Communiqué

L'APD continue à diminuer

10.04.2019, Financement du développement

Une fois de plus, le Conseil fédéral communique un recul de la lutte contre la pauvreté dans le monde par la Suisse. Et ce, malgré le fait que la Confédération enregistre chaque année des milliards de francs d'excédents. En 2017 et 2018, ces excédents correspondaient aux dépenses de l’aide au développement.

L'APD continue à diminuer

© Daniel Hitzig/Alliance Sud

par Eva Schmassmann, ancienne responsable «Politique de développement»

La part de l'aide publique au développement (APD) dans le produit national brut (PNB) de la Suisse est de nouveau en baisse. Comme annoncé par le Conseil fédéral, l'APD était encore de 0,44 % en 2018, amis en 2017 son ratio était de 0.46 %.

Dans l'actuel Message sur la coopération internationale 2017-2020, le Conseil fédéral s'est fixé l’objectif d’allouer 0,48% du PNB à la coopération publique au développement. Le programme de stabilisation adopté par le Conseil fédéral en 2016 prévoyait des coupes, notamment dans la coopération internationale, qui, selon lui, ne permettaient pas de maintenir un quota d'APD de 0,5 %, comme décidé par le Parlement. Les derniers chiffres montrent que le Conseil fédéral n'atteint même pas l'objectif qu'il s'est fixé, mais qu'au contraire, il s'en éloigne de plus en plus.

En même temps, le budget fédéral affiche chaque année des excédents  de plusieurs milliards. En 2018, le budget fédéral a clôturé avec un excédent régulier de 2,9 milliards de francs. C'est à peu près le même montant que celui dépensé par la Suisse pour la coopération au développement la même année.

Dans le Message sur la coopération internationale 2017-2020, le Conseil fédéral a soutenu que la Suisse pourrait également atteindre les objectifs qui y sont fixés avec une part de 0,48%. Toutefois, il a souligné que " le volume des moyens demandés se justifie par les objectifs qui leur sont assignés. Une réduction importante de ces moyens ne permettrait plus à la Confédération de réaliser ces objectifs.  En  plus  de  conséquences  potentiellement  dramatiques  pour  les  personnes bénéficiaires concernées, cela aurait des répercussions négatives en termes d’efficacité  et  de  crédibilité  auprès  des  pays  partenaires  et  des  autres  pays  donateurs.  La contribution  de  la  Suisse  à  la  stabilité  internationale  serait  par  ailleurs  réduite. » 

Une part importante des dépenses déclarées au titre de l'APD est consacrée à l'aide aux demandeurs d'asile en Suisse. Si l'on déduit de l'APD ces coûts, qui sont absolument nécessaires mais n'ont rien à voir avec la coopération au développement, la part de l'aide au développement réelle dans le RNB tombe même à 0,40 %. La Suisse reste ainsi le premier bénéficiaire de ses propres dépenses de développement ; actuellement, 9 % des dépenses totales d'APD sont utilisés pour soutenir les demandeurs d'asile en Suisse.