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Global, Opinion
02.04.2024, Coopération internationale, Finances et fiscalité
Un changement radical de mentalité s’impose d’urgence, car le taux d'endettement est le meilleur ami de la coopération internationale. Grâce à lui, la Suisse peut plus que se permettre de comptabiliser les coûts de l'aide à l'Ukraine à titre extraordinaire et de sauver ainsi la coopération au développement dans les pays du Sud global.
Andreas Missbach, Directeur d'Alliance Sud / © Daniel Rihs
Lors de nos études d'histoire, nous avons appris que les avancées scientifiques figuraient dans les notes de bas de page. J'ai récemment eu le plaisir de constater que cela s'appliquait aussi à la Berne fédérale. Ainsi, dans une note de bas de page du plan financier de la législature 2023-2027, l'Administration fédérale des finances souligne l'écart entre la norme internationale sur la durabilité de la dette et la pratique suisse : d'un côté, il y a le concept de durabilité, qui correspond, selon cette note, à la norme internationale reconnue par l'OCDE, le Fonds monétaire international (FMI) et la Commission européenne. Et d’après ce concept, les finances publiques sont durables lorsque la dette publique peut être stabilisée à un niveau suffisamment bas par rapport au produit intérieur brut (taux d'endettement). Le frein à l'endettement de la Confédération est plus restrictif. Il stabilise les dettes de la Confédération à leur valeur nominale en francs.
Même en francs, la dette de 2022 était — malgré le coronavirus — inférieure à celle de 2002 à 2008, lorsque la Suisse n'était pas franchement au plus mal. Mais justement, ce qui est de toute façon décisif, ce ne sont pas les dettes absolues, mais leur rapport au produit intérieur brut (on ne le répétera jamais assez). Quel est donc ce ratio ? Qu’en dit la dernière édition des « Principes applicables à la gestion des finances », une publication de l'Administration des finances ? En 2022, le taux d'endettement selon la définition de Maastricht de l'UE s'élevait à 26,2% et le taux d'endettement net, tel que calculé par le FMI, à 15,3%. D’après le plan financier de la législature (qui a été publié un mois après les principes susnommés), le taux d'endettement net est en revanche de 18,1%. Manifestement, le Département de la défense et le chef de l'armée ne sont pas les seuls à avoir un problème avec les chiffres (pour 2023, le taux est de 17,8% selon la ministre des finances lors de la session de printemps).
À la NZZ, Karin Keller-Sutter a déclaré que le frein à l'endettement était son meilleur ami. Selon nous, cet instrument ressemble plutôt au nain Tracassin (du conte des frères Grimm) : « Ah, qu’il est bon que personne ne sache ... ». Quoi qu'il en soit, et on ne le répétera jamais assez non plus, peu importe la manière de mesurer le taux d'endettement de la Suisse, il est dans tous les cas ridiculement bas en comparaison internationale.
« L'utilité d’un faible endettement compense-t-elle ses coûts ? En effet, réduire la dette n’est pas gratuit. Chaque franc alloué au remboursement de la dette souveraine n’est pas disponible pour d’autres prestations de l’État », fait remarquer Marius Brülhart, professeur d'économie politique à l'université de Lausanne. Et, lueur d'espoir à l'horizon, il écrit ces mots dans « La Vie économique », le magazine de politique économique du SECO. Le sujet a été entendu par le président du Centre Gerhard Pfister, qui se dit en faveur d’un financement extraordinaire des coûts de l'Ukraine (réfugiés et reconstruction). Un changement radical de mentalité s’impose d’urgence, car le taux d'endettement est le meilleur ami de la coopération internationale. Grâce à lui, la Suisse peut plus que se permettre de comptabiliser les coûts de l'aide à l'Ukraine à titre extraordinaire et de sauver ainsi la coopération au développement dans les pays du Sud global.
L'utilité d’un faible endettement compense-t-elle ses coûts ? En effet, réduire la dette n’est pas gratuit. Chaque franc alloué au remboursement de la dette souveraine n’est pas disponible pour d’autres prestations de l’État.
(Marius Brülhart)
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Communiqué
05.03.2024, Coopération internationale, Financement du développement
Le Conseil national a rejeté aujourd'hui la motion de sa Commission des finances qui aurait garanti que la reconstruction de l'Ukraine ne soit pas financée sur le dos du Sud global. Le Centre doit sans tarder transformer en actes les paroles de sa prise de position sur la coopération internationale (CI) 2025-2028.
© Services du Parlement, 3003 Berne / Monika Flückiger
Le président ukrainien Volodimir Selenski rencontre les présidents du Conseil national et du Conseil des États lors de sa visite en Suisse en janvier 2024.
Le projet de stratégie de coopération internationale (SCI) 2025-2028 prévoit que le Conseil fédéral consacre au moins 1,5 milliard de francs à l'Ukraine au cours des quatre prochaines années. La consultation a toutefois clairement montré qu'un soutien solidaire à l'Ukraine ne devait pas se faire au détriment d'autres priorités et programmes. Ainsi, dans sa réponse à la consultation sur la stratégie de CI, Le Centre demande également que les dépenses supplémentaires en faveur de l'Ukraine fassent l’objet d’une présentation et d’une demande séparées et que les crédits d'engagement de la stratégie de CI ne soient pas réduits pour autant.
Le rejet aujourd'hui de la motion pour la création d'un fonds pour la reconstruction de l'Ukraine (motion 23.4350) est donc tout à fait incompréhensible. « Le Centre a manqué l'occasion de joindre le geste à la parole aujourd’hui : il doit sans tarder élaborer des propositions susceptibles de recueillir une majorité pour le financement de la reconstruction de l'Ukraine en dehors de la CI, d'ici au traitement de la stratégie par les Chambres », lance Andreas Missbach, directeur d'Alliance Sud, le centre de compétence suisse pour la coopération internationale et la politique de développement. Et comme Le Centre l’écrit lui-même en substance dans sa réponse à la consultation : tout le reste va à l’encontre de la tradition humanitaire de la Suisse et, selon Le Centre toujours, ne peut pas être dans l'intérêt du pays à long terme.
Pour de plus amples informations :
Andreas Missbach, directeur d’Alliance Sud, tél. 031 390 93 30, andreas.missbach@alliancesud.ch
Fiche d'information sur la reconstruction de l'Ukraine financée à titre extraordinaire
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Article
23.03.2020, Coopération internationale
Le rôle clé des femmes pour un développement durable ne donne pas lieu à contestation. Même la Banque mondiale poursuit une stratégie de genre. Mais une bonne stratégie en cacherait-elle une mauvaise ? Réponses d'Elisabeth Prügl.
Prof. Elisabeth Prügl, chercheuse spécialisée à l'IHEID à Genève.
© Boris Palefroy
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Article
11.05.2020, Coopération internationale, Financement du développement
Malgré les affirmations, la politique de la Banque mondiale reste très problématique, en particulier dans les domaines des droits humains et du climat. Si la Suisse augmente son capital, elle doit user de son influence pour changer de cap.
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Article
22.06.2020, Coopération internationale
Des décennies durant, le modèle de développement néolibéral a sciemment ignoré l’étouffement des droits humains. Le temps est venu d’un changement de paradigme.
Une fois achevé, le Grand barrage éthiopien de la Renaissance (GERD), qui fait barrage sur le Nil Bleu, sera la plus grande centrale hydroélectrique d’Afrique.
© Pascal Maitre/Panos
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Article
22.06.2020, Coopération internationale
Qu’implique la crise du coronavirus pour les personnes vivant dans l’hémisphère sud ? Cinq hommes et femmes donnent leurs réponses. Coup de projecteur sans prétention à la représentativité.
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Article
20.08.2020, Coopération internationale
Le 19 août 2020, le Conseil fédéral a décidé de transférer 150 millions de dollars du futur crédit-cadre pour la coopération au développement au Fonds vert pour le climat. Alliance Sud critique ce détournement de l’argent du développement.
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Article
05.10.2020, Coopération internationale
Succédant à un diplomate du DFAE en fin de carrière, Patricia Danzi a pris les rênes de la Direction du développement et de la coopération (DDC) depuis le 1er mai. Dans un entretien avec « global », elle fixe de premières priorités.
Patricia Danzi dans l'interview avec « global » le 8 septembre 2020
© Daniel Rihs / Alliance Sud
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Meinung
05.10.2020, Coopération internationale
En 2019, « global » informait sur les activités de l'entreprise agricole suisse GADCO au Ghana. Ses responsables n’avaient pas apprécié le tableau brossé à cette occasion. L'auteur invité ghanéen Holy Kofi Ahiabu a subi des intimidations.
Holy Kofi Ahiabu
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Meinung
10.12.2020, Coopération internationale
Au Nigeria, la violence à l’égard des femmes et des filles a augmenté durant le confinement ordonné pour lutter contre le coronavirus. ONU Femmes a qualifié ce phénomène observé partout dans le monde de « pandémie de l’ombre ».
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