Lettre ouverte

ONGs en Israël/Paléstine : lettre ouverte au Conseil fédéral

17.11.2023, Coopération internationale, Financement du développement

Dans une lettre ouverte, des ONG suisses, dont Alliance Sud, demandent au Conseil fédéral de faire preuve d'une transparnce totale sur les raisons qui l'ont poussé à suspendre le financement de onze organisations partenaires de longue date du DFAE en Israël/Palestine.

Laura Ebneter
Laura Ebneter

Experte en coopération internationale

ONGs en Israël/Paléstine : lettre ouverte au Conseil fédéral

Communiqué

L'APD continue à diminuer

10.04.2019, Financement du développement

Une fois de plus, le Conseil fédéral communique un recul de la lutte contre la pauvreté dans le monde par la Suisse. Et ce, malgré le fait que la Confédération enregistre chaque année des milliards de francs d'excédents. En 2017 et 2018, ces excédents correspondaient aux dépenses de l’aide au développement.

L'APD continue à diminuer

© Daniel Hitzig/Alliance Sud

par Eva Schmassmann, ancienne responsable «Politique de développement»

La part de l'aide publique au développement (APD) dans le produit national brut (PNB) de la Suisse est de nouveau en baisse. Comme annoncé par le Conseil fédéral, l'APD était encore de 0,44 % en 2018, amis en 2017 son ratio était de 0.46 %.

Dans l'actuel Message sur la coopération internationale 2017-2020, le Conseil fédéral s'est fixé l’objectif d’allouer 0,48% du PNB à la coopération publique au développement. Le programme de stabilisation adopté par le Conseil fédéral en 2016 prévoyait des coupes, notamment dans la coopération internationale, qui, selon lui, ne permettaient pas de maintenir un quota d'APD de 0,5 %, comme décidé par le Parlement. Les derniers chiffres montrent que le Conseil fédéral n'atteint même pas l'objectif qu'il s'est fixé, mais qu'au contraire, il s'en éloigne de plus en plus.

En même temps, le budget fédéral affiche chaque année des excédents  de plusieurs milliards. En 2018, le budget fédéral a clôturé avec un excédent régulier de 2,9 milliards de francs. C'est à peu près le même montant que celui dépensé par la Suisse pour la coopération au développement la même année.

Dans le Message sur la coopération internationale 2017-2020, le Conseil fédéral a soutenu que la Suisse pourrait également atteindre les objectifs qui y sont fixés avec une part de 0,48%. Toutefois, il a souligné que " le volume des moyens demandés se justifie par les objectifs qui leur sont assignés. Une réduction importante de ces moyens ne permettrait plus à la Confédération de réaliser ces objectifs.  En  plus  de  conséquences  potentiellement  dramatiques  pour  les  personnes bénéficiaires concernées, cela aurait des répercussions négatives en termes d’efficacité  et  de  crédibilité  auprès  des  pays  partenaires  et  des  autres  pays  donateurs.  La contribution  de  la  Suisse  à  la  stabilité  internationale  serait  par  ailleurs  réduite. » 

Une part importante des dépenses déclarées au titre de l'APD est consacrée à l'aide aux demandeurs d'asile en Suisse. Si l'on déduit de l'APD ces coûts, qui sont absolument nécessaires mais n'ont rien à voir avec la coopération au développement, la part de l'aide au développement réelle dans le RNB tombe même à 0,40 %. La Suisse reste ainsi le premier bénéficiaire de ses propres dépenses de développement ; actuellement, 9 % des dépenses totales d'APD sont utilisés pour soutenir les demandeurs d'asile en Suisse.

Article, Global

Quand plus devient moins

27.03.2023, Financement du développement

Les inégalités planétaires ne cessent de s’amplifier — contrairement au financement du développement des membres de l'OCDE. Les pays prospères comme la Suisse misent avant tout sur des pratiques comptables douteuses pour enjoliver leur contribution.

Laura Ebneter
Laura Ebneter

Experte en coopération internationale

Quand plus devient moins
Schlafsaal in einer Asylunterkunft in der Freiburger Poya-Kaserne, die ab Januar 2023 als Asylunterkunft für Flüchtlinge aus der Ukraine genutzt wird.
© Peter Klaunzer/Keystone

Le Comité d'aide au développement (CAD) de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) a introduit en 1969 l'indicateur de référence reconnu au plan international du financement public du développement : l’aide publique au développement (APD ; Official development assistance, ODA). Depuis lors, l’APD sert de mesure du volume et de la qualité des fonds octroyés et permet ainsi d'évaluer si les pays donateurs tiennent leurs promesses.

L'APD est définie comme un financement du développement qui a) est alloué par des gouvernements nationaux ou locaux ; b) soutient les pays bénéficiaires dans leur développement social et économique et c) est concessionnel, autrement dit comprend des dons purs ou des prêts à des conditions préférentielles. L'interprétation de cette définition donne régulièrement lieu à des débats à la fois très techniques et politiques. La question au cœur de ces derniers est celle de savoir quelles dépenses publiques peuvent être prises en compte dans l'APD. Les acteurs les plus divers critiquent le fait que les pays membres de l'OCDE gonflent artificiellement leurs concessions effectives à l’appui de pratiques comptables douteuses et créatives, diluant ainsi toujours plus la définition de l’aide au développement.

Les membres de l'OCDE enjolivent leur pingrerie

La critique de la comptabilisation des fonds octroyés provient aussi bien de l'OCDE elle-même que des pays du Sud global et des organisations non gouvernementales du monde entier. On assiste surtout à deux tendances : le gonflement artificiel de l'APD par la prise en compte de fonds qui ne font pas partie de la coopération au développement au sens strict (ODA inflation) et la réduction simultanée des fonds dans des domaines où ils sont nécessaires de toute urgence (ODA diversion). Voici comment on triche :

1. Coûts pour les demandeurs d'asile dans le pays

Depuis 1988, les coûts d'hébergement et de formation des réfugiés pendant la première année de leur séjour dans le pays donateur (in-donor refugee costs) peuvent être imputés à l'APD. L’OCDE laisse aux pays le soin de décider s'ils font entrer ou non les coûts de l'asile dans l'APD et, dans l'affirmative, la mesure dans laquelle ils le font. La Suisse utilise largement cette marge de manœuvre. En 2021, ces dépenses représentaient 9 % de l'APD totale de notre pays. Elles comprennent les forfaits versés aux cantons par le Secrétariat d'État aux migrations, les coûts des centres fédéraux d'asile (programmes d'occupation inclus), les coûts de la représentation juridique pendant les procédures, ceux des interprètes ainsi que les montants versés aux cantons pour les enfants en âge scolaire dans les centres fédéraux d'asile. Même si ces fonds sont utilisés pour la protection des personnes en Suisse, ils n'ont aucun effet sur la politique de développement et ne contribuent pas à réduire la pauvreté et les inégalités dans le Sud global.

On peut s'attendre à ce que l'APD pour 2022 crève le plafond  du fait de l'imputation des coûts liés aux réfugiés ukrainiens (sans qu'il y ait réellement eu plus d'investissements dans la coopération au développement). Dans le pire des cas, les coûts de l'asile seront imputés sans que le taux d'APD n'augmente, ce qui indiquerait des coupes réelles dans d'autres domaines. Ainsi, les pays plus pauvres, qui souffrent déjà des effets de la guerre, paieraient encore la facture de l'accueil des réfugiés ukrainiens en Europe.

2. Instruments du secteur privé

En 2016, le CAD de l'OCDE a décidé que les « instruments du secteur privé » (ISP), à savoir différents types d'investissements, de prises de participation et de garanties dans des entreprises pour la mobilisation de ressources financières privées pouvaient aussi être pris en compte dans l'APD. Les membres du CAD de l'OCDE n'étant pas parvenus à s'entendre sur une définition commune des « conditions préférentielles » pour les prêts au secteur privé, des dispositions provisoires ont été adoptées concernant l'éligibilité des ISP, ce qui porte atteinte à la valeur fondamentale de la « concessionnalité ». Pour comptabiliser les ISP dans l'APD, il suffit désormais de démontrer le caractère additionnel (additionality) des fonds de développement, ce qui ébranle le concept même de l'APD.

Jusqu'à présent, la seule justification de la prise en compte des ISP semble être que le secteur privé est considéré comme une réponse au manque de fonds pour le financement du développement, qui fait cruellement défaut. Dans ce contexte, il est intéressant de jeter un coup d'œil sur les pays bénéficiaires : la grande majorité des ressources générées par les ISP vont aux pays à revenu intermédiaire (2018 : 59 %, 2019 : 51 %), contre 7 % (2018) et 2 % (2019) enregistrés dans les pays les moins avancés (PMA). Les donneurs doivent s'accorder sur des critères et des normes stricts et contraignants, ainsi que sur des mécanismes de transparence et de responsabilité efficaces, qui régissent l'utilisation des ISP dans la coopération au développement et ne compromettent pas le caractère concessionnel crucial des fonds publics de développement.

En Suisse, le rôle des ISP occupe jusqu'à présent une place marginale (40 millions de francs). Mais avec l'orientation stratégique croissante de la coopération internationale vers la coopération avec le secteur privé, il est tout à fait possible que cette part augmente très nettement dans les années à venir.

3. Cession de doses de vaccin contre le coronavirus

En 2021, le CAD a décidé que les doses de vaccin contre le coronavirus cédées à des pays plus pauvres pouvaient être comptabilisées comme des dépenses de développement au prix de référence de 6,72 dollars par dose de vaccin. C'est aussi absurde que peu scrupuleux, car ces doses de vaccin n'ont jamais été achetées dans l'intérêt des pays pauvres — au contraire, les achats excessifs dans les pays riches ont eu pour conséquence qu'elles n'étaient ni disponibles ni payables dans d'autres pays. Le positionnement de la Suisse est en outre sujet à caution, car elle est le seul pays à ne pas vouloir rendre transparent le volume des doses de vaccin excédentaires cédées, pour des raisons de protection des données.

L'effet sur le taux d'APD est considérable. Par rapport à l'année précédente, l'APD totale de tous les pays de l'OCDE a bondi de 8,5 %, surtout en raison du soutien accordé dans le contexte du COVID-19, notamment sous forme de dons de vaccins. Sans ces dons, l’APD n'aurait augmenté que de 4,8 % en 2021. Le CAD débat actuellement afin de déterminer à quel prix de référence les dons pourront être comptabilisés dans l’APD en 2022. Au lieu de négocier ce prix, les membres du CAD feraient bien de limiter l'imputation aux doses de vaccin effectivement achetées pour les pays du Sud.

Restaurer la crédibilité

La dilution croissante de l'APD sape la crédibilité des pays donateurs. En parallèle, le Sud n'a pas les moyens de lutter contre les crises multiples qui plongent de nombreuses personnes dans la pauvreté, la détresse et la faim. Il semble étrange que le CAD de l'OCDE définisse lui-même les critères d'imputation des dépenses publiques de développement. En effet, malgré le mandat du CAD de garantir la qualité et l'intégrité de l'APD, les accords conclus jusqu'à présent vont généralement dans la direction opposée et ont un effet négatif sur la qualité et la quantité des fonds qui parviennent aux pays du Sud mondial. Une première étape pour améliorer l'intégrité de l'APD serait par exemple d’instituer une instance statistique indépendante, par exemple un comité officiel d'expert-e-s des pays donateurs et bénéficiaires. Seul un tel organe sera en mesure de réformer les règles et de rétablir la crédibilité des fonds de développement déclarés.

Si, comme ils le prétendent, les pays riches croient vraiment à la transparence, à l'honnêteté et au respect des engagements internationaux, ils doivent mettre un terme à leurs pratiques comptables mesquines et tenir leurs promesses. L'APD doit être à nouveau définie au sens strict et axée sur l'éradication de la pauvreté et des inégalités. La Suisse devrait s'engager au sein du CAD de l'OCDE en faveur d'une telle définition stricte de l'APD et s'y tenir dans ses rapports. Une autre étape cruciale consisterait à atteindre l'objectif de 0,7 %, et ce sans comptabiliser les coûts de l'asile, les dons de vaccins contre le coronavirus, les instruments du secteur privé et les bourses pour les étudiant-es étranger-ères en Suisse. Si l'on retranche ces coûts de la quote-part de 2021, la Suisse a tout juste atteint une APD de 0,44% (cf. graphique). Il manque donc presque un tiers pour atteindre l'objectif de 0,7% du revenu national brut fixé par l'ONU en 1970.

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© Alliance Sud

La Suisse a déclaré 0,5 % d'APD pour 2021. Si l'on déduit les dépenses ne répondant pas aux critères de « concessionnalité » et de flux financiers transfrontaliers, la Suisse affiche une APD de 0,44%, un chiffre très éloigné de l'objectif de 0,7 % convenu au niveau

L’APD en crise

La guerre d'agression contre l'Ukraine a montré que les fonds publics de développement pouvaient très vite être mis sous pression. Peu après le début de la guerre, de nombreux pays ont gelé ou réduit leurs budgets de coopération au développement et d'aide humanitaire ; dans certains cas, les fonds ont même été explicitement réaffectés à la couverture des frais d'hébergement des réfugiés ukrainiens.

En Suisse, malgré diverses attaques contre les fonds de développement au Parlement, on ignore encore comment le budget de la coopération internationale va évoluer. Avec la forte progression des dépenses militaires au cours des prochaines années, impossible à concrétiser en respectant le frein à l'endettement, des coupes sont déjà prévues pour 2024 dans les dépenses faiblement liées du budget fédéral. Mais économiser maintenant sur les dépenses de développement est exactement ce qu’il ne faut pas faire, car les besoins des pays pauvres consécutifs aux crises multiples n'ont jamais été aussi importants, et leur marge de manœuvre jamais aussi faible, sur la toile de fond de la crise aiguë de la dette.

 

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Article

Ce que Ignazio Cassis n’a pas voulu dire

14.04.2023, Financement du développement

Le ministre des Affaires étrangères Ignazio Cassis a informé sur la stratégie de financement à moyen terme pour le soutien à l'Ukraine. Mais il a renoncé à donner des explications sur l'origine des fonds. Nous expliquons ce qu’il n'a pas voulu dire.

Laura Ebneter
Laura Ebneter

Experte en coopération internationale

Ce que Ignazio Cassis n’a pas voulu dire

© Stephan Poost / pixelio.de

Lors des réunions de printemps du Fonds monétaire international (FMI) et de la Banque mondiale à Washington, le Conseiller fédéral Cassis a accordé une interview à l'émission « Echo der Zeit » de la radio SRF le 13 avril. Il a souligné le soutien à long terme à l'Ukraine tout en promettant que les fonds destinés à la lutte contre la pauvreté dans le Sud resteraient garantis. Ce calcul est-il juste ?

Le Conseiller fédéral Cassis a expliqué que dans un premier temps, « un peu d'argent de la coopération internationale serait placé dans un fonds séparé d'un montant de 1,8 milliard ». Mais comment financer ces 1,8 milliards sans grever le budget de la coopération internationale (CI) ? Selon nos informations, les 1,8 milliards se composent comme suit :

  • 300 millions de francs sont prévus pour 2023-2024 (composés de crédits supplémentaires et du budget courant).
  • On savait déjà que la croissance nominale prévue des dépenses de la CI 2025-2028 (+2,5%/an) serait réservée à la reconstruction de l'Ukraine, ce qui représente environ 650 millions de francs.
  • Il manque donc 850 millions de francs, qui seront à la charge du budget de la coopération internationale 2025-2028.

Mais ce budget a déjà été gelé dans le cadre des valeurs de référence pour les arrêtes financiers pluriannuels (précisément parce que la croissance nominale est entièrement utilisée pour l'Ukraine), et en termes réels, il va donc diminuer dans le contexte actuel d'inflation. On pourrait certes argumenter qu'avant la guerre, l'argent de la coopération internationale était déjà utilisé pour l'Ukraine dans le cadre de la « coopération au développement avec l'Europe de l'Est » et qu'il n'est donc pas nécessaire de réaffecter autant d'argent. Mais en moyenne sur quatre ans, cela ne représentait que 33 millions de francs par an jusqu'en 2021, il manque donc encore plus de 700 millions.

Peut-on donc, comme le dit le Conseiller fédéral Cassis, « maintenir la somme totale pour les programmes normaux de lutte contre la pauvreté et de développement durable » ? Non, cette déclaration masque le fait que les priorités au sein de la coopération internationale doivent être redéfinies afin d'économiser 700 millions et que la solidarité avec l'Ukraine se fait au détriment de celle avec d'autres pays. Des pays du Sud qui continuent à souffrir des effets de la crise du coronavirus, de la hausse des prix des denrées alimentaires et de l'énergie et qui sont de plus en plus touchés par la crise climatique.

Alliance Sud demande que l'Ukraine soit généreusement soutenue dans le domaine humanitaire, dans l'accueil des personnes ayant fui en Suisse et dans la reconstruction. Mais ce soutien doit bénéficier d'un financement supplémentaire et ne doit pas se faire au détriment de la lutte globale contre la pauvreté. Au contraire, le financement du développement doit enfin être augmenté.

Medienmitteilung

Politique à court terme – promesses en l’air

12.11.2015, Financement du développement

La Commission des finances du Conseil des Etats approuve des coupes dans le budget de l'aide au développement. Alliance Sud critique les réductions prévues, inacceptables face aux défis globaux actuels.

Politique à court terme – promesses en l’air

© Kurt Michel/pixelio.de

Financement public du développement

Financement public du développement

Alliance Sud s'engage pour une hausse et une définition aussi étroite que possible des dépenses que la Suisse affecte au développement. Elle doit enfin atteindre l'objectif de financement de 0,7 % du revenu national brut adopté il y a plus de 50 ans, sans prendre en compte les coûts internes de l'asile.

De quoi s’agit-il ?

Publikationstyp

De quoi s’agit-il ?

En 1969, le Comité d'aide au développement de l'Organisation de coopéra-tion et de développement économiques (CAD de l'OCDE) a introduit l'indicateur de référence internationalement reconnu du financement public du développement : l’aide publique au développement (APD ; ou Official development assistance, ODA). Depuis lors, le « taux d'APD » sert de référence pour mesurer le volume et la qualité des fonds mis à disposition. Il sert donc de base pour évaluer si les pays donateurs tiennent leurs promesses. Mais de nombreux acteurs, dont Alliance Sud, critiquent le fait que les pays membres de l'OCDE gonflent artificiellement leur financement déclaré du développement par des pratiques comptables douteuses et imaginatives.

Alliance Sud s'engage pour que la Suisse respecte enfin l'objectif de l'ONU de 0,7 % du revenu national brut adopté il y a plus de 50 ans, sans imputer les dépenses restant à l'intérieur du pays tels les frais d'asile. Au sein de l’OCDE, elle s'engage en outre pour une définition aussi étroite que pos-sible des dépenses de développement.

Communiqué

Mise à genoux de la coopération internationale

10.03.2023, Financement du développement

Le Conseil fédéral a communiqué aujourd'hui les valeurs de référence relatives aux arrêtés financiers pluriannuels. Pour la coopération internationale, cela entraîne une réduction potentiellement dramatique.

Mise à genoux de la coopération internationale

© siepmannH / pixelio.de

Le Conseil fédéral a communiqué aujourd'hui les valeurs de référence relatives aux arrêtés finan­ciers pluriannuels. Pour la coopération internationale, il parle d'un taux de croissance de 2,5 %, mais en termes nominaux. Dans le contexte d'inflation actuel, cela entraîne une réduction potentiellement dramatique. Il fixe par ailleurs un plafond de 10,6 milliards de francs pour la période 2025 – 2028, ce qui est nettement inférieur aux 11,25 milliards prévus dans la planification financière pour 2021 – 2024.

Mais ça ne s’arrête pas là ; le Conseil fédéral veut utiliser la « croissance (fictive) des dépenses de la coopération internationale à partir de 2025 » pour la reconstruction de l'Ukraine (650 millions cu­mulés). Au total, cela conduirait à une catastrophique mise à genoux de la coopération internatio­nale de la Suisse.

Pour Alliance Sud, il est clair que la Suisse, en tant que pays hautement globalisé, dépend d'un monde stable et sûr. Le terrorisme, la violence et l'instabilité politique prospèrent surtout dans les pays fragiles où l'État n'est plus en mesure d'assumer ses tâches essentielles comme l'éducation et la santé. Et là où les États occidentaux se retirent, des autocraties comme la Russie ou la Chine comblent le vide. Une coopération au développement efficace est donc dans l'intérêt même de la Suisse en matière de politique économique et de sécurité.

« Le changement climatique et les conflits qui l'accompagnent mettent en péril de nombreux succès de développement de ces dernières années. C'est pourquoi nous devons renforcer notre solidarité et non pas tailler en pièces la coopération au développement efficace de la Suisse », déclare Andreas Missbach, directeur d'Alliance Sud. Il convient d'augmenter les budgets de la coopération au développement pour atteindre l'objectif de l'ONU, réaffirmé à plusieurs reprises par la Suisse, de 0,7 % du revenu national brut d’ici 2028, et ce sans inclure les coûts de l'asile, comme c'était le cas jusqu'à présent, ni l'aide à l'Ukraine, également nécessaire et urgente. « Toute réduction des fonds destinés à la coopération au développement serait désastreuse dans la situation géopolitique actuelle, avec des conséquences insoupçonnées pour la Suisse », conclut Andreas Missbach.

Plus d’informations :

Andreas Missbach, directeur, tél. +41 79 847 86 48, e-mail : andreas.missbach@alliancesud.ch

Dans des textes récents, Alliance Sud montre que la marge de manœuvre financière de la Suisse est nettement plus importante que ne le prétend le Conseil fédéral et analyse le dysfonctionnement du frein à l'endettement.

Article

Conseil fédéral fait fi de la vox populi

16.03.2023, Financement du développement

Alors qu’en février le Conseil fédéral annonçait des coupes dans le budget de la coopération internationale (2% en 2024), 65% des Suissesses et des Suisses veulent exactement le contraire.

Marco Fähndrich
Marco Fähndrich

Responsable de la communication et des médias

Conseil fédéral fait fi de la vox populi

© NADEL - Center for Development and Cooperation

Comme le montre un nouveau sondage représentatif du Centre pour le développement et la coopération de l'EPF de Zurich (NADEL ; Swiss Panel Global Cooperation), 86% des personnes interrogées souhaitent augmenter les dépenses consacrées à la coopération internationale (CI) ou les laisser inchangées. La plupart des sondés surestiment toutefois le niveau actuel de ces dépenses ; informés de leur niveau réel (inférieur), 65% sont favorables à une consolidation de la CI.

L'inquiétude concernant la pauvreté dans le monde reste également vive et augmente avec un meilleur niveau d'information, passant de 65% à 73%, indépendamment de facteurs sociodémographiques. Le sondage du NADEL confirme une fois de plus l'importance de l'information sur les thématiques mondiales — et la nécessité de faire pression sur le Conseil fédéral et le Parlement pour qu'ils renforcent enfin la solidarité plutôt que l'armée.

L’enquête balaie aussi l’idée selon laquelle les divergences d'opinion sur le rôle que la Suisse doit jouer dans la coopération internationale se situent le long de quelconques « fossés » sociodémographiques : entre jeunes et vieux, entre hauts ou bas revenus, femmes et hommes, villes et campagnes. Le seul facteur significatif est la position politique. Néanmoins, les divers partis politiques soutiennent également largement la coopération internationale : selon l'étude « Sécurité 2023 » de l’EPFZ, la population de toute la Suisse, de la gauche à la droite, est d'avis que la Suisse devrait renforcer son aide au développement.

Au vu de ces sondages, les partis gouvernementaux seraient particulièrement bien avisés, en cette année électorale, de prendre la vox populi au sérieux et de ne plus faire de la politique en ignorant le peuple. La coopération internationale permet certes rarement de gagner des élections, mais pour la sécurité humaine partout dans le monde, il n'y a pas vraiment d'autre choix.

Pour tous les détails de l'enquête du NADEL : https://nadel.ethz.ch/swiss-panel/survey-results-2022.html

Notre communiqué de presse sur l’étude «Sécurité 2023» figure ici.

Communiqué

Un franc sur quatre reste en Suisse

12.04.2023, Financement du développement

Selon les chiffres publiés aujourd'hui par le Comité d'aide au développement de l'OCDE, les dépenses publiques de développement de la Suisse sont passées de 0,5% à 0.56% du revenu national brut (RNB) en 2022. Ce n’est qu’une illusion ; en réalité, la Suisse manque largement l'objectif de 0,7% convenu au niveau international et visant à réduire la pauvreté et les inégalités dans le Sud global. En effet, sans inclure les coûts de l'asile restant dans le pays, la contribution suisse recule considérablement, passant de 0,45 à 0,40% du RNB.

Un franc sur quatre reste en Suisse

Le monde est en pleine crise — crise climatique, crise du coronavirus, crise de la dette et guerre d'agression contre l'Ukraine, qui fait grimper en flèche les prix des denrées alimentaires et de l'énergie en de nombreux endroits. Ces crises à répétition ont d’énormes incidences négatives dans les pays les plus pauvres du monde : elles vont de pair avec davantage de pauvreté, de famines et, en fin de compte, de troubles politiques, de fragilité et de violence. Autant de raisons d'accroître le financement public du développement — l'aide publique au développement (APD) comme dit l'OCDE — et de renforcer ainsi la solidarité internationale.

L'augmentation de l'APD suisse est uniquement due aux coûts d'hébergement des réfugiés ukrainiens en Suisse, qui peuvent être paradoxalement imputés à l’APD. En 2022, ils représentaient 28% des dépenses de développement de la Suisse. Ces fonds sont certes utilisés pour la protection des personnes à l’intérieur de nos frontières, mais ils n'ont aucun effet sur la politique de développement et ne contribuent pas à réduire la pauvreté et les inégalités dans le Sud global.

En comparaison internationale, la Suisse reste à une médiocre dixième place, derrière le Luxembourg, la Suède, la Norvège, l'Allemagne, le Danemark, les Pays-Bas, la France, la Finlande et le Belgique.

Renforcer le soutien à l'Ukraine — mais pas au détriment du Sud global

De nombreuses organisations internationales de la société civile s'inquiètent de la manière dont les priorités urgentes de financement du développement et de l'aide humanitaire pour d'autres pays sont affectées par le soutien à l'Ukraine. « Les fonds destinés à la reconstruction de l'Ukraine doivent être revus substantiellement à la hausse, mais sans nuire aux projets et programmes existants dans le Sud mondial. Sinon, ce sont les pays pauvres qui paieront indirectement la facture du soutien à l'Ukraine. En lieu et place, la Suisse doit enfin apporter une contribution appropriée à la lutte contre la pauvreté et au développement durable. Et ce, en termes réels et pas uniquement en jouant sur les chiffres », affirme Andreas Missbach, directeur d'Alliance Sud.

Complément d’information:

Andreas Missbach, directeur d’Alliance Sud, tél. +41 31 390 93 30, andreas.missbach@alliancesud.ch

Laura Ebneter, responsable de la coopération internationale chez Alliance Sud, tél. +41 31 390 93 32, laura.ebneter@alliancesud.ch

Voir également les raisons pour lesquelles d’importants investissements publics dans une Suisse sociale, durable et solidaire peuvent être réalisés sans problème.a

Communiqué

Sommet financier à Paris

19.06.2023, Financement du développement

Le président français organise cette semaine une table ronde à huis clos sur un financement renforcé du développement durable dans le Sud global. La plupart des propositions formulées ne remédient qu’aux symptômes.

Sommet financier à Paris

Les 22 et 23 juin 2023, la France organise un Sommet pour un nouveau pacte financier mondial à Paris. Principalement à huis clos, les cheffes et chefs d'État et de gouvernement discuteront avec les représentant-e-s des acteurs financiers d'un financement renforcé du développement durable dans le Sud global. Des réformes qui rendraient le système financier réellement plus équitable ne seront toutefois pas lancées — pas même par la Suisse, qui prend également part au sommet.

Personne ne doute que les multiples crises dans le Sud mondial sapent les avancées en matière de développement durable et que les ressources financières font défaut en maints endroits. Le dernier rapport mondial sur le climat a de surcroît clairement établi que les coûts de la crise climatique augmentent beaucoup plus rapidement que les moyens financiers disponibles pour y faire face.

Le président français Emmanuel Macron organise cette semaine une table ronde à huis clos entre cheffes et chefs d'État, une rencontre qui pourrait préfigurer des décisions multilatérales de grande portée lors des prochains sommets : le G20, la conférence d’examen à mi-parcours de l'ONU sur l'Agenda 2030 et la conférence 2023 sur les changements climatiques (COP28). L'accent sera mis sur le développement du financement privé pour une transition verte. Mais il s'agira aussi d'échanger des idées sur une meilleure protection des États particulièrement vulnérables contre les répercussions négatives de la crise climatique et sur de nouveaux instruments de financement pour couvrir les préjudices climatiques.

La plupart des propositions formulées ne remédient qu’aux symptômes : le problème n’est pas qu’il manque d’argent dans le monde pour davantage de développement durable ; le bât blesse plutôt parce qu’il est très mal réparti. Lors du sommet de Macron, une véritable réforme du système financier mondial, qui pourrait rendre ce dernier plus équitable, restera l’absent de marque : « Alors que la crise de la dette dans le Sud global ne cesse de s'aggraver, le sommet politique ne met qu’un emplâtre sur une jambe de bois. Les vraies questions ne sont pas abordées : quid de la transparence des créanciers, de la redistribution des ressources financières du Nord vers le Sud et — inévitablement — de l'annulation de la dette », commente Andreas Missbach, directeur d'Alliance Sud, le centre de compétence pour la coopération internationale et la politique de développement.

Quel est le rôle de la Suisse ?

Alliance Sud suit les débats internationaux actuels sur ces thèmes et constate que la Suisse officielle jubile et se tait. Financièrement, elle profite en effet du fait que les grands groupes d’entreprises continuent de transférer leurs bénéfices des pays de production vers les cantons helvétiques fiscalement cléments. Elle ne consacre que 0,4% de son revenu national brut à sa coopération internationale au lieu des 0,7% promis. Malgré son économie très mondialisée, elle nie toute responsabilité pour les émissions des biens importés confectionnés hors de ses frontières et ne veut pas voir les émissions générées à l'étranger par sa place financière et son négoce des matières premières. Elle minimise donc sa responsabilité dans le financement climatique tout en se vantant de sa générosité. Et Andreas Missbach de conclure : « La Suisse faire preuve d’opportunisme alors qu'elle pourrait, vu l’ampleur de sa place financière et vu qu’elle accueille de nombreux grands groupes, prendre les commandes, faire avancer le tournant vert et un système fiscal équitable et faire preuve de davantage de transparence. »

Pour une évaluation plus détaillée et des informations de fond plus complètes sur les thèmes discutés lors du sommet, veuillez consulter nos nouvelles fiches d'information :

Pour plus d’informations :

Andreas Missbach, directeur d’Alliance Sud, tél. +4131 390 93 30, andreas.missbach@alliancesud.ch

Laurent Matile, expert Entreprises et développement, Alliance Sud, tél. +4122 901 14 81, laurent.matile@alliancesud.ch

Delia Berner, experte en politique climatique internationale, Alliance Sud, tél. +4177 432 57 46, delia.berner@alliancesud.ch

Dominik Gross, expert en politique financière et fiscale, Alliance Sud, tél. +4178 838 40 79, dominik.gross@alliancesud.ch