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La Suisse veut davantage de coopération globale

29.06.2022, Coopération internationale

Le soutien de la population suisse à la coopération internationale et à la lutte contre la pauvreté est important - même en temps de crise et lorsque le budget de l'Etat est sous pression. C'est ce que montre un sondage publié par L'EPF de Zurich.

Marco Fähndrich
Marco Fähndrich

Responsable de la communication et des médias

La Suisse veut davantage de coopération globale

© ETH Zürich / NADEL

Selon le premier sondage national "Swiss Panel Global Cooperation", 55% des personnes interrogées estiment qu'il faudrait augmenter les dépenses de la coopération suisse au développement. La plupart surestiment toutefois le montant actuel des dépenses ; si elles étaient informées des dépenses réelles (inférieures), le soutien, déjà important, augmenterait encore nettement (à 71%).  

Les principales raisons invoquées pour la coopération internationale sont le maintien de la paix dans le monde (79%), la réduction des conséquences du changement climatique (79%) et la solidarité (77%). L'enquête confirme donc la demande d'Alliance Sud d’une politique de paix globale ayant pour objectif la sécurité humaine à l'échelle mondiale.

Le sondage représentatif a été réalisé fin 2021 auprès d'environ 2800 personnes dans toute la Suisse. Elle donne un bon aperçu de l'opinion publique et on peut supposer que la guerre en Ukraine a encore renforcé le soutien à la coopération internationale. La population suisse est nettement plus critique à l'égard de l'armée : selon une enquête de l'institut de sondage Gallup, seules 38% des personnes interrogées sont favorables à une augmentation des dépenses militaires, telle qu'elle a été décidée à la hâte par le Parlement lors de la session d'été.

La politique de développement plus importante que les intérêts personnels

Diverses mesures de politique de développement, qu'Alliance Sud a toujours proposées, sont également soutenues par la population : 70% des personnes interrogées sont favorables à un renoncement aux droits de propriété intellectuelle pour les vaccins Covid-19 (ce que l'on appelle le "Trips Waiver"), et pas moins de 90% à des mesures visant à éviter les violations des droits humains et la pollution de l'environnement par les entreprises suisses. Trois quarts des personnes interrogées estiment en outre qu'il est important de prendre des mesures pour réduire l'empreinte carbone de la Suisse et pour empêcher les multinationales de transférer en Suisse, pour des raisons fiscales, des bénéfices provenant de pays à revenus faibles ou moyens. Ainsi, les questions de justice globale jouent un rôle plus important que les intérêts économiques : La population suisse est prête à soutenir des mesures politiques qui impliquent des coûts potentiels pour elle-même.

L'Agenda 2030 n'est pas encore parvenu aux oreilles des gens

D'autres résultats de l'enquête, concernant le niveau de connaissance de la population sur la coopération internationale, donnent à réfléchir : près d'un tiers des personnes interrogées indiquent qu'elles ne se sentent pas bien informées et souhaiteraient en savoir plus sur la pauvreté et les inégalités mondiales. 88% n'ont pas ou très peu entendu parler des Objectifs de développement durable (ODD) des Nations Unies : un constat d'échec pour la Suisse et en particulier pour l'administration fédérale qui, malgré deux délégués, n'a toujours pas réussi à faire passer l'Agenda 2030 auprès du public. Le manque d'information de la population devrait également faire réfléchir le Département fédéral des affaires étrangères : fin 2020, il a empêché les organisations de développement d'utiliser les contributions de programme pour le travail d'éducation et de sensibilisation en Suisse. Selon le Contrôle fédéral des finances, cette interdiction a également eu un impact négatif sur la qualité des relations entre certaines ONG et la DDC.