheureusement gagné du terrain.
Comment cela s'est-il traduit à New York ?
Lustenberger : Dans la déclaration finale, les pays en développement (le G77) ont fait pression à la demande du Nicaragua pour que les sanctions soient condamnées comme entraves au développement. J'ai été choqué qu’ils aient trouvé une majorité. Après tout, ces sanctions ne sont pas prises sans raison. Il s'agit de la réponse aux crimes de guerre et aux crimes contre l'humanité. Si des pays comme l'Afrique du Sud ou le Chili n’en tiennent pas compte, je me demande ce qu'ils sont prêts à faire d'autre.
Comment la Suisse a-t-elle voté ?
Reubi : Nous avons voté contre, surtout pour des raisons de procédure. La demande d'une annexe dans la déclaration finale, négociée bien plus tôt, est arrivée très tard. Elle a mis en péril le consensus — et celui-ci est crucial pour réaliser ensemble la vision d'un développement durable.
Lustenberger : L’UE s'est abstenue, peut-être parce qu'elle n'était pas d'accord en interne.
La Chine prône le « développement d'abord », ce qui signifie le développement économique d'abord, les droits humains et le reste ensuite. Est-ce que cela s'est ressenti à New York ?
Reubi : La Chine était très présente et a fait pour la première fois une déclaration au nom du « group of friends » de sa propre « global development initiative ». Le discours est insidieux. Il est difficile de s'y opposer. Mais il faut savoir que les droits de l'être humain, l'égalité, la bonne gouvernance, la lutte contre la corruption et d'autres éléments centraux de l'Agenda 2030 ne sont pas mentionnés. Si des pays comme la Suisse ne s'engagent plus pour ces valeurs et délaissent la mise en œuvre de l'Agenda 2030 dans son ensemble, ce discours se renforcera.
Lustenberger : La Chine finance aujourd'hui 20 % de l'ensemble du système de l'ONU, par lequel transite une grande partie des fonds publics de développement. C'est beaucoup et cela devient perceptible lorsqu'il s'agit de savoir qui participe à la définition des valeurs qui sont mises en avant par ces organisations.
Il ne s’agit plus d’un simple agenda de développement, mais d’un développement durable pour la planète entière. Vue sous cet angle, la Suisse est également un pays en développement.
Markus Reubi
Les différents pays peuvent rendre compte de l’état d’avancement de la mise en œuvre de l’Agenda 2030. Le font-ils ? Tous ?
Lustenberger : Les seuls pays qui n’ont jamais produit de rapport sont les Etats-Unis et la Corée du Nord. Tous les autres ont soumis au moins un rapport.
Reubi : La Suisse le fait tous les quatre ans, la dernière fois en 2022 et la prochaine en 2026. Nous devons aussi nous efforcer d'atteindre les objectifs de l'Agenda 2030. Par exemple, dans le domaine de l’objectif 2 (la faim) également. Nous ne connaissons pas de faim extrême, mais nous avons d’autres problèmes nutritionnels auxquels il faut remédier. Gaspillage, suralimentation et obésité, production et consommation durables. Il ne s’agit plus d’un simple agenda de développement, comme c’était le cas avec les précédents « objectifs du Millénaire », mais d’un développement durable pour la planète entière. Vue sous cet angle, la Suisse est également un pays en développement.
Lustenberger : Tout à fait.
Reubi : Un pays en développement dans l’esprit du développement durable.
Lustenberger : Des pays comme le Mexique, l'Équateur, le Costa Rica ou le Kenya ont fourni des données. Dans leurs rapports sur la pauvreté, ils montrent aussi ce qui s'est détérioré. Concernant l'objectif 16, la bonne gouvernance, la paix, la lutte contre la corruption, l'inclusion, les gouvernements autoritaires ne répondent pas partout à tout, même lorsqu'il s'agit par exemple de la participation de la société civile.
Nous prônons une réduction de la dette. La dette des pays du Sud est une entrave au développement.
Andreas Lustenberger
Les pays du Sud réclament surtout plus d'argent pour la mise en œuvre des objectifs de durabilité. L'argent est-il la seule chose qui manque ?
Lustenberger : Le problème est en effet que l'argent ne suffit pas pour atteindre les objectifs partout. Mais la mise en œuvre de l'Agenda 2030 est une tâche qui incombe à tous. Si les gouvernements, souvent autocratiques, mettent en avant leurs propres intérêts, l'argent seul ne suffira pas.
Reubi : On nous interpelle fréquemment sur la coopération au développement. Mais ce qui dérange encore plus les pays africains, c'est de constater que leurs projets sont si chers. Un projet solaire en Afrique coûte bien davantage qu'un projet comparable en Europe, car les primes de risque élevées empêchent le secteur privé d'y investir. La Suisse s'engage à améliorer les conditions-cadres sur place.
Lustenberger : Nous prônons une réduction de la dette. La dette des pays du Sud est une entrave au développement. Sa réduction ne mettrait pas à genoux un pays comme la Suisse.
Sur le plan politique, le vent souffle dans une autre direction. À Berne, le Parlement suisse réduit le budget de la coopération au développement afin de libérer des fonds pour l'aide à l'Ukraine.
Lustenberger : Nous faisons le même constat dans d'autres pays similaires. Nous sommes contre toute réduction et demandons une augmentation des budgets de la coopération au développement. Une part importante de ces fonds est destinée à l'aide multilatérale des agences de l'ONU. Si cette aide est réduite, des pays comme la Chine, qui ont d'autres priorités, s’engouffreront dans la brèche. Nos préoccupations seront affaiblies, notamment dans le domaine de l'objectif 16. Notre classe politique n’est pas assez consciente des conséquences à long terme d’une telle situation. Je regrette qu'il manque actuellement au parlement des personnalités fortes qui s'engagent pour une politique étrangère économique prévoyante de la Suisse.
L'économie suit-elle le mouvement ?
Reubi : Nous sommes en train de dialoguer. Je pense que l'économie a découvert les ODD. Elle parle plutôt d'objectifs « ESG » (pour Environnement, Social, Gouvernance). L'année dernière, les plus grandes entreprises ont dû établir pour la première fois des rapports de durabilité. Des entreprises qui n'y seraient pas obligées le font également. Elles s’y mettent parce que de jeunes employés, des clients, des fournisseurs ou encore des banques impliquées dans le financement le demandent. Et parce que la durabilité fait désormais partie de la stratégie.
Quel bilan tirez-vous après les consultations à New York ?
Lustenberger : Pour moi, c'est à la fois décevant et motivant. Décevant, parce que nous ne sommes pas sur le point d’atteindre les objectifs. Motivant, parce que je vois qu'il ne suffit pas d'agir de manière bilatérale ou nationale. La voie multilatérale compte également. La Suisse fait du bon travail dans ce domaine, mais elle doit poursuivre la marche en avant.
Reubi : Pour moi, les rapports nationaux sont une expérience de plus en plus positive. Tout comme l'engagement de nombreuses villes individuelles qui ont été présentes ici et qui ont fait part de leurs préoccupations.
Markus Reubi est diplomate au Département fédéral des affaires étrangères (DFAE) et délégué du Conseil fédéral pour l'Agenda 2030.
Andreas Lustenberger est membre de la direction de Caritas, où il dirige le secteur Études et politique.
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Medienmitteilung
Priorité à l’Agenda 2030
20.08.2019, Coopération internationale, Agenda 2030
Alliance Sud critique les plans de réorientation de la coopération internationale (CI) 2021-24 du DFAE et du DEFR. Les objectifs de la coopération internationale devraient être résolument alignés sur l'Agenda 2030 des Nations Unies.

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Communiqué
Covid-19: Lettre ouverte à la politique suisse
06.05.2020, Agenda 2030
Plus de 25 organisations de la société civile suisse, dont Alliance Sud, appellent la Suisse officielle à s'engager au niveau international pour lutter contre la pandémie de Covid 19 et ses conséquences, en particulier dans les pays les plus pauvres.

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Communiqué par Plateform Agenda 2030
Il n’y a pas d’avancée sans volonté
24.01.2024, Agenda 2030
Le Conseil fédéral a adopté aujourd’hui son plan d’action 2024-2027 dans le cadre de la Stratégie de développement durable 2030. Il constate d’emblée que l’application de cette stratégie est trop lente. Mais au lieu de mesures concrètes pour accélérer les réalisations nécessaires, le plan d’action se perd dans de nouveaux travaux de fond. Pour la Plateforme de la société civile Agenda 2030, c’est évident : nous en savons assez pour agir !

Les rapports du Conseil fédéral se répètent ces dernières années: la biodiversité se dégrade en Suisse, la pauvreté augmente à nouveau, notre consommation des ressources dépasse les limites planétaires.
Publié ce jour, le rapport intermédiaire sur la mise en œuvre de la Stratégie pour le développement durable 2030 confirme ces constats encore une fois. Son contenu est clair : beaucoup d’objectifs établis ne seront pas atteints dans les six ans prévus. Le rapport souligne le besoin d’agir pour réduire la pauvreté et les inégalités, encourager l’économie circulaire, renforcer la politique climatique et restaurer la biodiversité en particulier. Il relève des mesures qui ne sont toujours pas prises. Ainsi, il serait possible de prolonger la durée d’usage des produits grâce à l’écoconception et à la réparabilité. Le rapport mentionne les effets négatifs des subventions qui nuisent à la biodiversité et confirme le besoin de réduire l’énergie consommée dans les secteurs de la construction et de la mobilité.
La déception guette pourtant celles et ceux qui s’attendent à voir ces options figurer au plan d’action 2024-2027, aussi adopté ce jour et qui doit accélérer dans les quatre ans l’application de la Stratégie de développement durable 2030. « L’administration sait exactement où il faut agir. Mais il manque au Conseil fédéral la volonté politique de prendre des mesures efficaces dans ces domaines », précise Pierre Zwahlen, président de la Plateforme Agenda 2030.
En revanche, le plan d’action aborde un point faible du rapport intermédiaire, qui concerne nos biens importés. « Le rapport du Conseil fédéral se focalise trop sur notre empreinte écologique en Suisse. Or, notre empreinte à l’étranger est déjà plus importante que celle en Suisse », explique Eva Schmassmann, directrice de la Plateforme. Une mesure judicieuse du plan d’action entend étudier les effets de notre consommation ou de notre alimentation à l’étranger – et faire des propositions pour diminuer les retombées négatives là où celle-ci est produite. Par ailleurs, la Plateforme soutient la création d’un réseau pour la participation sociale, culturelle et politique, qui favorise la cohésion sociale et des processus participatifs.
La Plateforme Agenda 2030, qui regroupe plus de 50 organisations de la société civile, est satisfaite que le rapport intermédiaire intègre des publications externes à la Confédération dans son analyse. Pour réaliser le plan d’action, la Plateforme souligne à son tour la nécessaire collaboration avec les cantons, les communes et la société civile. La durabilité est un défi qui implique l’ensemble de la société et que les actrices et acteurs ne sauraient relever seuls.
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Communiqué
La Suisse vit aux dépens du monde
06.04.2022, Agenda 2030
Dans son rapport publié aujourd'hui, la Plateforme Agenda 2030 constate que la Suisse n'est pas en route pour un monde durable. Elle demande davantage de leadership au Conseil fédéral pour effectuer les transformations nécessaires.

© Silvia Rohrbach / Plattform Agenda 2030
Dans son rapport publié aujourd'hui, la Plateforme Agenda 2030 constate que la Suisse n'est pas en route pour un monde durable. Elle demande davantage de leadership au Conseil fédéral pour effectuer les transformations nécessaires, afin de réduire de moitié la pauvreté, de préserver le climat et les droits humains comme de rendre la place financière responsable.
Sept ans après l'adoption de l'Agenda 2030 pour le développement durable à New York, la Plateforme suisse Agenda 2030 - qui regroupe plus de 50 organisations actives en faveur de l'environnement, de la coopération internationale, des droits humains, de l'économie durable, du genre, de la paix, du logement et du travail - dresse un bilan : la Suisse n'est pas en voie d'atteindre les 17 objectifs de durabilité (ODD). Nous vivons aux dépens du reste du monde, mais le Conseil fédéral n'a présenté jusqu'à présent aucune stratégie pour maîtriser la transformation indispensable vers une économie qui respecte les limites planétaires. Dans le monde et en Suisse, des personnes sont empêchées d’exercer leurs droits fondamentaux; la faim et la pauvreté augmentent.
Pour réaliser les 17 ODD, il faut aligner clairement toutes les politiques publiques sur les objectifs et l'ambition de l'Agenda 2030. Nous demandons des mesures efficientes pour combler rapidement les déficits identifiés. Il s'agit notamment d'élaborer une stratégie montrant comment réduire de moitié la pauvreté d'ici 2030 en Suisse ; ou encore de publier un plan d'action pour la biodiversité, qui mette à disposition des moyens suffisants pour stopper la perte des espèces naturelles. Il importe aussi d'imposer des conditions au marché financier, afin que les investissements contribuent à préserver le climat et les droits humains, ainsi qu’à renforcer l'engagement contre la militarisation et pour la sécurité humaine.
La Plateforme Agenda 2030 demande davantage d’ascendant au Conseil fédéral pour la durabilité. Il doit avoir le courage de développer des solutions réellement transformatrices. Il ne suffit pas de couvrir le business as usual d'une parure colorée d’ODD par des adaptations cosmétiques. Ce qu'il faut, c'est un changement véritable vers une société durable.
La Plateforme Agenda 2030 présente le rapport de la société civile au Forum politique de haut niveau de l'ONU, qui a lieu du 5 au 15 juillet. Elle confronte ainsi ses propres analyses et recommandations d'action au rapport national officiel de la Suisse, que le conseiller fédéral Ignazio Cassis présentera au Forum le 12 juillet à New York. Nous invitons le Conseil fédéral à collaborer avec nous en vue de réviser la Stratégie nationale de développement durable à l'horizon 2030 et le plan d'action qui l'accompagne.
Le rapport de la société civile est à disposition en ligne pour téléchargement.
Des photos peuvent être téléchargées sous ce lien.
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Article, Global
Spillovers : le rôle peu glorieux de la Suisse
17.03.2022, Agenda 2030
Pollution de l'environnement, exportations d'armes, évasion fiscale : les retombées négatives que la Suisse occasionne à l’étranger sont nombreuses et sapent les efforts visant à atteindre les objectifs de développement durable, écrit Laura Ebneter.

International Spillover Index : la Suisse est mal classée
© Sustainable Development Report 2021
Ces dernières années, les échanges mondialisés de biens, de capitaux et d'informations ont augmenté de manière exponentielle. Ils attestent systématiquement que des décisions soi-disant locales peuvent avoir des répercussions à l’échelle planétaire. La consommation en Suisse tout au long de l’année de tomates, de concombres et d'aubergines influence par exemple directement le potager de l'Europe, dans le sud désertique de l'Espagne, où des aliments sont produits dans des conditions problématiques, à grand renfort d’eaux souterraines et de pesticides. Ces effets dits d’externalité territoriale ou de débordement (« spillovers ») se manifestent lorsque des actions spécifiques dans un pays ont des conséquences négatives pour d’autres nations et les empêchent de surcroît d'atteindre les objectifs de durabilité.
Formulant dix-sept objectifs de développement durable, l’Agenda 2030 de l'ONU tente de tenir compte de ces effets. Dans le monde interdépendant et interconnecté que nous connaissons, tous les États membres de l'ONU se sont engagés, en 2015, à mettre en œuvre l'Agenda 2030. Comment les mises en œuvre nationales de l'agenda sont-elles réalisables dans un monde globalisé ? Impossible à cet égard de passer à côté des effets d’externalité territoriale.
Publié chaque année par des auteurs réunis autour de l'économiste américain Jeffrey D. Sachs, le Sustainable Development Report (SDR) évalue les 193 États membres de l'ONU en fonction des retombées négatives qu’ils provoquent à l’étranger. Ces dernières sont réparties en trois domaines : effets écologiques et sociaux du commerce, économie et flux financiers, ainsi que promotion de la paix et sécurité. Dans la récente évaluation de 2021, la Suisse occupe une peu glorieuse 161e place. Seuls les Émirats arabes unis, le Luxembourg, la Guyane et Singapour sont moins bien notés en termes d'effets de débordement. En comparaison européenne, la Suisse se situe à la 30e place sur 31. Comment se peut-il que notre pays, soi-disant élève modèle, s’en sorte aussi mal ?
Effets écologiques et sociaux du commerce
Les retombées négatives à l’étranger dans le domaine du commerce englobent les conséquences internationales liées à l'utilisation des ressources naturelles, à la pollution de l'environnement et aux effets sociaux générés par la consommation de biens et de services. La Suisse obtient de très mauvais résultats en termes d’importation d'eau virtuelle, d'azote, de dioxyde d'azote et de dioxyde de carbone. Sa note est très mauvaise aussi s’agissant de la mise en péril de la biodiversité dans les écosystèmes. En partie invisibles, ces sous-produits sont générés tout au long de la chaîne de création de valeur : lors de la production et de l'utilisation de pesticides et d'engrais chimiques, de l'irrigation, de l'utilisation de moteurs à combustion pour la production et le transport notamment. Quiconque met en doute ces chiffres internationaux peut en outre se référer au monitorage national MONET 2030 de l'Office fédéral de la statistique. Ce suivi ne prévoit pas non plus de réduction de l’empreinte matérielle élevée ou de l’empreinte gaz à effet de serre de la Suisse.
Il est évident que les petits pays pauvres en ressources dépendent des biens et des services provenant de l'étranger. Il est donc d'autant plus crucial d'organiser ces relations commerciales de manière durable. La réponse du Conseil fédéral à une interpellation du conseiller national Roland Fischer (PVL) sur la diminution des externalités négatives de la Suisse laisse à désirer tout comme la réduction de son empreinte : selon le Conseil fédéral, notre pays s'engage pour que l'ONU se fixe des objectifs ambitieux pour des modèles de consommation et de production durables. Et notre pays encourage l'économie circulaire, pour laquelle des mesures seront élaborées d'ici fin 2022. Reste à savoir si ces mesures contribueront à une réduction significative de l'empreinte matérielle et de l'empreinte gaz à effet de serre de la Suisse.
Les efforts internationaux visant à garantir des chaînes de création de valeur durables sont de loin plus prometteurs. La résolution récemment adoptée par le Conseil des droits de l'homme de l'ONU doit consacrer le droit fondamental à un environnement sûr, propre, sain et durable (cf. l’article dans global #82). La France et l'Allemagne déploient des efforts similaires avec, respectivement, la loi relative au devoir de vigilance et la loi sur les chaînes d'approvisionnement. En comparaison, on voit bien ce que le contre-projet à l'initiative pour des multinationales responsables parvient réellement à « produire » : d’insignifiantes brochures sur papier glacé, rédigées par les départements marketing des grandes entreprises multinationales.
Économie et flux financiers
Dans le domaine de l'économie et des flux financiers, la Suisse obtient de mauvaises à très mauvaises notes pour les quatre indicateurs. On voit bien le problème : avec 0,48 % du revenu national brut, les dépenses publiques consacrées au développement sont toujours inférieures aux 0,7 % inscrits dans l'Agenda 2030. La place financière suisse reste un paradis pour les réfugiés fiscaux. L’échange automatique d'informations sur les comptes financiers n'est que partiellement garanti. Et pour finir, les multinationales peuvent toujours pratiquer l'optimisation fiscale en Suisse, au détriment des plus pauvres. Sans mesures concrètes contre les pratiques de fraude fiscale et les transferts de bénéfices des entreprises vers des zones à faible imposition, la Suisse ne s’acquittera pas de ses responsabilités envers les pays pauvres.
Promotion de la paix et sécurité
Le troisième domaine, celui de la promotion de la paix et de la sécurité, inclut les conséquences négatives et déstabilisantes que les exportations d'armes peuvent avoir sur les pays pauvres. Ici encore, les exportations d’armes de la Suisse lui valent un très mauvais résultat. Depuis la publication du SDR, un premier pas a toutefois été fait dans la bonne direction : le contre-projet à l'initiative correctrice garantit qu'aucun matériel de guerre ne sera exporté vers des pays en proie à une guerre civile ou dans lesquels les droits de l'homme sont systématiquement et gravement violés. La réglementation des exportations est enracinée au niveau de la loi et confie ainsi à la population et au Parlement le contrôle démocratique nécessaire sur les livraisons de matériel de guerre.
Le rôle en vue de la petite Suisse
Le Sustainable Development Report est régulièrement critiqué pour ses données insuffisantes et lacunaires, ainsi que pour le choix de ses indicateurs. Mais ces critiques ne doivent pas occulter la responsabilité globale de la politique menée par la Suisse, de son économie et de sa population. Que les décisions politiques prises par notre pays contribuent à un développement durable global et n'entraînent pas de pollution des eaux, de pauvreté ou de déplacements de populations est notre affaire à tous. Car les externalités négatives des pays riches de l'OCDE n'ont pas seulement un impact sur les autres pays : elles sapent aussi les efforts internationaux visant à atteindre les objectifs de l'Agenda 2030.
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global
Le magazine d'Alliance Sud analyse et commente la politique étrangère et de développement de la Suisse. « global » paraît quatre fois par an et l'abonnement est gratuit.
Communiqué
Agenda 2030 : Enfin passer aux actes !
06.06.2019, Agenda 2030
Il faut que Cantons et Confédération inscrivent clairement leurs actions dans la durabilité, si la Suisse veut appliquer l’Agenda 2030 des Nations Unies. La plate-forme de la société civile Agenda 2030 formule des attentes et se réorganise.

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Communiqué
Il faut réaliser l'Agenda 2030 sans attendre !
24.09.2020, Agenda 2030
Cinq ans après son adoption, la Suisse n'a toujours pas de stratégie pour mettre en œuvre les objectifs de développement durable. Dans un appel au Conseil fédéral, la plate-forme Agenda 2030 demande que les ODD soient mis en œuvre sans attendre.

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Communiqué
Une timide acceptation du développement durable
04.11.2020, Agenda 2030
La stratégie de la Suisse pour la mise en œuvre des Objectifs de développement durable (ODD) de l'Agenda 2030 de l’ONU se contente de belles paroles, en rien contraignantes cependant.

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