Partager l'article
Medienmitteilung
La Suisse doit cesser son blocage sur les brevets
25.11.2021, Commerce et investissements
La conférence ministérielle de l’OMC, qui se tiendra à Genève du 30 novembre au 3 décembre, va discuter de la dérogation temporaire à la protection de la propriété intellectuelle sur les vaccins, tests et médicaments anti-covid. La Suisse doit cesser son blocage systématique à l’OMC, qui dure depuis plus d’un an. De leur côté, les firmes pharmaceutiques doivent partager sans restriction leurs savoir-faire.
© Tim Reckmann / pixelio.de
Medienmitteilung
Une nouvelle stratégie sans base légale
01.02.2022, Commerce et investissements
La Commission de politique extérieure du Conseil national (CPE-N) a tenu hier une consultation sur la nouvelle stratégie économique extérieure de la Suisse. Si Public Eye et Alliance Sud saluent cette démarche, elles regrettent le manque de base légale de cette stratégie. La Suisse doit se doter d’une loi efficace sur le commerce extérieur afin de donner une assise solide à ce domaine politique très important pour les droits humains et l’environnement.
© Parlamentsdienste 3003 Bern
Partager l'article
Medienmitteilung
La Suisse bloque la dérogation COVID-19
10.06.2022, Commerce et investissements
L’OMC se dirige vers un échec politique majeur dans sa réponse à la pandémie de coronavirus. Alors que sa 12ème Conférence ministérielle s’ouvre après-demain à Genève, les membres sont incapables de se mettre d’accord sur la demande de l’Inde et l’Afrique du Sud de suspendre les droits de propriété intellectuelle sur les vaccins, tests et médicaments anti-covid. Par son blocage systématique, la Suisse est en première ligne de cet échec multilatéral qui n’offre aucune solution cohérente pour un accès équitable aux moyens de lutte lors de crises sanitaires.
© Patrick Gilliéron Lopreno
La semaine prochaine, la crédibilité de l’OMC et de sa directrice générale Ngozi Okonjo-Iweala se jouera à Genève. Parmi les sujets à l’ordre du jour de la 12ème Conférence ministérielle (MC12), qui se tiendra du 12 au 15 juin, figure la dérogation ADPIC (ou « TRIPS waiver »), du nom de la demande de suspension temporaire des droits de propriété intellectuelle de production et de commercialisation des vaccins, tests et médicaments anti-covid déposée par l’Inde et l’Afrique du Sud en octobre 2020. Celle-ci avait été soutenue par une centaine de pays ainsi que de nombreuses organisations et personnalités internationales, mais les États hébergeant les grandes firmes pharmaceutiques comme la Suisse ont systématiquement fait blocage.
Si la Conférence MC12 accouche finalement d’un accord, on sera très loin d’une suspension généralisée des droits de propriété intellectuelle, au vu des derniers textes rendus publics. La décision sera tout au plus un rappel d’instruments déjà existants, comme la licence obligatoire, permettant à un État d’autoriser la commercialisation de génériques malgré l’existence d’un brevet. Or, d’autres droits exclusifs, comme les secrets d’affaires ou la protection des données d’homologation, sont des obstacles avérés à un accès équitable et au transfert de technologies, contre lesquels une licence obligatoire ne pourra rien. De plus, il faudra procéder produit par produit, pays par pays, sans compter les pressions diplomatiques et commerciales accompagnant systématiquement ce type de démarches. La seule concession pouvant s’apparenter à une dérogation concerne la possibilité pour un pays éligible de réexporter un vaccin produit sous licence obligatoire, mais de manière très limitée.
Ce texte, présenté comme « compromis » entre les États membres, est en vérité imposé par les pays occidentaux, dont la Suisse. À moins d’un revirement lors de la MC12, il ne résoudra pas la répartition inéquitable des moyens de lutte contre le Covid-19. D’abord, il ne concerne que les vaccins, alors que l’accès aux traitements et aux tests diagnostiques est tout aussi inéquitable du fait des droits exclusifs détenus par Pfizer, Roche et consorts. Ensuite, il exclut de nombreux pays de la possibilité d’y recourir pour des motifs commerciaux ou géopolitiques, alors que les règles de l’OMC sont censées s’appliquer partout, sans discrimination. Enfin, il érige de nouveaux obstacles pour les pays éligibles souhaitant recourir à ce mécanisme, créant un dangereux précédent qui entravera aussi la réponse à de futures pandémies.
Un tel accord est indigne de pays occidentaux comme la Suisse se disant respectueux des droits humains, dont le droit à la santé. En tant que pays hôte de la MC12, assurant par ailleurs, depuis mars dernier, la présidence de l’organe de décision suprême de l’OMC, la Suisse disposait pourtant des leviers nécessaires pour influencer positivement le résultat final. Même (sur)approvisionnée en vaccins, traitements et tests, elle a préféré privilégier les intérêts des pharmas, qui pourront ainsi continuer à décider qui en reçoit combien, quand et à quel prix. Le Covid-19 a montré que l’OMC ne disposait pas de règles adaptées pour répondre efficacement à une crise sanitaire mondiale, et il n’a rien fait pour les mettre en place durant dix-huit longs mois.
Informations:
Isolda Agazzi, Alliance Sud, Experte Commerce et Investissements, isolda.agazzi@alliancesud.ch, +41 21 612 00 97
Patrick Durisch, Expert Politique Santé, Public Eye, patrick.durisch@publiceye.ch, +41 21 620 03 06
Partager l'article
Medienmitteilung
Quand le troc de semences est passible de prison
02.12.2022, Commerce et investissements
Sept organisations ont manifesté ce vendredi sur la Place fédérale contre l’Union internationale pour la protection des obtentions végétales (UPOV), qui criminalise dans le monde entier des paysan·ne·s souhaitant réutiliser leur semences.
Habillé·e·s en prisonnières et prisonniers, des militant·e·s de plusieurs organisations suisses ont manifesté aujourd’hui sur la Place fédérale, symbolisant les paysannes et les paysans criminalisé·e·s par les règles de l’UPOV et par l’inscription dans la législation locale d’un droit de propriété intellectuelle apparenté à un brevet accordé sur les semences. Cette action s’inscrit dans le cadre d’une protestation mondiale contre l’UPOV et le monopole dont font l’objet les semences.
Les militant·e·s ont remis leur revendication au Parlement : la Suisse doit s’abstenir d’exiger l’inscription d’une clause UPOV dans les futurs accords de libre-échange. Le conseiller national Nicolas Walder, qui a accusé réception de cette revendication, déposera la semaine prochaine une initiative parlementaire avec sa collègue Christine Badertscher pour demander de rayer cette exigence inacceptable des accords de libre-échange. Les partenaires commerciaux de la Suisse doivent en effet pouvoir continuer à être libres d’adopter des lois sur les semences qui tiennent compte de leur situation, qui respectent les droits des paysannes et des paysans, et qui favorisent la souveraineté alimentaire.
Depuis des millénaires, des paysannes et des paysans conservent, multiplient, plantent, échangent ou vendent les semences qu’elles·ils produisent, une pratique à la base de la souveraineté alimentaire et indispensable à la sécurité alimentaire des pays de l’hémisphère Sud. Le système semencier paysan se porte ainsi garant de l’approvisionnement en semences et joue un rôle clé dans la préservation et le développement de la diversité de nos plantes cultivées. C’est pour ces raisons que le droit de libre utilisation des semences a été inscrit dans la Déclaration des Nations Unies sur les droits des paysan·ne·s et dans le Traité international sur les ressources phytogénétiques de la FAO.
Or, c’est précisément l’exercice de ce droit que l’UPOV criminalise en interdisant aux paysannes et aux paysans d’échanger ou de vendre les semences enregistrées qu’elles·ils produisent sur leurs champs. Même la réutilisation est souvent interdite ou soumise à redevances. Le Ghana, dernier pays à avoir rejoint l’UPOV, va jusqu’à prévoir une peine d’emprisonnement de dix ans au moins. De la sorte, on fait d’un droit élémentaire un acte criminel.
En sa qualité de membre de l’AELE*, la Suisse contraint les pays avec lesquels elle conclut des accords de libre-échange à adhérer aux règles de l’UPOV, une exigence pour ainsi dire cynique, puisque le Liechtenstein n’applique pas du tout ces règles et la Norvège ne le fait que partiellement, octroyant de la sorte davantage de libertés à ses paysannes et paysans. Même la Suisse a interprété ces règles de sorte qu’elles ne satisfont pas aux exigences de l’UPOV. Dès lors, les pays membres de l’AELE imposent à leurs partenaires commerciaux l’adoption de règles plus strictes que celles qu’ils sont disposés à appliquer eux-mêmes. Le prochain accord sur la liste est l’accord de libre-échange négocié avec la Thaïlande, pays dans lequel la société civile et les organisations paysannes s’opposent énergiquement aux règles de l’UPOV afin de défendre leur droit aux semences et, par conséquent, leur droit à l’alimentation.
* L’Association européenne de libre-échange (AELE) compte quatre membres : la Suisse, l’Islande, le Liechtenstein et la Norvège.
Plus d’informations: Coalition suisse pour le droit aux semences
Personnes de contact:
Simon Degelo, responsable semences et biodiversité chez SWISSAID, Tél. : +41 76 824 00 46, s.degelo@swissaid.ch
Nicolas Walder, conseiller national des Vert·e·s, Tél. : +41 79 550 05 13, nicolas.walder@parl.ch
Partager l'article
Communiqué
Libre-échange avec Mercosur: non-sens climatique
05.05.2021, Commerce et investissements
Le projet d'accord de libre-échange avec les pays sud-américains du Mercosur entraînera une augmentation de 15 % des émissions de gaz à effet de serre nocifs pour le climat pour le commerce agricole à lui tout seul.
© GRAIN, 2021
Communiqué de presse de la Coalition suisse Mercosur (ACSI, Alliance Sud, Pain pour le prochain, Bruno Manser Fonds, Fédération Romande des Consommateurs, Société pour les peuples menacés, EPER, Protection Suisse des Animaux, Swissaid).
Le projet d'accord de libre-échange avec les pays sud-américains du Mercosur entraînera une augmentation de 15 % des émissions de gaz à effet de serre nocifs pour le climat pour le commerce agricole à lui tout seul. Selon un nouveau rapport de l'organisation internationale GRAIN, l'importation en franchise de droits de douane de viande et d'aliments pour animaux en est le principal moteur. La Coalition suisse sur le Mercosur voit ses critiques concernant l'absence de dispositions en matière de durabilité et de bien-être animal dans l'accord confirmées.
Les accords de libre-échange visent à simplifier le commerce entre les pays partenaires et à augmenter le volume des échanges. L'accord entre les États de l'AELE (Suisse, Islande, Liechtenstein et Norvège) et les pays sud-américains du Mercosur (Argentine, Brésil, Paraguay, Uruguay), dont les négociations ont été terminées à la mi-2019, entraînera inévitablement une augmentation des échanges agricoles entre ces pays. Cela entraînera à son tour un accroissement des émissions de gaz à effet de serre nuisibles au climat, comme le souligne un nouveau rapport de l'organisation internationale GRAIN.
Sur la base des quotas négociés dans l'accord pour l'importation en franchise de droits de douane de certains produits agricoles, GRAIN a calculé leur empreinte climatique. Elle s'est appuyée sur les données de la FAO concernant l'impact climatique de ces produits. Résultat : par rapport à la situation actuelle, l'émission de gaz à effet de serre augmentera de 75 500 tonnes d'équivalents CO2 par an en raison de l'accroissement du commerce agricole. C'est 15% de plus qu'en 2019.
Viande, maïs et fromage problématiques
Ce calcul tient compte du commerce des dix produits ayant le plus d'impact sur le climat - bœuf, agneau et volaille, maïs, soja, blé dur, huile d'olive et lait en poudre - importés dans les pays de l'AELE, ainsi que des exportations de fromage de la Suisse et de la Norvège vers les pays du Mercosur. Une étude commandée par le Secrétariat d'État à l'économie (SECO) et réalisée par le World Trade Institute en juin 2020 avait calculé une augmentation des équivalents CO2 de 200 000 tonnes pour l'ensemble du secteur agricole et alimentaire. En revanche, l'étude GRAIN n'a examiné que le commerce des produits agricoles.
La Coalition suisse sur le Mercosur a déjà critiqué à plusieurs reprises le fait que l'accord prévu aura un impact négatif tant sur la situation de l'environnement et des droits humains dans les pays d'Amérique latine que sur l'agriculture en Suisse. Cet accord contribue à la destruction progressive des forêts tropicales et à l'utilisation de pesticides dangereux, dont certains sont interdits dans les États de l'AELE eux-mêmes. Mais il entraîne également une augmentation des importations de viande, dont la production ne répond en rien aux normes suisses en matière de bien-être animal et contredit les attentes légitimes des consommateurs. Ceci est inacceptable pour la Coalition suisse sur le Mercosur, car la politique commerciale ne doit pas aller à l'encontre des efforts de la Suisse en matière de politique climatique.
Renseignements : Isolda Agazzi, Alliance Sud, isolda.agazzi@alliancesud.ch, +41 79 434 45 60
Partager l'article
Communiqué
Nouvelle stratégie sans vision d’avenir
12.09.2023, Coopération internationale
Alliance Sud critique les plans du Conseil fédéral relatifs à la nouvelle orientation de la Coopération internationale 2025-2028. Le cadre financier, en particulier, a des conséquences dramatiques pour le Sud global.
© Nelly Georgina Quijano Duarte / Climate Visuals
Des crises multiples et les conséquences de la guerre d'agression contre l'Ukraine ont entraîné de graves reculs dans la lutte contre la pauvreté et une augmentation des inégalités mondiales. La réalisation des objectifs de l'Agenda 2030 s'éloigne toujours davantage. C'est pourquoi l'intention du Conseil fédéral de puiser dans les fonds consacrés à la CI les ressources financières dont l'Ukraine a urgemment besoin pour sa reconstruction est tout à fait incompréhensible. Cela conduit à une diminution des fonds disponibles pour le Sud global frappé par les crises.
« Une coopération internationale efficace et suffisamment dotée financièrement est plus urgente que jamais. Une situation extraordinaire comme la guerre en Ukraine réclame des moyens extraordinaires ; les populations du Sud global ne doivent pas en payer la facture », tonne Andreas Missbach, directeur d'Alliance Sud, le centre de compétence suisse pour la coopération internationale et la politique de développement.
L'effondrement prévu de l’aide publique au développement à 0,36 % du revenu national brut est également dramatique. « Un taux aussi bas — la moitié de l'objectif convenu au niveau international et le niveau le plus bas depuis une décennie — est absolument inacceptable et indigne d'un pays riche comme la Suisse », poursuit Missbach.
Renforcer la coopération avec la société civile
Sur le plan du contenu, la stratégie mise sur la continuité, mais manque d’ancrer les débats internationaux au niveau national. Aucune référence n’est par exemple faite à la prise en compte des principes d’efficacité de la coopération au développement reconnus au niveau international, pas plus qu’il n’est fait concrètement mention de la localisation de la coopération, qui fait l'objet de débats cruciaux au sein du Comité d'aide au développement (CAD) de l'OCDE.
« Il serait pourtant essentiel de tenir compte de ces aspects, car dans de nombreux pays, l'engagement de la société civile fait face à une répression croissante du fait du démantèlement des structures démocratique », explique Laura Ebneter, experte en coopération internationale. Pour promouvoir des institutions et des processus participatifs et démocratiques, les droits humains et la paix ainsi que la lutte contre l'injustice et la corruption, la collaboration avec la société civile est essentielle et doit être renforcée.
Réponse d’Alliance Sud à la consultation
Pour de plus amples informations :
Laura Ebneter, experte en coopération internationale, Alliance Sud, tél. +41 31 390 93 32, laura.ebneter@alliancesud.ch
Isolda Agazzi, responsable média Suisse romande, Alliance Sud, tél. 022 901 07 82, isolda.agazzi@alliancesud.ch
Partager l'article
Communiqué
Aide à l’Ukraine : le Centre rate le coche
27.09.2023, Coopération internationale
La Suisse doit évidemment soutenir davantage l'Ukraine, mais ce soutien ne doit pas se faire sur le dos du Sud global. Le Conseil national joue la montre sur cette question urgente au lieu de mettre les choses au clair.
© RainerSturm / pixelio.de
Symbolbild
Le Conseil fédéral entend consacrer au moins 1,5 milliard de francs à l'Ukraine sur les crédits-cadres pour la coopération internationale 2025 — 2028. Les réponses à la consultation sur la stratégie de coopération internationale (SCI) 2025 — 2028 ont montré qu'un soutien solidaire à l'Ukraine était réclamé jusque loin au Centre. Aujourd'hui, le Conseil national a manqué l'occasion de joindre le geste à la parole. Il a débattu de trois motions similaires, du Centre, du PVL et du PS, qui chargent le Conseil fédéral de proposer au Parlement, par le biais de dépenses extraordinaires, une contribution à l'aide humanitaire en faveur de l'Ukraine.
La transmission de ces motions à la commission compétente fait que les mettre en veilleuse. La majorité parlementaire agit ainsi avec l'aide humanitaire exactement de la même manière que le Conseil fédéral le fait avec la reconstruction, pour laquelle un concept de financement se fait également attendre depuis longtemps.
La position du Centre sur cette question est tout à fait schizophrène. Dans sa réponse à la consultation sur le message relatif à la SCI, il demande la même chose que les motions, à savoir que les dépenses supplémentaires en faveur de l'Ukraine soient présentées et demandées séparément, et insiste pour que les crédits d'engagement de la SCI en question ne soient pas réduits pour autant.
« Manifestement, la majorité du Centre n'a pas souhaité faire preuve de transparence avant les élections et montrer qu’il tenait parole. Lors du traitement des motions en commission et lors du traitement du message relatif à la SCI l'année prochaine, le Centre doit s'assurer que l'aide à l'Ukraine ne se fasse pas au détriment du Sud global », déclare Andreas Missbach, directeur d'Alliance Sud, le centre de compétence suisse pour la coopération internationale et la politique de développement. « Cela va à l'encontre de la tradition humanitaire de la Suisse et, du point de vue du Centre, ne peut pas être dans l'intérêt du pays à long terme », comme il l’écrit lui-même dans sa réponse à la consultation.
Plus d’informations :
Andreas Missbach, directeur d’Alliance Sud, tél. +41 31 390 93 30, andreas.missbach@alliancesud.ch
© Screenshot Alliance Sud, eigene Markierung
Die Mitte predigt in ihrer Vernehmlassungsantwort Solidarität und Kohärenz, setzt aber im Parlament auf Passivität wie der Bundesrat.
Partager l'article
Communiqué
L'APD continue à diminuer
10.04.2019, Financement du développement
Une fois de plus, le Conseil fédéral communique un recul de la lutte contre la pauvreté dans le monde par la Suisse. Et ce, malgré le fait que la Confédération enregistre chaque année des milliards de francs d'excédents. En 2017 et 2018, ces excédents correspondaient aux dépenses de l’aide au développement.
© Daniel Hitzig/Alliance Sud
par Eva Schmassmann, ancienne responsable «Politique de développement»
La part de l'aide publique au développement (APD) dans le produit national brut (PNB) de la Suisse est de nouveau en baisse. Comme annoncé par le Conseil fédéral, l'APD était encore de 0,44 % en 2018, amis en 2017 son ratio était de 0.46 %.
Dans l'actuel Message sur la coopération internationale 2017-2020, le Conseil fédéral s'est fixé l’objectif d’allouer 0,48% du PNB à la coopération publique au développement. Le programme de stabilisation adopté par le Conseil fédéral en 2016 prévoyait des coupes, notamment dans la coopération internationale, qui, selon lui, ne permettaient pas de maintenir un quota d'APD de 0,5 %, comme décidé par le Parlement. Les derniers chiffres montrent que le Conseil fédéral n'atteint même pas l'objectif qu'il s'est fixé, mais qu'au contraire, il s'en éloigne de plus en plus.
En même temps, le budget fédéral affiche chaque année des excédents de plusieurs milliards. En 2018, le budget fédéral a clôturé avec un excédent régulier de 2,9 milliards de francs. C'est à peu près le même montant que celui dépensé par la Suisse pour la coopération au développement la même année.
Dans le Message sur la coopération internationale 2017-2020, le Conseil fédéral a soutenu que la Suisse pourrait également atteindre les objectifs qui y sont fixés avec une part de 0,48%. Toutefois, il a souligné que " le volume des moyens demandés se justifie par les objectifs qui leur sont assignés. Une réduction importante de ces moyens ne permettrait plus à la Confédération de réaliser ces objectifs. En plus de conséquences potentiellement dramatiques pour les personnes bénéficiaires concernées, cela aurait des répercussions négatives en termes d’efficacité et de crédibilité auprès des pays partenaires et des autres pays donateurs. La contribution de la Suisse à la stabilité internationale serait par ailleurs réduite. »
Une part importante des dépenses déclarées au titre de l'APD est consacrée à l'aide aux demandeurs d'asile en Suisse. Si l'on déduit de l'APD ces coûts, qui sont absolument nécessaires mais n'ont rien à voir avec la coopération au développement, la part de l'aide au développement réelle dans le RNB tombe même à 0,40 %. La Suisse reste ainsi le premier bénéficiaire de ses propres dépenses de développement ; actuellement, 9 % des dépenses totales d'APD sont utilisés pour soutenir les demandeurs d'asile en Suisse.
Partager l'article
Communiqué
Révolution fiscale? Tempête dans un verre d’eau
08.10.2021, Finances et fiscalité
Enfin du concret au niveau de l’OCDE : les représentant-e-s des 140 pays participant aux négociations se sont réuni-e-s aujourd’hui pour décider de la mise en œuvre concrète de la nouvelle imposition minimale des groupes d’entreprises et des modalités d’une répartition plus équitable d'une petite partie des bénéfices exorbitants des groupes numériques. Il est clair que les résultats sont décevants sous l’angle de la politique de développement. Et que le paradis fiscal suisse s'en tire à bon compte.
© Harry Hautumm / pixelio.de
Cette réforme (dite BEPS 2.0, « Base Erosion and Profit Shifting », soit érosion de la base d’imposition et transfert des bénéfices) porte, d’une part, sur la redistribution des bénéfices des groupes d’entreprises des États de domicile vers les pays du marché (pilier 1) et, d'autre part, sur l'introduction d'un impôt minimal transnational effectif pour les multinationales (pilier 2). Malgré ces approches prometteuses, la « révolution fiscale » tant prônée fait toujours défaut.
« La réforme BEPS 2.0 laisse à désirer pour deux raisons majeures », selon Dominik Gross, expert en politique fiscale internationale chez Alliance Sud. « Tout d'abord, l'ensemble de l'industrie extractive et le secteur financier sont exclus du premier pilier et seule une très petite partie des bénéfices est re-distribuée. Deuxièmement, le taux minimal d'imposition de 15 % envisagé dans le deuxième pilier est bien trop bas. » Les pays abritant les sièges sociaux de nombreux groupes de sociétés, comme la Suisse, peuvent eux-mêmes décider s'ils veulent introduire le nouvel impôt minimal ; à l'inverse, le Sud reste une fois de plus sur le carreau. Les pays d'Afrique, d'Amérique latine et d'autres pays en développement ont généralement des taux d'imposition de 25 ou 30 %. Pour les groupes internationaux spécialisés dans les matières premières en particulier, il reste donc intéressant de transférer leurs bénéfices vers les sièges sociaux helvétiques.
Selon un calcul des économistes Petr Janský et Miroslav Palanský (2019), les pays à bas ou moyens revenus voient des recettes fiscales de l’ordre de 30 milliards de dollars leur échapper chaque année en raison du transfert de bénéfices des multinationales. À l'inverse, d’après un groupe d'économistes réunis autour de l’expert fiscal Gabriel Zucman, la Suisse tire 38% de ses recettes fiscales totales du transfert de bénéfices en provenance d'autres pays, soit plus de 100 milliards de dollars par an. Notre pays n’aura guère à renoncer à cette manne.
Conclusion de Dominik Gross : « Quiconque en Suisse entend s'engager en faveur d'une politique fiscale globalement plus équitable et d'un changement de paradigme dans notre territoire à faible imposition ne peut pas compter sur l'OCDE pour une résolution extérieure des problèmes. Il convient dès lors de s’appuyer sur les forces progressistes des milieux politiques suisses. » Ces dernières peuvent prôner l'introduction d’une publication des déclarations pays par pays (« Country-by-Country Reportings », CbCR) qui améliorerait la transparence fiscale des groupes d’entreprises multinationales en Suisse. Elles devraient en outre exiger du Conseil fédéral qu’il plaide pour un renforcement du rôle de l'ONU sur la scène internationale. C'est la seule manière de garantir que les pays du Sud puissent faire valoir leurs intérêts sur un pied d'égalité dans le prochain aménagement d'un système fiscal international plus équitable.
Complément d’information :
Dominik Gross, expert en politique fiscale internationale chez Alliance Sud, tel. +41 78 838 40 79
Partager l'article
Communiqué
Il faut une loi qui lie économie et droits humains
07.03.2021, Commerce et investissements
Pour la première fois, la population suisse a pu se prononcer sur un accord de libre-échange. Le résultat serré du vote montre clairement qu'un changement de direction dans la politique économique est nécessaire. Alliance Sud, la Société pour les peuples menacés (SPM) et Public Eye réclament une loi qui assure la transparence et la cohérence de la politique économique extérieure. Après la votation d'aujourd'hui, le Conseil fédéral et le Parlement le doivent bien au peuple suisse.
Pendant la campagne, nos trois organisations ont contribué au débat avec des évaluations et des analyses différentes. Cela fait plus de dix ans que nous essayons d’amener la politique commerciale dans l’espace public et nous n’avions jamais vu un tel intérêt, c’est réjouissant !
Le résultat du référendum, un signal pour les futurs accords de libre-échange
Ceci montre que le commerce n'est plus l'apanage de négociateurs qui se rencontrent derrière des portes closes. Les gens sont de plus en plus critiques vis-à-vis des accords commerciaux qui portent atteinte à l'environnement et aux droits humains. C’est déjà évident dans les débats entourant les prochains accords de libre-échange (ALE) avec le Mercosur et la Malaisie. Il est actuellement peu probable que l'un ou l'autre de ces accords contienne des chapitres contraignants sur la durabilité ou que soit ancrée l'approche « PPM » si souvent décrite, qui, comme on le sait, lie les concessions douanières aux conditions de production. D'autres référendums suivront.
L'ALE avec la Chine en tant que point le plus bas des droits humains
Pourtant la Suisse ne dispose actuellement pas des bases légales pour faire face à des violations des droits humains que la politique économique extérieure contribue à aggraver. L’exemple le plus flagrant est l’accord de libre-échange (ALE) avec la Chine. L’existence du travail forcé dans les camps des Ouighours au Xinjiang est largement admise, mais la Suisse ne fait rien d’efficace pour empêcher que les produits issus de ces camps soient importés en Suisse, de surcroît à un tarif préférentiel, en vertu de l’accord de libre-échange. Selon le Secrétariat d’Etat à l’économie (SECO), la dernière réunion du « comité mixte », où les questions de droit du travail pourraient être discutées dans le cadre de l'ALE avec la Chine, a eu lieu en 2016. Malgré cela, le Conseil fédéral affirme ne pas disposer des bases légales pour empêcher l’entrée en Suisse de produits issus du travail forcé et il s’est limité à organiser une table ronde avec les responsables du secteur textile pour « les informer » de la situation au Xinjiang. C’est insuffisant.
Il est temps d'adopter une loi sur l’économie extérieure
Si la Chine est un exemple flagrant, le commerce avec des pays qui violent gravement les droits humains – on pense à la Birmanie actuelle, à la Biélorussie, ou à l’Arabie Saoudite qui soutient la guerre au Yémen – est également soumis à très peu de conditions et de contrôles.
Alliance Sud, Public Eye et la Société pour les peuples menacés estiment que le moment est venu de proposer une loi sur l’économie extérieure pour soumettre toutes les activités commerciales aux droits humains, comme proposé par le professeur émérite Thomas Cottier dans un avis de droit mandaté par nos organisations. La population suisse le mérite.
Contact :
Isolda Agazzi, Alliance Sud, +41 79 434 45 60
Angela Mattli, Société pour les peuples menacés, +41 79 378 54 30
Thomas Braunschweig, Public Eye, 044 277 79 11
Partager l'article