Communiqué

La coopération internationale, une fois de plus instrumentalisée par la politique financière

08.12.2025, Financement du développement

Le Conseil national a approuvé hier soir des coupes budgétaires importantes dans le financement des organisations multilatérales et de la coopération au développement, ce qui aura de graves conséquences pour les populations les plus démunies de la planète. Ce faisant, le Con-seil national privilégie des considérations budgétaires à court terme au détriment du mandat constitutionnel de lutte contre la pauvreté et la misère dans le monde.

La coopération internationale, une fois de plus instrumentalisée par la politique financière

Le Palais fédéral dans un brouillard diffus pendant la session d'hiver des Chambres fédérales. © Keystone / Peter Schneider

Au moment même où débutaient les débats budgétaires du Conseil national, la Fondation Gates publiait un rapport de recherche prévoyant une hausse de la mortalité infantile à partir de 2025. Ce renversement de tendance est une conséquence directe du retrait de nombreux pays donateurs de la coopération internationale (CI) – en particulier dans le secteur de la santé. Et c’est précisément là que le Conseil national serre la bride : selon la décision budgétaire d'aujourd'hui, 30,5 millions de francs devraient être retirés en 2026 du budget de la coopération bilatérale au développement de la DDC et 28,2 millions de celui des organisations multilatérales. Cela s'ajoute aux 431 millions de francs que le Parlement avait déjà réduits l'an dernier pour la période 2025-2028.

Par cette décision, la Suisse contribue davantage à l'affaiblissement des organisations multilatérales et de la Genève internationale. Elle rejoint ainsi le cercle des pays donateurs qui financent le réarmement militaire au détriment de la CI. Le fait qu'aucun argument de fond n'ait été abordé lors du débat est particulièrement choquant – signe évident que la coopération internationale suisse est de plus en plus instrumentalisée par des considérations budgétaires à court terme.

« La Suisse doit s'engager dans la lutte mondiale contre la pauvreté et la misère, et en faveur d’un multilatéralisme fort. Il est par conséquent impératif d’empêcher toute nouvelle réduction de la coopération internationale », déclare Andreas Missbach, directeur d'Alliance Sud, le centre de compétences pour la coopération internationale et la politique de développement.

Il appartient désormais au Conseil des États de s’en tenir à sa version du budget afin de stopper le démantèlement de la coopération internationale.

Pour de plus amples informations :
Andreas Missbach, directeur d’Alliance Sud, tél. 079 847 86 48, andreas.missbach@alliancesud.ch